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2001 à juin 2004


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- Soignés ailleurs -

Les interminables listes d’attente. Un vrai cauchemar pour ceux qui souffrent en attendant une opération au dos, à la hanche ou au genou. Au Canada, selon la compilation annuelle de l’Institut Fraser, le temps moyen d’attente entre le diagnostic et le traitement est passé, de 1993 à 2005, de 9,3 semaines à 17,7 semaines, toutes spécialités confondues. C’est pire en chirurgie orthopédique, où le temps d’attente est passé de 19 semaines à 40, et même 50 dans les provinces de l’Ouest.

Pourquoi faut-il attendre si longtemps pour une chirurgie? Un manque de fonds et, surtout, une pénurie d’effectifs, nous dit-on. On manque cruellement d’infirmières, d’anesthésistes, et de professionnels pour faire plus de chirurgies.

Court-circuiter les listes d’attente

Nicolas Duval
Dans ce reportage, on nous parle notamment d’une pratique méconnue du public. Des patients d’autres provinces ou des États-Unis se font opérer dans nos hôpitaux sans avoir à faire la queue, grâce à leurs dollars. Ils court-circuitent les listes d’attente.

C’est un sujet tabou. Mais des médecins ont confirmé à l’équipe d’Enjeux que plusieurs hôpitaux traitent des patients d’ailleurs en priorité, contre argent sonnant. Une pratique légale. Mais est-elle morale?

Du public au privé

Des milliers de Canadiens, fatigués d’attendre, délaissent, chaque année, le système de santé public. Certains choisissent de se faire soigner dans une clinique privée d’ici.

C’est ce qu’a fait André Payer. Dans le système public, il lui aurait fallu attendre deux ans, dans la douleur, pour avoir un nouveau genou. Dans une clinique privée de Montréal, tout était réglé en un mois. Son nouveau genou lui a coûté 12 650 $. Notre équipe a rencontré cet homme et son chirurgien, le Dr Nicolas Duval. Ce dernier a fondé, en 2002 à Montréal, une clinique privée dédiée à la chirurgie orthopédique.

André Payer
Le Dr Duval a quitté le système public justement à cause des listes d’attente. Comme chirurgien, dans un hôpital public, il n’avait droit qu’à une seule journée d’opérations par semaine. Ainsi, ses patients devaient attendre jusqu’à un an et demi pour subir une chirurgie. Une journée d’opérations par semaine, c’est trop peu, confirme un autre chirurgien, le Dr Pierre Ranger, qui, lui, travaille toujours dans le public.

Le tourisme médical

Des milliers d’autres choisissent de se faire soigner à l’étranger, attirés par les bas prix et la qualité du service. L’équipe d’Enjeux s’est rendue à l’hôpital Apollo, à New Delhi, en Inde. Le nec plus ultra des hôpitaux. Cet établissement de 700 lits a obtenu la certification en vigueur aux États-Unis. La moitié des médecins ont été formés en sol américain. On y trouve 50 spécialités, de la chirurgie plastique à la transplantation de moelle osseuse. On peut y obtenir, rapidement, des soins de bonne qualité en payant beaucoup moins cher. Aruna Thurairajan, une Canadienne d’origine sri-lankaise, y a subi une opération au dos. Aux États-Unis, une telle intervention lui aurait coûté au moins 60 000 $US. Dans cet hôpital, elle a payé 3000 $CA.

L'hôpital Bumrungrad International
Mais l’Inde, ce n’est quand même pas le paradis. Le pays a un système juridique qui pourrait rebuter un étranger souhaitant poursuivre un médecin pour faute professionnelle.

Notre équipe s’est aussi rendue à un autre hôpital qui attire les patients canadiens: le Bumrungrad International, à Bangkok, en Thaïlande. L’an dernier, environ 6000 Canadiens y ont été traités. On y trouve 19 salles d’opération, fonctionnant 24 heures sur 24, les équipements les plus modernes, 600 médecins, 3000 employés, dont 85 interprètes parlant les principales langues de la planète. Quand les travaux d’agrandissement seront terminés, l’été prochain, la capacité de cet hôpital va doubler. Encore là, des soins de qualité, au quart des prix offerts aux États-Unis.

Des leçons pour nous

Au Canada, il faut s’attendre à une pression de plus en plus forte sur le système public de santé. La population est vieillissante et, en parallèle, les hôpitaux se vident de leur personnel. Comment faire face à la demande croissante?

Va-t-on vers une plus grande ouverture au privé? Faut-il permettre aux médecins de travailler à la fois au public et au privé, comme cela se fait en France? Là-bas, la majorité des opérations se fait dans des cliniques privées, où les structures sont moins lourdes que dans les hôpitaux. Des opérations remboursées, la plupart du temps, par le régime public.

Le recours au privé existe déjà en Alberta. Le gouvernement albertain couvre, par exemple, les chirurgies orthopédiques faites en clinique privée. Il va même jusqu’à rembourser certains soins obtenus à l’étranger.

Ou alors, les patients seront-ils de plus en plus nombreux à décrocher du système, pour se faire soigner, à leurs frais, dans une clinique d’ici ou à l’étranger? Et ce phénomène du tourisme médical est-il un constat d’échec de notre système de santé?

Une enquête du journaliste Guy Gendron et du réalisateur Georges Amar.



 [Regardez le reportage (1re partie)]

 [Regardez le reportage (2e partie)]

 [Regardez le reportage (3e partie)]

 [Regardez le reportage (4e partie)]

Hyperliens
« Des hôpitaux publics priorisent des patients de l'extérieur : qu'en pensez-vous? »
Sujet traité à Maisonneuve en direct - 16 janvier 2006

Rapport sur les listes d'attente dans les hôpitaux canadiens en 2005
Institut Fraser (en anglais)

« Medical tourism: Need surgery, will travel »
Dossier de CBC News

Santé: brèche dans le système public
Un dossier de Radio-Canada.ca



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