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- Césariennes sur demande -
La césarienne pour éviter d’accoucher, sans raison médicale? En principe, au Canada, ça ne se fait pas. Aux États-Unis, les césariennes sur demande représentent déjà 2 % des naissances. En Italie, 4 %. Chez nous, c'est une tendance émergente, et les médecins commencent à le reconnaître.

En popularité croissante¸

Sylvie Parent
Des femmes, comme Lise Labelle et Sylvie Parent, réclament le droit à la césarienne de convenance. Elles ont en commun la peur de l’accouchement. Sylvie Parent n’a jamais oublié un film sur l’accouchement qu’elle a vu à l’école secondaire:  « On voyait tout, on a vu quand le bébé s'est mis à sortir, on a vu quand ça a déchiré, ça s'est mis à saigner, et la femme se lamentait […] c'était vraiment traumatisant ». Sylvie Parent: « Je savais qu'il y avait un moyen pour que ce soit plus facile pour tout le monde, plus facile pour la femme, pour le bébé et même pour le personnel médical. C'est plus facile, ça se passe telle journée à telle heure, ça dure une heure ».

Rien n'empêche vraiment un médecin de pratiquer une césarienne sur demande. Mais cette pratique est clairement condamnée par la Société des obstétriciens-gynécologues du Canada. Que fait le médecin si une patiente, informée des risques, insiste pour avoir une césarienne de convenance? Accepterait-il de réaliser l’opération? L’équipe d’Enjeux a posé la question à 10 % des obstétriciens québécois, dans toutes les régions de la province. Les résultats de ce sondage sont troublants, comme vous le constaterez en regardant le reportage.

Louise Duperron
Louise Duperron est une des rares médecins, au Québec, à admettre publiquement qu’elle fait des césariennes sans raison médicale d’ordre physique: « Avoir peur de la douleur au point de ne pas pouvoir s'attacher à son enfant, ça devient une raison quand même médicale - psychologique, mais quand même médicale. […] Si tu as une peur morbide de la douleur, si tu n’es pas bien dans l'accouchement et que pour toi c'est sécurisant la césarienne, que tu en as discuté, que tu es consciente, que tu as vu tous les intervenants, pourquoi n’as-tu pas le choix? »

Contre la césarienne sur demande

Si le Québec compte une militante anticésarienne, la voici: Hélène Vadeboncoeur, auteure et chercheuse en périnatalité. Elle vient de terminer sa thèse de doctorat sur l'humanisation de la naissance. Hélène Vadeboncoeur déplore la paranoïa qui entoure les grossesses d'aujourd'hui. C'est ce qu'elle appelle la culture du risque: « Pour moi, une césarienne c'est une opération. Qu'on ne vienne jamais me dire qu'il y a moins de risque avec une opération qu'en laissant (faire) quelque chose qui se fait depuis des millions d'années puis qui a assuré la survie de l'humanité. »

Hélène Vadeboncoeur et Myriam Szejer

Lors d’un récent passage à Montréal, l’auteure et pédopsychiatre française Myriam Szejer a dénoncé la césarienne de convenance. Elle croit d’abord que c’est une violence faite à l’enfant. Elle croit que c’est aussi une question de contrôle: « Les femmes ont gagné la liberté de travailler, de gagner des sous, de diriger, de faire toutes de choses qu'elles font depuis très peu de temps. Chez certaines femmes qui ont beaucoup de responsabilités […] il y a aussi le fantasme qu'elles vont aussi contrôler ça (l’accouchement) ».

Au royaume de la césarienne

L’enquête de notre équipe l’a menée jusqu’au Brésil, un pays où la césarienne sur demande est chose courante chez les gens aisés. Nous avons visité des cliniques privées. Nous avons constaté que la grande majorité des patientes y donnent naissance par césarienne. Leurs médecins les y poussent fortement. Les raisons invoquées: l’accouchement est trop risqué et il déforme le corps de la femme.

De gauche à droite: Kleyde Ventura, Ricardo Jones, Halina, une architecte brésilienne qui veut accoucher par césarienne, et Carlos Pollastri, un médecin qui prône la césarienne de convenance

Ainsi, s’est installée dans ce pays une véritable culture de la césarienne. Une démesure que certains combattent, comme l'infirmière Kleyde Ventura qui, depuis des années, tente de convaincre ses compatriotes de revenir vers l'accouchement. Elle dénonce le pouvoir trop grand des médecins sur les femmes. Elle constate que cette mode chez les riches devient maintenant une aspiration du Brésil pauvre. Quelques médecins résistent aussi à la césarienne élective, comme le docteur Ricardo Jones, qui pratique à Porto Alegre, dans l'extrême sud du pays. Nous l’avons rencontré.

Au cœur du débat

Le débat sur la césarienne sur demande est universel et il oppose deux visions du féminisme: il y a celles qui réclament le droit de disposer de leur corps et celles qui croient au caractère uniquement féminin de l’accouchement. La souffrance est au cœur du débat sur la césarienne de convenance: est-elle une torture inutile ou une douleur pleine de sens? Où exactement se situe la limite du choix personnel? La césarienne élective est-elle un droit? Est-ce éthiquement acceptable? Comment la césarienne sur demande risque-t-elle d’affecter notre système de santé? Qui devrait payer pour une césarienne de convenance? Doit-on dire oui à la césarienne sur demande? Enjeux a fait enquête.

Journaliste: Pasquale Turbide
Réalisatrice: Lucie Payeur


Le reportage est suivi d’une entrevue avec Michèle Asselin, présidente de la Fédération des femmes du Québec.



 [Regardez le reportage (1e partie)]

 [Regardez le reportage (2e partie)]

 [Regardez le reportage (3e partie)]

 [Regardez l'entrevue avec Michèle Asselin]

Hyperliens
Position de la SOGC au sujet des césariennes de convenance
Communiqué de la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada - mars 2004

Le site du Regroupement Naissance-Renaissance
Groupe de pression pour l'humanisation de la naissance

« La césarienne sur demande, une manifestation de la culture de la peur? »
Analyse publiée dans Le médecin du Québec, volume 40, numéro 7, juillet 2005



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