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L'agriculture dans la mire... En ratifiant en décembre dernier le protocole de Kyoto, le gouvernement canadien a fait la promesse d'émettre moins de gaz à effet de serre. Le milieu agricole est une grande source d'émission de gaz à effet de serre. Bien que les agriculteurs soient en partie responsables, ils sont sans doute les premiers à être victimes des changements climatiques «L'agriculture produit entre dix et treize pour cent des émissions totales de gaz à effet de serre, et ce, aussi bien à l'échelle nationale que mondiale.» Philippe Rochette, chercheur scientifique en agrométéorologie «L'agriculture produit très peu de gaz carbonique. Par contre, elle produit des quantités importantes de deux gaz à effet de serre secondaire : le méthane et le protoxyde d'azote.» Philippe Rochette Le protoxyde d'azote sort du sol. Le méthane sort des fosses à lisier et de la bouche des ruminants. Le dioxyde de carbone, quant à lui, sort des tracteurs et des systèmes de chauffage. Bien que l'on sache que le milieu agricole émet des gaz à effet de serre, aucun producteur ne sait exactement ce que sa ferme émet. En revanche, réduire les gaz n'est pas si sorcier. Plusieurs
méthodes sont déjà connues et d'autres sont à
mettre au point.
Le dioxyde de carbone Deux stratégies sont possibles avec le dioxyde de carbone : en émettre moins ou en absorber plus. Gabriel Beauregard est producteur de tomates en serre. Au départ, sa préoccupation n'était pas l'émission de gaz à effet de serre mais l'économie d'énergie. «Dans mes vieilles serres, il y avait une quantité importante d'énergie qui se perdait. En mettant de l'isolant, j'ai sauvé de l'énergie les jours où il fallait ajouter du chauffage.» Gabriel Beauregard Sa solution : un mur opaque et bien isolé du côté nord et les autres murs isolés jusqu'à hauteur de deux mètres. Réduire le travail du sol a le même impact : moins on se sert du tracteur, moins on consomme de pétrole. Autre solution : les plantes, qui captent le dioxyde de carbone dans
l'air en se développant. On peut stocker le carbone des plantes
dans le sol, tout simplement en retournant au champ le maximum de résidus
de culture. Le protoxyde d'azote... Les plantes se nourrissent d'azote. Le problème, c'est qu'un surplus d'azote dans le sol nourrit des micro-organismes qui produisent du protoxyde d'azote. Pour les producteurs, des engrais minéraux améliorés
pourraient bientôt permettre de réduire les émissions
de protoxyde d'azote en donnant à la plante ce dont elle a besoin
de façon plus graduelle. Le méthane... Les ruminants émettent beaucoup de méthane. «Le méthane provient de la fermentation des aliments qui a lieu dans le rumen de la vache. Et il sort de la vache par la bouche principalement, dans un rot.» Johanne Chiquette, chercheure en nutrition des ruminants Pour optimiser la digestion des aliments, on cherche la meilleure ration, la meilleure fréquence d'alimentation, le meilleur mélange grains et fourrage. «L'alimentation, on l'espère, va diminuer les émissions de méthane. Le méthane, c'est une perte énergétique pour l'animal. C'est un déchet. En améliorant la digestion des aliments, on diminue ces pertes.» Johanne Chiquette Mesurer le niveau d'émission des gaz à effet de serre à la ferme, c'est comme mesurer les pertes énergétiques de la ferme. Réduire les gaz, c'est donc réduire les pertes. On peut donc penser que les producteurs agricoles auront tout avantage, à long terme, à se conformer aux exigences de Kyoto.
HYPERLIENS Economic Analysis of
U.S. Agriculture and the Kyoto Protocol (pdf) Impact of the
Kyoto Protocol on Agriculture |