Fermiers et banquiers
Reporter réalisateur :
Jacques Giguère (Moncton)
16 février 2003

Afin d'éviter que les terres des émigrants ne soient achetées par les protestants, le père Belcourt créa une union des habitants les plus aisés pour former une caisse de bienfaisance.


Naissance d'une Banque

Au XIXe siècle, les fermiers étaient pauvres et l'argent se faisait rare. Il était impossible d'emprunter à une banque.

«M. et Mme tout le monde ne pouvaient pas aller à une banque pour emprunter de l'argent. Les banques étaient réservées aux gens d'affaires et de la ville. Les petits fermiers n'avaient pas accès à des prêts bancaires.» Georges Arsenault, historien

Cette situation précaire des fermiers demeura jusqu'à l'arrivée du père Georges Antoine Belcourt. «Il s'est rendu compte que des 350 familles acadiennes qui vivaient ici, la plupart étaient des fermiers. Ils vivaient sur des petites terres et beaucoup d'entre eux étaient endettés.» Georges Arsenault

Afin d'éviter que les terres des émigrants ne soient achetées par les protestants, le père Belcourt créa une union des habitants les plus aisés pour former une caisse de bienfaisance.

Ainsi, ceux qui voulaient acheter les terres de leurs voisins pouvaient emprunter à intérêt de 6% à un terme suffisant pour s'acquitter.

Cette union pris la forme d'une banque populaire et fut appelée la Banque des fermiers de Rustico.

«La banque a donc été formée par des fermiers de Rustico. Ce sont eux qui ont géré la banque. Elle a existé de 1864 à 1894.» Georges Arsenault

Pendant 30 ans, la banque fut au coeur de la vie des fermiers, en incluant l'esprit d'épargne et d'économie aux fermiers acadiens.

«La banque aidait aux fermiers à acheter leurs semences au printemps, à acheter la terre ou à maintenir ce qu'ils avaient.» Georges Arsenault

«Des gens pensent que lorsque Desjardins a fondé son mouvement des caisses populaires, il s'est inspiré de cette banque du peuple.»
Georges Arsenault


La fin de la Banque...

En 1867, la création de la Confédération canadienne remettra en cause l'existence de la Banque des fermiers.

«L'Île-du-Prince-Édouard s'est jointe à la Confédération canadienne en 1873 seulement. Dans le nouveau pays, il y avait une loi bancaire. Pour établir une banque et la maintenir au Canada, il fallait avoir un capital de 500 000$ dollars. La banque de Rustico n'avait pas ça, loin de là.» Georges Arsenault

«Avec des pétitions pour maintenir la charte, on a tout de même réussi à la faire renouveler à quelques reprises. Mais en 1894, il n'y a pas eu de renouvellement. » Georges Arsenault

Source d'inspiration...

«Des gens pensent que lorsque Desjardins a fondé son mouvement des caisses populaires, il s'est inspiré de cette banque du peuple.» Georges Arsenault

L'édifice de la Banque des fermiers de Rustico a été déclaré monument historique national en 1971.

 




HYPERLIENS

Banque des fermiers de Rustico

Rustico

La première caisse populaire acadienne (1936)




La suite des événements...

 

Après la fermeture de la Banque des fermiers de Rustico,vers la fin du 19e siècle, il fut fondé des banques de semences.

Nacquit en 1930 la coopérative des Pêcheurs unis des Maritimes.

Vers la même époque nacquit au Nouveau-Brunswick des asociations de pêcheurs.

Les années trente furent une période difficile: c'était la «crise». D'un autre côté, les régions acadiennes, peu importe la conjoncture économique, firent face à des difficultés qui leur était particulières.

L'impulsion pour que le peuple se prît davantage en mains vint en bonne partie de ce qu'il est convenu d'appeler le «Mouvement d'Antigonish».

À l'Université St-Francis-Xavier, deux prêtres se faisaient les promoteurs de l'idée que la coopération était essentielle pour arriver à éloigner le spectre de la misère auquel le peuple était confronté quotidiennement.

Au Nouveau-Brunswick, ce fut surtout le père Livain Chiasson, curé de Shippagan qui, au début, épaula cette philosophie en s'en faisant le propagandiste.

Ayant suivi avec d'autres Acadiens des cours de leadership à Antigonish, le père Chiasson mit sur pied une équipe pour organiser des «cercles d'études», formule inspirée du mouvement d'Antigonish.

Les gens pouvaient y analyser leurs problèmes et tenter d'y apporter des solutions.

Ce fut en 1936 que la première caisse populaire acadienne fut fondée.

L'idée se développa rapidement: il y avait 29 caisses dès 1938, 78 en 1945 et 91 en 1972.

 

Source:
La première caisse populaire acadienne

 

Visionnez notre reportage «Fermiers et banquiers».