|
Les côtes des Maritimes subissent l'assaut incessant des vagues depuis des millénaires. Au cours des 100 prochaines années, les scientifiques prévoient une élévation du niveau de la mer de 70 cm. L'érosion qui en découlera suscite l'inquiétude des pêcheurs et des riverains. Réal Daigle et Donald Forbes dirigent un projet de recherche unique au pays. Ils tentent de mesurer l'impact d'une mer plus haute et plus menaçante sur les côtes du sud-est du Nouveau-Brunswick. Pour créer un modèle numérique de la zone côtière, ils utilisent un altimètre laser aérien et une station GPS de localisation par satellite.
En fait, la hausse du niveau de la mer n'est qu'une partie du problème. Les Maritimes s'enfoncent dans la mer à raison de 10 cm par siècle. Il y a 20 000 ans, toute la région atlantique était couverte par les glaciers. Sous leur poids, le centre du continent s'est peu à peu enfoncé, alors que les rives continentales se sont soulevées. Il y a 10 000 ans, les glaciers se sont retirés. Depuis, les côtes changent constamment sous l'effet de l'élévation du niveau de la mer. Il y a 13 000 ans, il y avait, au large de Terre-Neuve, une île aussi grosse que la Nouvelle-Écosse. L'érosion et l'augmentation du niveau de la mer l'ont fait disparaître. Puis, il y a 5000 ans, la mer a envahi une partie du continent, donnant ainsi naissance à l'île du Prince-Édouard.
La preuve la plus évidente de ce changement est la forteresse de Louisbourg, au Cap-Breton. Construite par les Français au début du 18e siècle, Louisbourg accueillait, chaque année, des milliers de bateaux. Lors de fouilles archéologiques, on a découvert les anneaux d'ancrage. En 1743, ils étaient placés au-dessus du niveau des marées hautes afin d'être accessibles en tout temps. Aujourd'hui, ils sont submergés par la marée haute. En fait, les niveaux actuels des marées dépassent de 80 cm ceux consignés au 18e siècle. Depuis des millénaires, les rives des provinces Maritimes se transforment. Mais jamais les infrastructures et les activités humaines n'ont été aussi menacées. Si la hausse du niveau de la mer et l'affaissement du territoire sont inévitables, le travail des chercheurs devrait au moins permettre de mieux évaluer leur impact et d'en prévoir les conséquences.
|