La morue en Islande
Reporter : Bertin Leblanc
Réalisateur : Bernard Laroche
5 octobre 2003

«En Islande, la morue c'est de l'or blanc.»


L'Islande fête la mer...

 

Une fois par année, à la mi-juin, l'Islande s'arrête pour célébrer la mer. Une fête gigantesque pour rappeler à chaque islandais l'importance des eaux froides de l'Atlantique Nord.

Situé à la limite du cercle polaire, l'Islande est une terre aux paysages sans cesse renouvelés. Il y règne une atmosphère de bout du monde.

Depuis la découverte du territoire par les Vikings au Moyen Age, la morue est au coeur de la société islandaise. D'abord comme moyen de subsistance et depuis une cinquantaine d'année comme moteur économique.


La morue : la richesse de l'Islande...

La morue aux yeux des Islandais ce n'est pas seulement de la nourriture c'est une question économique.

C'est l'une des industries de pêche les plus efficaces et les plus rentables au monde. Sur les marchés internationaux, une morue sur trois est désormais islandaise.

Avec des exportations qui frôlent les 2 milliards de dollars par année, l'industrie de la pêche est, de très loin, la principale pourvoyeuse de richesse du pays.

 

Histoire et anecdote...

Si l'Islande est devenue l'un des derniers sanctuaires de la morue, ce n'est pas par hasard. Elle s'est battue pour en arriver là. Une lutte qui commença dès que l'Islande devint indépendante du Danemark.

Le pays entrepris alors de repousser, le plus loin possible de ses côtes, les pêcheurs étrangers. Une politique qui provoqua de vives tensions dans le monde maritime, où l'on considérait que la mer appartenait à tout le monde.

En 1975, le conflit se transforma en véritable bataille navale entre pêcheurs islandais et anglais. Ces derniers refusaient de reconnaître la nouvelle zone d'exclusion de 200 milles, décrétée unilatéralement par le minuscule état nordique. Les affrontements, souvents violents, dureront plusieurs mois.

Les Islandais eurent finalement raison des Britaniques grâce à leur tenacité et surtout à cette invention des garde côtes locaux.

La "tondeuse", comme on la surnomma, permettait aux bâteaux islandais, de cisailler les filets des navires ennemis et du même coup leur faire perdre leur capture et des milliers de dollars.

Aujourd'hui l'arme est jalousement conservée au musée national.


La tondeuse.

 

 

Les quotas...

Situées au point de rencontre du Gulf Stream et des courants arctiques, les côtes islandaises offrent des conditions de vie et de reproduction exceptionnnelles pour de nombreuses espèces, dont la morue.

 

Ce n'est qu'en 1984, que les autorités du pays réagissent et imposent un système de quotas.

Aujourd'hui, les islandais pêchent pratiquement deux fois moins de morue qu'au début des années 80, mais contrairement au Canada, les stocks sont toujours là… et en bon état.

«Les stocks de morues du pays sont en nette progression et les quotas vont augmenter de 10 à 15 pour cent. Au total, les pêcheurs du pays pourront prendre 210 000 tonnes de morue lors de la prochaine saison.»
Johann Sigurjonsson, Institut de Recherches Maritimes d'Islande.

 

L'Islande versus le Canada...

Pendant des décennies, l'Islande et le Canada pêchent à peu de chose près, la même quantité de morues. Au début des années 80, alertée, par la chute de ses stocks, les autorités islandaises imposent à ses pêcheurs d'importantes réductions de quotas.

Au même moment, le Canada, voulant profiter de la nouvelle zone des 200 milles, fait exactement le contraire et augmente considérablement sa capacité de pêche. Cela se traduira par des prises records, suivi de la chute vertigineuse des stocks de morues canadiennes au début des années 90.

Après plusieurs années de stagnation, la morue islandaise semble avoir retrouvée de la vigueur. Les relevés effectués par les scientifiques sont encourageants.

«Les perspectives sont bonnes. Depuis 1998 nous avons des morues en très bonnes santé dans la plupart des groupes d'âge, en particulier les morues de 4 et 5 ans qui seront bientôt pêché. Tout ça après dix années très difficiles. Et ça c'est une très bonne nouvelle. De plus il semble qu'il y ait assez de nourriture dans nos fonds marins, les poissons sont très sains alors ces deux facteurs sont très encourageants en ce qui concerne la morue.»
Johann Sigurjonsson, Institut de Recherches Maritimes d'Islande.

 

L'élevage en captivité...

Depuis une dizaine d'année, les autorités du pays, en partenariat avec l'industrie, développent les techniques pour l'élevage de morues en captivité.

Un travail de longue haleine qui arrive à son terme.

L'élevage de la morue est un processus long et complexe. Il faut à la morue plus de deux ans en bassin, avant d'atteindre la taille nécessaire pour son tranfère en mer. Une fois en milieu naturel, elle mettra encore une année ou deux avant de prendre la direction des marchés.

Maintenant qu'ils maîtrisent les techniques d'élevage, les Islandais espèrent produirent d'ici une dizaine d'année, 20 à 25 000 tonnes de morue par an en aquaculture, soit 10% de leur prise annuelle en mer.

Les pêcheurs islandais ont donc encore de belles années devant eux. Ici, personne ne peut imaginer un seul instant le pays sans morue. Mais le drame vécu par leur collègues canadiens est venue renforcer leur conviction.

 

 


HYPERLIENS

Pêches et Océans Canada

La morue - Agriculture et agroalimentaire Canada


L'économie de l'Islande

On compte 10 % de terres cultivables. Près des côtes s'étendent des landes et des prairies, réservées aux ovins (laine et viande exportées) et aux bovins (produits laitiers). La pomme de terre reste la culture essentielle avec les produits maraîchers en serres.

En fait, toute l'économie islandaise repose sur la pêche: hareng, morue, capelan (deux tiers des prises, très rentables), saumon. Les bancs s'épuisant, les eaux territoriales ont été élargies, mais le cours du poisson augmente de façon constante. Les ports modernes possèdent des huileries, des conserveries, des entrepôts frigorifiques, des fabriques de farine et de salaisons, des chantiers navals, des ateliers pour les filets de pêche. L'industrie du poisson fournit les principaux produits d'exportation (séchés, salés, congelés).

L'hydroélectricité, abondante et bon marché, permet la métallurgie de l'aluminium et l'industrie du ciment. On utilise aussi l'énergie géothermique et les sources d'eau chaude, notamment pour le chauffage urbain.

Malgré une inflation atteignant 25,7 % en 1988 et des troubles sociaux récents, le plein-emploi règne et on importe même de la main-d'œuvre. La balance commerciale accuse un important déficit qui ne peut être enrayé ni par le tourisme ni par les revenus issus de la base militaire de Keflavík, louée aux États-Unis pour son rôle stratégique.

L'Islande fait partie des pays riches du monde.

Source : Yahoo encyclopédie

 

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