La ouananiche... à l'eau !
Reporters :
Errol Duchaine / Aubert Tremblay
Réalisateur : Michel Du Montier
10 août 2003

En 1891, un journaliste du New York Times avait pris 240 ouananiches en trois jours, dont 26 en une heure.


Histoire d'un poisson convoité

Ce n'est pas d'hier que la ouananiche a des problèmes dans le Lac Saint-Jean. Ça fait déjà quelques décennies que sa population diminue et qu'on cherche les causes et les remèdes.

Dans le passé, la ouananiche a nourri abondamment les habitants du Lac Saint-Jean et a fourni aux pêcheurs les plus belles prises.

On raconte qu'au 19e siècle, on en prenait autant qu'on le souhaitait.

En 1888, un riche américain a même fait construire un hôtel de grand luxe de plus de 150 chambres à Roberval afin d'héberger des touristes qui venaient de partout pour pêcher ce saumon d'eau douce.

«Il se prenait une moyenne de 30 ouananiches par demi-journée. Il y a même un journaliste du New York Times, en 1891, qui en avait pris 240 en trois jours, dont 26 en une heure.» Marcel Leblanc, Société d'histoire de Roberval

C'est plus tard que la ouananiche va connaître ses premiers obstacles: les barrages. Ils viennent gruger une partie de son territoire, des dizaines de kilomètres, où le poisson a l'habitude de s'y reproduire. Très vite on remarque une grave diminution de la ouananiche.

À partir des années 1960, on corrige le tir. On aménage des passes migratoires pour leur permettre de regagner ces territoires de fraye.

Malgré cela, les populations continuent de diminuer. Dans les années 1980, ça devient vraiment inquiétant. On pense alors à la surpêche. Le ministère responsable impose donc des limites.

Dans les années 1990, le nombre maximal de prises passe de cinq à deux ouananiches par jour et la saison est écourtée. Elle ne débutera qu'à la fin mai.

Malheureusement, les résultats ne sont pas ceux auxquels on s'attendait. Toutes ces mesures ont peu d'impact sur les stocks. En 1994, on essaie encore une fois de les aider. Toutes les ouananiches de moins de 40 centimètres doivent être rejetées à l'eau.

«Ce qu'on vit actuellement, ce n'est pas un problème de surpêche, mais un problème d'alimentation. Autrement dit, la mortalité par l'alimentation se fait avant que la mortalité se fasse par la pêche. »
Omer Gauthier

 

Le problème n'est pas réglé...

En 1999, l'année est bonne, voire excellente. Mais ça ne dure pas. En 2002, nouvelle saison désastreuse. Il y a peu de prises et les reproducteurs semblent plus rares que jamais. À peine un millier de ouananiches remontent les rivières pour frayer. C'est neuf fois moins que 1998.

«Ce qu'on vit actuellement, ce n'est pas un problème de surpêche, mais un problème d'alimentation. Autrement dit, la mortalité par l'alimentation se fait avant que la mortalité se fasse par la pêche.» Omer Gauthier

Le problème, c'est l'éperlan. Comment faire pour augmenter sa population? On pourrait en ensemencer des millions à chaque saison, mais ce serait coûteux et demanderait des efforts qu'on devrait répéter année après année. Il vaut mieux l'aider à se reproduire. En clair, si on veut sauver la ouananiche, sauvons l'éperlan.

Un des problèmes que rencontre l'éperlan, c'est que ses oeufs sont minuscules et les fonds sablonneux des rivières nuisent à leur survie.

Dernièrement, on a aménagé une frayère sur les bords de la rivière Métabetchouan, à Desbiens au Lac Saint-Jean. Un endroit particulièrement propice à la fraie. Au printemps, on va installer deux incubateurs qui vont déverser des millions de larves d'éperlans.

De plus, toutes les ouananiches que les pêcheurs vont prendre cette année devront être remises à l'eau. On espère ainsi protéger les reproducteurs afin qu'ils puissent remonter en rivière et augmenter leur population.

«Ça nous prend une production minimale en rivière pour que le système puisse redémarrer quand les éperlans vont être plus abondants. On s'est dit que ça ne pouvait plus continuer comme ça parce qu'on aura même plus une production en rivière. » Omer Gauthier, chercheur

Les responsables du programme vont suivre de près la situation et évaluer si une seule saison sans pêcher ce poisson tout en lui garantissant plus de nourriture, ce sera assez pour le sauver de façon durable.


 

 



HYPERLIENS

La ouananiche
Fédération des pourvoyeurs du Québec

Pêche à la ouananiche

Société de la faune et des parcs du Québec

 



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