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Quand François April a décidé d'être son propre patron, la famille a choisi de s'établir à Sainte-Cécile-de-Milton. Là, ils cultivent des plantes vivaces, celles qui perdent leurs feuilles en hiver, mais qui survivent et fleurissent plusieurs années de suite. Or, les vivaces de François April ne se comportent pas normalement. Les premières fleurs n'apparaissent qu'à la date qu'il a choisie. Il pratique le forçage. Très peu d'horticulteurs sont experts en forçage des vivaces. L'intérêt de devancer la date de la floraison est simple: envahir le marché de Pâques et de la fête des Mères avec des plantes en fleurs. Par exemple, dans la nature, la Malva sylvestris zebrina ne fleurit pas avant juin. Mais au début avril, cette malva déjà en fleurs était prête. C'est en Europe que cette pratique a débuté. Puis, l'Amérique a emboîté le pas. L'Institut québécois du développement de l'horticulture ornementale s'en inspire pour conseiller les producteurs. Mais la technique doit être adaptée, et François April en a fait son cheval de bataille. Aujourd'hui, le succès lui sourit, après quatre années d'essais, d'échecs et de corrections. Dans sa serre, les plantes traversent leur hiver. À 0 degré Celsius, la croissance est arrêtée et les bourgeons n'attendent que la chaleur. Dans la nature, c'est le soleil du printemps qui donne le signal de la floraison. Mais ici, comme il existe plusieurs calendriers, la plante ne sortira de son hiver que lorsque François April l'aura décidé. Le printemps a beau être précoce, la croissance de la vivace
va se poursuivre normalement. En ajustant les traitements à la
journée, l'horticulteur l'amènera jusqu'à sa floraison.
Cette année, la vivace forcée est complètement déphasée,
mais l'été prochain, dans le jardin, elle aura tout oublié.
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