Traverse de grenouilles
Journaliste: Josée Vermette
Réalisateur: Jean-Pierre Dussault
2 mai 2004

La «traverse de grenouilles» du lac Brompton, la seule du genre au Canada, a permis de protéger la population d'amphibiens et, par ricochet, tout l'écosystème du marais.


Un soir de mai 1999, une bien curieuse opération se met en branle. Des enfants, munis d'épuisettes, ratissent un marais. Leur mission: sauver les 2000 grenouilles et salamandres qui finissent en bouillie sur la chaussée. La route 220 divise le marais du lac Brompton, le troisième marais en importance de l'Estrie, qui s'étend sur 5 km carrés à l'entrée du Parc national du Mont-Orford. Or, la route 220 se trouve en plein cœur du corridor de migration des amphibiens.

«En 1997, je suis arrivé près du marais et j'ai aperçu des crêpes sur la route! Il y avait des centaines et des centaines de petites grenouilles écrasées. J'en ai parlé à mon épouse, Lucie, et elle m'a dit: "Daniel, tu es biologiste, tu dois faire quelque chose!"»

- Daniel Bergeron, président de l'Association de protection du lac Brompton


Le biologiste, alarmé, se met en tête d'aménager des traverses de grenouilles, comme il en existe en Europe et aux États-Unis. Il veut à tout prix protéger les populations du marais, riche en diversité reptilienne. On y retrouve, entre autres, la rainette crucifère, la salamandre maculée, le crapaud d'Amérique, la grenouille verte, la grenouille du Nord, quelques grenouilles des marais et, même, des tritons.

En octobre 2000, trois tunnels sont aménagés sous la route pour faire traverser les amphibiens sans danger. La solution, jugée farfelue au départ, semble faire ses preuves. Aux premières pluies chaudes du printemps, les grenouilles se précipitent le long des clôtures, pendant que d'autres coassent avec vigueur.

«Dès la première pluie chaude du printemps, les amphibiens vont dévaler la montagne, sortir du boisé pour aller se reproduire. La route 220 sépare le marais de leur lieu d'hibernation, mais dès qu'ils verront la clôture, ils emprunteront les tunnels pour traverser en toute sécurité.»

- Daniel Bergeron, président de l'Association de protection du lac Brompton


Les données compilées par l'Association de protection du lac Brompton le confirment: les amphibiens utilisent efficacement les tunnels, chacun à son rythme. «Ça varie selon les espèces. Par exemple, la salamandre maculée à petits points jaunes traverse rapidement. À peine cinq minutes plus tard, elle est rendue de l'autre côté. Alors que la rainette crucifère a tendance à prendre un peu plus de temps», témoigne Daniel Bergeron. Mais peu importe leur célérité, les espèces sont toutes gagnantes au fil d'arrivée.

«Les amphibiens consomment de petits insectes, les grenouilles sont à leur tour consommées par des poissons ou d'autres prédateurs. Elles ont vraiment un rôle important dans la chaîne alimentaire de tout l'écosystème. Non seulement les amphibiens, mais tout l'habitat est important, le marais lui-même joue un rôle majeur dans l'épuration de l'eau du lac.»

- Daniel Bergeron, président de l'Association de protection du lac Brompton


Des amphibiens en santé sont donc synonymes d'un environnement sain. Comme quoi l'homme a toujours besoin de plus petit que soi!



 

 

HYPERLIEN

Le marais au bout du tunnel
Site gouvernemental