Un soir de mai 1999, une bien curieuse opération se met en branle.
Des enfants, munis d'épuisettes, ratissent un marais. Leur mission:
sauver les 2000 grenouilles et salamandres qui finissent en bouillie sur
la chaussée. La route 220 divise le marais du lac Brompton, le
troisième marais en importance de l'Estrie, qui s'étend
sur 5 km carrés à l'entrée du Parc national du Mont-Orford.
Or, la route 220 se trouve en plein cur du corridor de migration
des amphibiens.
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«En 1997, je suis arrivé près du marais
et j'ai aperçu des crêpes sur la route! Il y avait
des centaines et des centaines de petites grenouilles écrasées.
J'en ai parlé à mon épouse, Lucie, et elle
m'a dit: "Daniel, tu es biologiste, tu dois faire quelque chose!"»
- Daniel Bergeron, président de l'Association
de protection du lac Brompton
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Le
biologiste, alarmé, se met en tête d'aménager des
traverses de grenouilles, comme il en existe en Europe et aux États-Unis.
Il veut à tout prix protéger les populations du marais,
riche en diversité reptilienne. On y retrouve, entre autres, la
rainette crucifère, la salamandre maculée, le crapaud d'Amérique,
la grenouille verte, la grenouille du Nord, quelques grenouilles des marais
et, même, des tritons.
En octobre 2000, trois tunnels sont aménagés sous la route
pour faire traverser les amphibiens sans danger. La solution, jugée
farfelue au départ, semble faire ses preuves. Aux premières
pluies chaudes du printemps, les grenouilles se précipitent le
long des clôtures, pendant que d'autres coassent avec vigueur.
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«Dès la première pluie chaude du printemps,
les amphibiens vont dévaler la montagne, sortir du boisé
pour aller se reproduire. La route 220 sépare le marais de
leur lieu d'hibernation, mais dès qu'ils verront la clôture,
ils emprunteront les tunnels pour traverser en toute sécurité.»
- Daniel Bergeron, président de l'Association
de protection du lac Brompton
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Les données compilées par l'Association de protection du
lac Brompton le confirment: les amphibiens utilisent efficacement les
tunnels, chacun à son rythme. «Ça varie selon les
espèces. Par exemple, la salamandre maculée à petits
points jaunes traverse rapidement. À peine cinq minutes plus tard,
elle est rendue de l'autre côté. Alors que la rainette crucifère
a tendance à prendre un peu plus de temps», témoigne
Daniel Bergeron. Mais peu importe leur célérité,
les espèces sont toutes gagnantes au fil d'arrivée.
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«Les amphibiens consomment de petits insectes, les grenouilles
sont à leur tour consommées par des poissons ou d'autres
prédateurs. Elles ont vraiment un rôle important dans
la chaîne alimentaire de tout l'écosystème.
Non seulement les amphibiens, mais tout l'habitat est important,
le marais lui-même joue un rôle majeur dans l'épuration
de l'eau du lac.»
- Daniel Bergeron, président de l'Association
de protection du lac Brompton
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Des amphibiens en santé sont donc synonymes d'un environnement
sain. Comme quoi l'homme a toujours besoin de plus petit que soi!
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