Le pluvier siffleur : Un oiseau rare... (reprise)
Reporter réalisateur :
Roger Léveillé (Winnipeg)
14 mars 2004

Au Canada, le pluvier siffleur est une espèce en voie de disparition. Bien que l'oiseau soit protégé, son habitat ne l'est pas. Sa situation, déjà fragile, continue de se détériorer...


Petite histoire locale...

D'un côté, il y a un petit oiseau du nom de pluvier siffleur, à peine plus gros qu'un moineau. De l'autre, il y a la plage de Twin Lakes, près du village de Saint-Laurent au Manitoba. Un endroit historique où niche le pluvier siffleur.

Sa situation est fort précaire. Sa population a diminué du quart au cours des années 1990. L'espèce, limitée à l'Amérique du Nord, comptait moins de 6 000 oiseaux au recensement de 2001.

Au Québec, on en compte à peine une centaine. Au Manitoba... une vingtaine seulement.

Le pluvier siffleur est désormais protégé au Canada en tant qu'espèce en voie de disparition.

«Ces oiseaux sont de couleur beige, la même couleur que le sable. Il sont très bien camouflés. Cet oiseau fait son nid directement sur la plage. Pour ces raisons, ils sont en compétition avec les humains et les autres espèces.» Monique Nault, Institut des Ressources naturelles

«Lorsque j'étais enfant, il y avait des pluviers siffleurs partout. Lorsque j'ai vu qu'ils avaient commencé un développement important, j'étais bouleversée. Je ne pouvais pas croire qu'ils avaient fait ça.» Michelle Stanners, résidente


L'humain : le principal prédateur...

Si l'espèce est protégée par des lois fédérales et provinciales, son habitat, hélas, ne l'est pas.

«La loi manitobaine sur les espèces en voie de disparition protège l'oiseau et son nid. Mais elle ne protège ni son habitat, ni, à long terme, les zones traditionnelles de nidification.»

La plage de Twin Lakes côtoie une réserve de la Couronne. À la fin des années 1990, afin d'agrandir la plage de villégiature, le gouvernement provincial a offert d'échanger les terres de la Couronne contre des terres adjacentes. Ce développement aurait repoussé plus loin la réserve faunique.

Avant même que l'entente ne soit conclue, le ministère de la Conservation avait autorisé l'arpentage de la réserve en vue de lotissement. Là où il n'y avait que sentiers boisés et herbes sauvages, une large route a été aménagée.

Puis, un changement de gouvernement a mis un frein à la vente des terres de la Couronne. Selon d'anciens résidents, la réserve de Twin Lakes, maintenant accessible à tous, est devenue un véritable dépottoir.

Alors que les véhicules tout terrain sont interdits sur la plage de Twin Lakes, ils sont tolérés dans les terres de la Couronne.

«Les véhicules tout terrain sont de nouveaux prédateurs. Les oiseaux se sont adaptés aux prédateurs naturels. Mais quand un véhicule fonce sur eux à tout allure, ils n'ont pas de chance.» Alexis Miller, Université du Manitoba

Une municipalité passive...

La petite municipalité de Woodlands, où se trouvent ces terres, refuse d'intervenir. Le Conseil municipal avait autrefois bloqué la route à l'orée de la plage pour limiter les activités humaines sur les terres de la Couronne.

Mais devant la possibilité d'un nouveau développement de plaisance, la municipalité préfère laisser les choses aller...

 

 


HYPERLIENS

Le pluvier siffleur dans l'est du Canada
Environnement Canada

Le pluvier siffleur
Environnement Canada

Le pluvier siffleur dans la Péninsule acadienne du Nouveau-Brunswick

 





 

Depuis le début des années 1990, le groupe Attention FragÎles et le Service canadien de la faune ont entrepris des actions pour prévenir le déclin du pluvier siffleur.

Les premiers efforts ont porté sur la délimitation des zones de nidification.

Des périmètres de protection furent donc installés autour des nids afin de les protéger des véhicules. Ces simples clôtures ont presque éliminé le problème.

Le dérangement des oisillons demeure néanmoins un problème majeur. Les jeunes quittent le nid quelques heures après leur éclosion.

Ils sont alors susceptibles de se retrouver n'importe où sur la plage: Sur un terrain de volley-ball, une aire de pique-nique, quand ce n'est pas sous la roue d'un véhicule.

La solution passe donc par une meilleure cohabitation entre humains et pluviers siffleurs.

Tiré de:

Les espèces en péril, Québec Oiseaux

 

Visionnez notre reportage «Un oiseau rare».