La colère des éleveurs
Reporter réalisateur :
Charles Marcoux (Régina)
24 août 2003

En trois ans, l'encéphalopathie spongiforme des cervidés (ESC) a forcé l'abattage de plus de 8 000 bêtes d'élevage et d'une dizaine de milliers de cerfs sauvages. Cette épidémie dure déjà depuis sept ans.


Un scénario pire que la vache folle...

Au début de l'été 2003, une seule vache infectée par la maladie de la vache folle a provoqué l'une des pires crises de l'industrie du boeuf canadien.

Imaginez ce qui se serait passé si on avait trouvé un second cas, puis un troisième... C'est ce scénario cauchemardesque que vivent présentement les éleveurs de cerfs de l'Ouest canadien.

En trois ans, l'encéphalopathie spongiforme des cervidés (ESC) a forcé l'abattage de plus de 8 000 bêtes d'élevage et d'une dizaine de milliers de cerfs sauvages. Cette épidémie dure déjà depuis sept ans.

Abattage et quarantaine...

Jim Mercier est éleveur de cerfs de Virginie et de wapitis. Son élevage lui a coûté 12 ans de travail et des centaines de milliers de dollars. Aujourd'hui, il nourrit à grands frais des animaux dont la valeur est en chute libre.

Quelques-uns de ses cerfs ont été en contact avec le troupeau d'une ferme voisine où un cas d'ESC a été confirmé. Résultat: le troupeau de Jim est en quarantaine.

 

Depuis le premier cas il y a sept ans, plus de 200 animaux infectés ont été identifiés.

Aucun cas n'a été détecté depuis le printemps 2003, mais l'Ouest canadien reste en état d'alerte: il est toujours obligatoire de faire analyser toutes les têtes de cervidés morts.


Le diagnostique

Comme pour la maladie de la vache folle, il n'existe pas de méthode pour diagnostiquer l'ESC chez un animal vivant. Il faut le tuer et analyser son cerveau.

«Il faut tester tous les animaux morts pour savoir si le troupeau est sain. C'est plus difficile de prouver qu'un troupeau est sain plutôt qu'infecté, parce qu'il vous faut un grand nombre de tests pour le confirmer.» Dr Gerald Ollis, vétérinaire en chef de l'Alberta

L'éleveur doit ensuite attendre plus d'un mois avant de savoir si l'une ou plusieurs de ses bêtes sont porteuses de l'ESC.

Les fermes reçoivent une compensation financière pour leurs animaux abattus. Mais comme les autorités fédérales basent leurs calculs sur la valeur actuelle des bêtes, ils ne sont remboursés que pour une fraction de leur dépenses.

En quête de justice...

Depuis 2003, c'est la révolte. Certains éleveurs, dont Jim Mercier, sont persuadés que les autorités fédérales sont coupables de négligence. Huit d'entre eux ont donc poursuivi l'Agence canadienne d'inspection des aliments.

Leurs arguments: les autorités auraient dû savoir qu'il y avait des risques de contamination depuis les années 1970. Des documents présentés en cours font référence à des cerfs du zoo de Toronto qui, à cette époque, auraient montré des symptômes de la maladie. Ces cerfs auraient été importés du Colorado. Les plaignants affirment donc que les autorités auraient dû empêcher l'entrée de cerfs contaminés au Canada.

Cette cause rallie de plus en plus d'agriculteurs. Ils sont maintenant plus d'une centaine à participer à ce recours collectif.




HYPERLIENS

Encéphalopathie des cerfs et des wapitis
Agence canadienne d'inspection des aliments

Association des Éleveurs de Cervidés du Québec

Programme de certification pour protéger le cheptel québécois

 



 

Jim Mercier se rappelle quand il pouvait vendre ses cerfs aux ranchs de chasse. De riches américains achetaient alors, à prix fort, le droit de chasser ses plus beaux cerfs.

Il y avait aussi les bois de wapiti qu'il vendait 200 $ de kilo aux Coréens.

En une dizaine d'années, le nombre d'élevage de l'Ouest canadien était passé de 50 à 1 000.

Le premier wapiti atteint d'ESC a été détecté en 1996 en Saskatchewan.

Le marché s'est alors effondré. Le prix moyen pour une jeune femelle est passé de 17 000$ à
1 000$.

 

Visionnez notre reportage «La colère des éleveurs».