Grue blanche d'Amérique : vol guidé
Journaliste - réalisateur :
Charles Marcoux (Régina)
27 avril 2003

«La grue blanche est, depuis longtemps, un symbole pour les protecteurs des espèces menacées.» Robert Wapple, biologiste


La courageuse grue blanche...

En automne, les grues du Canada obscurcissent le ciel du lac Last Mountain en Saskatchewan par milliers. Les nombreux visiteurs de cette importante halte migratoire viennent surtout y observer la grue blanche d'Amérique, la vraie vedette du refuge qui ne se montre qu'aux plus patients.

La grue blanche a bien failli disparaître au début du vingtième siècle. À cette époque, l'agriculture transforme le paysage. En Saskatchewan, les fermes s'approprient 80 % de toute la partie en quelques décennies.

« La grue blanche faisait ses nids partout dans les prairies. Dès que les colons européens sont arrivés dans l'Ouest, ils ont carrément expulsé les grues. » Robert Wapple, biologiste

Certains oiseaux, comme les grues du Canada, encaissent le choc sans trop de mal. Mais pour la grue blanche d'Amérique, c'est le désastre. En 1941, il ne restait que 21 grues blanches dans le monde entier. « On savait qu'elles passaient l'hiver sur la côte du Texas, mais on ne savait pas où elles faisaient leur nid en été. » Doug Bergeson, biologiste

Découverte des nids

En 1954, un pilote d'hélicoptère a trouvé un nid dans le parc national de Wood Buffalo: c'était la zone de nidification. C'est d'ailleurs dans ce parc que se cache les dernières grues blanches sauvages.

« Elles sont très timides, c'est probablement pourquoi elles sont cachées dans ce parc. C'est une région de marais à l'accès extrêmement difficile. Elles sont très sensibles aux perturbations. » Doug Bergeson, biologiste

La femelle pond deux oeufs par année, mais généralement un seul des oisillons survit jusqu'à l'âge adulte. Les oisillons se battent presque sans arrêt. Ces luttes se terminent souvent par la mort du plus faible.

La population sauvage de grues blanches d'Amérique est passée de 20, en 1941, à environ 200 aujourd'hui.


Séparation des oisillons

Au milieu des années 1960, des chercheurs décident de voler un oeuf sur deux. Les oeufs orphelins se retrouvent dans des couveuses dans des laboratoires canadiens et américains.

Une fois éclos, un technicien habillé d'un costume de grue joue le rôle de mère adoptive. On veut que l'oiseau grandisse sans jamais voir un être humain. De cette façon, une fois relâché dans la nature, il évitera les régions habitées.

Une vingtaine d'espèces d'oiseaux sont toujours en voie de disparition au Canada. Dans ce contexte, l'aventure de la grue blanche devient une source d'inspiration et d'espoir.




HYPERLIENS

Le site d'Opération migration
(en anglais)

À propos de la grue blanche
(Environnement Canada)

Grue blanche d'Amérique



Un peu d'histoire...

 

Malgré l'augmentation de sa population, la grue blanche est toujours une espèce fragile.

Aujourd'hui, son plus grand ennemi est l'industrie pétrolière.

Pour prévenir un nouveau désastre, il faut établir une nouvelle route de migration.

À la fin des années 1990, l'opération migration est lancée. En utilisant des avions ultra-légers, on guide 13 grues blanches à travers l'est des États-Unis, loin des zones industrialisées.

C'est la première fois en un siècle que des grues blanches sauvages survolent l'est des États-Unis.

En octobre 2001, après un voyage de 48 jours, les premières grues complètent un trajet de
2 000 kilomètres du Wisconsin jusqu'en Floride.

Cinq des 13 grues bouclent la première migration au printemps 2002.

Ils reviennent sans l'aide des humains à leur point de départ au Wisconsin.

L'opération migration, dirigée en grande partie par des canadiens, a prouvé qu'il est possible d'intervenir pour rétablir une population d'oiseaux migrateurs.

 

Visionnez notre reportage «Vol guidé».