Ravager sans réserve...
Journaliste : Rachel Brillant
Réalisateur : Jacques Bouffard
3 novembre 2002

«Présentement, on considère que dans plusieurs secteurs de la réserve, la capacité de support d'habitat pour l'orignal a été atteinte et même dépassée...» Mario Morais, biologiste


Et si on mangeait un peu?...

Chaque hiver, les orignaux s'attroupent et se partagent les jeunes feuillus et les pousses de sapin. Ils ravagent. La forêt, au printemps, en porte les cicatrices. C'est le cas notamment dans la réserve faunique de Matane.

Par endroit, les orignaux sont si nombreux que pour survivre à l'hiver, ils doivent manger le peuplier faux-tremble. Pour y arriver, ils ont leur technique, plutôt inhabituelle, qui consiste à éplucher le tronc... comme une banane!

Québec : Province de l'orignal!

C'est au Québec que l'on trouve le plus d'orignaux au kilomètre carré. En 20 ans, le troupeau de cervidés a doublé.

Au cours des dernières années, la réserve de Matane est devenue un paradis.

Les territoires coupés à blanc et plantés en épinettes ont fourni des repousses de feuillus. Un formidable garde-manger pour les orignaux...

«C'est beau d'augmenter une population d'orignal... Mais présentement, on considère que dans plusieurs secteurs de la réserve, la capacité de support d'habitat a été atteinte et même dépassée. Il y a réellement un surbroutage...» Mario Morais, biologiste

En 1993, un chasseur devait patienter plus de huit heures avant d'apercevoir un premeir orignal. Aujourd'hui, le gibier se montre après deux heures et demi.


Les sapins également touchés...

Les arbustes sont mangés jusqu'au tronc. Et quand tous les feuillus sont broutés, l'orignal se résigne à attaquer les aiguilles, sans toucher aux plantations.

Dans la réserve de Matane, le sapin pousse en abondance. Mais à certains endroits, le broutage abusif endommage les sapinières.

«La tête de cet arbre a été cassée. Il repoussera donc infirme avec des chances de mortalités. S'Il y avait eu assez de nourriture, l'orignal n'aurait pas eu besoin de casser la tête...»
Mario Morais

Élimination des repousses...

Avant que les orignaux détruisent leur habitat et que la faim les mettent en péril, le Ministère des ressources naturelles a recommandé aux forestiers de tenir compte de l'alimentation du troupeau, en cessant notamment d'éliminer les repousses de feuillus.

D'autres régions du pays connaissent une surpopulation d'orignaux. Quand l'homme ou les prédateurs ne le chasse pas, l'orignal affamé peut se déplacer... et ravager les forêts.

 

Aujourd'hui, des orignaux vivent dans des forêts clairsemés à deux cent mille plus au nord qu'il y a 100 ans.


HYPERLIENS

SÉPAQ

Réverse faunique de Matane et Dunière

Statistiques de chasse au Québec - L'orignal
Société de la faune et des parcs du Québec

Les orignaux dans la réserve faunique de Matane

 



 

Autre signe de surpopulation : la dénatalité.

Selon le biologiste Mario Morais, il y aurait une baisse de productivité des femelles. Ceci serait dû à l'instinct de survie de l'animal, voulant se protéger un peu de lui-même.

La qualité de l'habitat diminuant, on constate donc une diminution du nombre de veaux par femelles au cours de dix dernières années.

On serait parti de 50-55 veaux par 100 femelle, pour s'en aller vers les 30-35 veaux...

 

Visionnez notre reportage «Ravager sans réserve».