Les fosses qui débordent
Journaliste: Rachel Brillant
Réalisateur: Michel du Montier
6 juin 2004

 


La ferme de Nicole Fréchette se trouve à proximité du lac et du village de Saint-Ferdinand. Afin de respecter les nouvelles normes de l'environnement, elle a fait construire une fosse en béton pour le fumier des animaux de boucherie.

La fosse est conçue pour recueillir le fumier pendant l'hiver, une période d'environ 250 jours. Mais, dès février, l'agricultrice a remarqué des débordements. Elle a dû recourir à une pelle mécanique à plusieurs reprises, à ses frais.

Par la suite, les responsables du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation ont visité la ferme. Ils ont évalué, d'après la taille de la fosse, que Nicole Fréchette ne devrait avoir que 35 vaches, alors qu'elle en a une cinquantaine.

Pourtant, l'ingénieur qui a construit le puits a suivi les directives du MAPAQ, en tenant compte du nombre de bêtes.

Nicole Fréchette n'est pas la seule dans cette situation. Trois autres éleveurs de bovins de boucherie de la région de Québec sont aux prises avec le même problème. Eux aussi ont suivi les directives du ministère de l'Agriculture et se retrouvent maintenant avec des fosses trop petites, qui débordent bien avant l'arrivée du printemps.

« L'an passé, quand on s'est aperçus que le fumier sortait par la porte, ma première réaction a été d'avertir le ministère de l'Environnement. Ils m'ont dit que si ça sortait par le trou, j'en avais la responsabilité. J'ai dit : "Ce n'est pas moi qui ai fait l'erreur. La seule erreur que j'ai faite, c'est de vous écouter". »

- Jean Deschênes, éleveur

 

Les trois firmes d'ingénieurs impliquées ont suivi la même méthode pour dessiner les plans. Ils se sont basés sur la grille de référence fournie par le MAPAQ, qui date de 1989.

Selon les agriculteurs, ces grilles sont dépassées. On y estime qu'une vache de boucherie élevée sur litière produit 34 litres de fumier par jour, alors que, dans les faits, elle en produit le double.

Les éleveurs demandent au ministère de l'Agriculture de reconnaître sa responsabilité et se refusent à assumer les frais de ces erreurs de calcul.

« Sur le plan de l'environnement, on ne met plus un cent. Ça, ils le savent, on a mis assez. On pensait avoir mis 70 000 $ de nos poches pour 50 vaches. On n'ajoutera pas 25 000 $ ou 30 000 $. Il y a des limites. »

- Nicole Fréchette, agricultrice

 



 

 

HYPERLIENS

Guide de bonnes pratiques agroenvironnementales pour la gestion des fumiers des bovins de boucherie

Règlement sur les exploitations agricoles
Ministère de l'Environnement du Québec

Dehors les bêtes
Reportage de la Semaine verte du 11 mai 2003