Cueillette de pesticides
Journaliste: André Bernard
Réalisateur: Marie-Ève Thibault
9 mai 2004

«Quelque 80 % des pesticides vendus au Québec finissent dans les champs, en agriculture.»


Habituellement, les producteurs se rendent au centre agricole Bienvenue pour acheter leurs pesticides. Cette fois, c'est le contraire: ils rapportent leurs articles périmés. Une occasion unique.

«Ça fait longtemps que j'attends ça. On sait qu'il y a des choses périmées, plus homologuées ou dangereuses pour l'environnement. On a fait la demande chaque année pour tenir une cueillette... cette fois, ça y est!»

- Sylvie Bienvenue, Centre agricole Bienvenue


L'idée de faire de telles collectes vient de Crop Life, l'association des détaillants et des fabricants de pesticides. Les premières collectes ont été organisées dans les Maritimes, à la demande des détaillants.

C'est la troisième collecte du genre au Québec. Chaque fois, elles sont organisées dans des régions différentes. Cette année, c'était au tour de l'est et du centre du Québec. Quatre-vingts pour cent des pesticides vendus au Québec sont utilisés en agriculture, c'est donc à la ferme qu'on retrouve le plus de pesticides périmés.

Robert Beauregard et Marielle Farley produisent des légumes. Comme la majorité des producteurs, ils utilisent des pesticides qu'ils entreposent sous clef. Aujourd'hui, c'est le grand coup de balai.

«Certains des produits que nous avons datent de l'époque de mon père et de sa ferme. Le plus souvent, les cultures ont changé, les produits ne sont plus adaptés, l'efficacité a diminué.»

- Robert Beauregard, producteur maraîcher

 

Décès, héritage, transferts de ferme, abandon de certaines cultures, gel, retrait d'homologation… autant de raisons qui font que des pesticides, inutilisés ou inutilisables, s'entassent dans le fond des hangars. Avec le temps et la mauvaise presse qui entoure les pesticides, les fabricants ont senti le besoin de prendre des initiatives comme celle-là, pour redorer le blason de l'industrie.

Évidemment, le travail ne se limite pas à la cueillette des vieux pesticides. Il faut ensuite les éliminer de façon sécuritaire. Pour cela, les responsables font affaire avec CRI environnement, une compagnie spécialisée dans la gestion des matières dangereuses.

Malheureusement, le coût d'une telle cueillette est très élevé. Pour détruire 50 000 kilos de pesticides, il faudra débourser près de 150 000 $. Compte tenu de son coût, on pense n'organiser ce genre de cueillette qu'une fois tous les 5 ou 10 ans. Le temps que les volumes entreposés le justifient. Entre-temps, on pourrait mettre sur place des centres de dépôts itinérants à travers le Québec. C'est à voir…



 

 

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