Le méthane albertain
Journaliste : Margo McDiarmid
Réalisateur : Jean Fontaine
7 mars 2004

Un gaz naturel : le méthane...

Sous le sol albertain, enfoui dans des couches de charbon se trouve des masses gigantesques d'énergie : du méthane. Ou si vous préférez du gaz naturel.

Plusieurs entreprises se bousculent au portillon dans le but d'exploiter ce qui pourrait devenir une nouvelle manne pour l'Alberta.

L'exploitation du méthane de gisement houiller a cours dans le Wyoming depuis déjà une dizaine d'année.

Les résultats sont mixtes… oui, le méthane est abondant, mais les conséquences de son extraction occasionnent de graves problèmes environnementaux.

 

En Alberta...

Le gaz naturel est cœur de la fournaise économique de l'Alberta. En fait, 80% des revenus de royautés perçus par cette province proviennent de cette ressource.

Mais il y a un problème: nous consommons beaucoup plus de gaz que nous en produisons.

Le Canada pourrait se retrouver à court de gaz naturel d'ici 5 ans. C'est un problème domestique, mais aussi international, puisqu'une partie importante du gaz canadien est exporté aux Etats-Unis. Pour certaines entreprises la solution se trouve dans le charbon.

 

Le charbon et les États-Unis...

On retrouve beaucoup de charbon au Canada et en Colombie-Britannique. L'Office nationale de l'énergie calcule qu'une quantité impressionnante de méthane est enfouie dans les gisements houillers: entre 20 et 60 billions de pieds cube d'un gaz aussi pur que celui qui brûle dans votre fournaise. Cela suffirait pour approvisionner le Canada pour plusieurs décennies.

Ce genre de développement est récent au Canada mais aux États-Unis cela fait déjà plusieurs décennies qu'on extrait le méthane. Les dommages environnementaux résultant de l'extraction de méthane ont été dévastateurs chez nos voisins du sud.

Le bassin de Powder River se trouve le long des montagnes Big Horn, dans le Wyoming. La région est reconnue pour ses paysages d'une grande beauté. C'est un endroit idéal pour la pêche, la chasse et l'agriculture. Mais il y a 10 ans, les exploitants de méthane ont envahi le territoire. Les collines verdoyantes ont été transformé en sites industriels. Un résultat bien différent de ce qu'avaient promis les exploitants.

La première critique touche la dégradation des sols. Le gaz naturel reste emprisonné dans le charbon à cause de l'intense pression qu'exerce l'eau souterraine. Pour extraire le gaz, il faut d'abord pomper l'eau.

Au Wyoming, on pompe 54 000 litres d'eau chaque jour pour libérer le méthane. L'eau se retrouve dans d'énormes bassins ou est simplement pulvérisée dans les airs, avant de retomber au sol.

Les minéraux et le sel que contient cette eau ont un effet dévastateur sur le sol. Ils en changent l'équilibre chimique, le rendant aussi dur que du ciment.

Et finalement, il y les puits. Pour être efficace, les exploitations doivent en placer un à tous les 15 hectares. Ce qui fait qu'il y a des compresseurs, des pipelines et des routes partout.

 

Au Canada...

Aujourd'hui, il n'y a que 400 puits de méthane de gisements houillers au Canada. Selon l'Office nationale de l'énergie, 20 000 de ces puits pourraient bientôt être creusés chaque année.

Les puits forés en Alberta sont différents de ceux du Wyoming. Il sont à la fois simples et peu bruyants et contrairement à ceux du Wyoming, ils produisent très peu d'eau.

L'industrie affirme que le gaspillage de l'eau et les dommages observés au Wyoming ne se produiront pas en Alberta. La réglementation provinciale prévoit déjà que l'eau salée produite par certains puits soit réinjectée dans le sol.

Mais dans le passé, l'Alberta a été très indulgente avec l'industrie énergétique et elle l'est déjà avec les exploitants de méthane.

En outre, comme l'activité est encore au stade expérimental, la province permet aux entreprises de garder leurs procédés secrets, de ne pas révéler ce qu'elles cherchent en forant le sol, ni ce qu'elles y ont trouvé pour une période de trois ans.

La peur des opposants, c'est qu'en donnant du temps ainsi à l'industrie, celle-ci ne prenne ses aises.


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