Mise à jour : La tortue Golfina
Journaliste - réalisateur : Aubert Tremblay 8 février 2004

Durant les années 1970 et 1980, on tuait jusqu'à 50 000 Golfinas par année, soit 1000 par jour en saison.


Qui est la Golfina ?

La tortue Golfina, aussi appelée tortue olivâtre, est une des plus petites parmi les huit espèces de tortues de mer. Elle nage un peu partout dans les océans du côté des tropiques et mange surtout des crustacés.

À l'époque de la ponte en juillet, les tortues olivâtres ont la particularité de se rassembler en immenses groupes. Cependant, cette habitude apporte un certain inconvénient: elles sont faciles à repérer.

Une chasse rentable...

Durant les années 1970 et 1980, une usine d'exploitation était installée près de La Escobilla, la plage de prédilection de la Golfina. On en tuait alors jusqu'à 50 000 par année, soit 1000 par jour en saison.

La viande et les oeufs étaient vendus dans les environs. Le cuir était exporté et l'huile servait à faire des cosmétiques. Dans un bassin, on cuisait les viscères pour en faire de l'engrais ou de la nourriture pour la volaille et les porcs.

Durant ces années, le Mexique fournissait la moitié de tous les produits de tortue vendus sur le globe. Quelques espèces de tortues, dont la Golfina, ont commencé à être considérées comme menacées.

Disparité de l'espèce

En 1990, le gouvernement mexicain s'est résigné à interdire complètement la chasse des tortues marines. Depuis, la population des tortues olivâtres s'est refait une santé.

Le Mexique a donc pris les grands moyens pour protéger les tortues. À La Escobilla et à une vingtaine d'autres endroits, on a fondé des centres de conservation. À travers tout le pays, 200 kilomètres de plage sont protégés.

Pour surveiller les nids, les autorités font même appel aux armes. Les braconniers sont passibles de plusieurs années de prison et de fortes amendes.

Mais le braconnage continue de se pratiquer. Les oeufs de Golfina valent jusqu'à 15$ la centaine.

Aujourd'hui, les villageois trouvent qu'il y a trop de tortues à La Escobilla. Mais reprendre la chasse, ce serait faire renaître la demande pour les produits de la tortue et encourager la contrebande. Le contrôle deviendrait ainsi plus difficile.

 

Mise à jour

En janvier 2004, on a trouvé près d'Acapulco 500 cadavres de tortues marines. Toutes tuées avec des machettes des gourdins ou même à la carabine.

Les gens du coin affirment que ce massacre a été perpétré par une bande armée appelée los Nejos, ce qui veut dire les crasseux. Les agents de protection se sentent eux-mêmes menacés.

Le trafic des tortues aurait déjà fait un mort l'an dernier au Mexique : un étudiant chercheur qui s'occupait de conservation. Un autre est encore porté disparu.

Ces révélations ont fait des remous dans le pays. Les politiciens locaux et même le ministère de l'Environnement ont demandé l'aide de l'armée pour lutter contre les bandes de braconniers qui, dit-on, seraient liées aux narcotrafiquants...

On a ouvert une enquête officielle. L'armée a intensifié sa surveillance sur les côtes.

Mais les bandes armées ne sont probablement que la pointe visible de l'iceberg. Car la majorité des braconniers sont des gens ordinaires. En s'attaquant au commerce des tortues et de leurs oeufs, les autorités mexicaines s'attaquent en fait à toute une culture.

Dans le nord-ouest du pays, par exemple, la viande de tortue est traditionnellement servie dans les occasions spéciales, comme les mariages. Et il s'en exporterait aux États-Unis.

Heureusement, selon les autorités, ce commerce serait en déclin. Par contre, la vente des oeufs, elle, va en augmentant.

Au Mexique, les oeufs de tortues sont servis en toute impunité en pleine ville. On leur prête des vertus toniques, et même aphrodisiaques...

Ils sont souvent cueillis par des femmes, puis vendus à des intermédiaires qui les acheminent par camions entiers jusqu'aux marchés. Le tout avec la complicité rémunérée de certains policiers.

Le ministère de l'environnement mexicain se sent bien démuni face à ce commerce illégal. Il ne dispose que de 300 inspecteurs pour surveiller l'ensemble des territoires protégés du pays, pas seulement les plages.

Quant aux gens chargés de surveiller les lieux de ponte, ce ne sont pas des fonctionnaires, mais des villageois manquant de ressources et, souvent, de formation.

 


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