La châtaigne d'eau
Journaliste : André Bernard
Réalisatrice : Marie Eve Thibault
11 janvier 2004

La châtaigne d'eau est une espèce indigène en Asie et en Europe, elle a été introduite volontairement aux États-Unis en 1859. Au Québec, elle a été vue pour la première fois en 1998 dans la rivière du Sud et à l’embouchure du Richelieu. Très envahissante, elle forme maintenant à certains endroits des tapis de feuilles flottantes. Elle pourrait ainsi entrer en compétition avec la végétation déjà établie et utilise une partie de l’oxygène nécessaire aux poissons.



Châtaigne d'eau

La châtaigne d'eau au Québec...

Depuis plusieurs années, on entend parler de l'envahissement de la rivière du Sud au Québec par la châtaigne d'eau. La plante, considérée comme une espèce étrangère nuisible, a été identifiée au Québec pour la première fois en 1998.

La châtaigne d'eau est une plante aquatique, extrêmement envahissante, à tel point qu'elle bouleverse tout l'écosystème des cours d'eau où elle s'implante. Elle perturbe les activités de navigation, de pêche, de la vie animale et même végétale.

À la rivière du Sud, où elle a été vue pour la première fois, on lui fait la guerre depuis quatre ans. On veut libérer la rivière de l'envahisseur qui s'est installé sur plus de quatre kilomètres. Le milieu est considéré comme étant un des plus beaux marais du sud du Québec par sa grandeur et par sa diversité.

On soupçonne que la châtaigne d'eau ait pu faire son entrée à la rivière du Sud accrochée à un bateau, à un animal ou tout simplement comme plante ornementale.

 

«On voit que dans les secteurs où il y a beaucoup de châtaignes d'eau, les nénuphars essaient de résister en sortant leurs feuilles de l'eau. Ça leur demande beaucoup plus d'énergie ce qui fait qu'à la longue au niveau compétitif, ils vont être éliminés.»

Pierre Bilodeau, biologiste à la Société de la faune et des parcs du Québec


Nénuphar.

 

À la guerre comme à la guerre...

En 2000, on s'est lancé à l'assaut de la châtaigne d'eau. En canot, ils étaient une poignée de cueilleurs à monter au front.

L'année suivante, quarante personnes ont passé l'été à arracher les châtaignes d'eau, une à une.


La grenouille qui amasse les châtaigne d'eau.

Sur les trente hectares de châtaignes d'eau à couvrir seulement sept ont été débarrassés de la plante. C'est peu considérant la capacité de reproduction et de multiplication de celle-ci.

La multiplication de la châtaigne d'eau est exponentielle. Un plant donne une quinzaine de rosettes et chaque rosette donne une quinzaine de glands.

Devant des résultats si peu satisfaisants pour éliminer l'ennemi du territoire, on a dû sortir l'équipement lourd. D'abord, des canots équipés de plates-formes pour arracher plus de châtaignes. Puis des chaloupes munies de peignes mécanisés. Et finalement, d'immenses excavatrices amphibies qu'on appelle aussi des grenouilles. À l'été 2002, on a ratissé beaucoup plus large avec les grenouilles.

 

La châtaigne d'eau : une coriace....

À l'été 2002, les trente hectares ont été couverts entièrement. Les châtaignes ont toutes été arrachées. Les résultats étaient encourageants mais on s'est vite rendu compte que la plante revenait en force l'été suivant.

C'est que la semence de la châtaigne d'eau peut rester submergée, deux ans et même plus, avant de germer et de refaire surface.

 

«Lorsqu'on l'enlève une première année, on la retrouve l'année suivante encore à un niveau, à une densité élevée mais peut-être à 70% de biomasse par mètre carré, l'année d'après, si on repasse une deuxième année, ce qu'on se rend compte, on tombe à peu près à 2-3% de la biomasse, ça fait une grosse différence de cueillir deux années de suite.» Pierre Bilodeau, biologiste à la Société de la faune et des parcs du Québec

 

Pour une deuxième année consécutive à l'été 2003, on a arraché toute la châtaigne d'eau. À la suite de deux années d'arrachage, on contrôle la plante sauf qu'il faut maintenir un certain effort pour enlever tous les plants.

Une fois que les plants sont arrachés on les transporte sur les rives de la rivière du Sud pour les réduire en compost.

 

Vigilence et constance...

Même lorsque le problème semble enrayé, il faut poursuivre la surveillance parce que la châtaigne d'eau peut revenir très facilement et très rapidement. Aux États-Unis, ils avaient presque éradiqué la plante des plans d'eau envahis mais suite à ce succès ils ont baissé les gardes et la châtaigne est revenue en puissance, encore plus nombreuse qu'elle ne l'était avant les tentatives d'éradication.

Il faut donc rester vigilents même si les châtaignes d'eau diminuent considérablement. S'il fallait que la châtaigne se disperse dans d'autres cours d'eau du Québec, ce serait une catastrophe. On n'a qu'à penser au lac St-Pierre, en aval, où l'impact serait mortel pour la faune et la flore.

C'est pourquoi on bloque la châtaigne à l'aide d'un filet à l'embouchure de la rivière du Sud. Bref, la guerre à la châtaigne en est une d'usure qui durera nécessairement longtemps.

 

 

La rivière du Sud est le cours d'eau où la concentration de châtaignes est la plus élevée.


Éradication de la châtaigne d'eau dans la rivière du Sud.

Mais ce n'est pas le seul endroit où on observe des châtaignes. On en a déjà notées ailleurs sur le Richelieu, mais à des niveaux moins importants, d'où l'intérêt d'agir rapidement.

La Société de la faune et des parcs du Québec demande aux riverains de communiquer avec eux dès qu'ils observent des plants de châtaignes d'eau dans leur secteur.

Évidemment, on demande aussi aux amateurs de jardins d'eau de ne pas utiliser la châtaigne d'eau, de crainte que les glands soient transportés jusqu'à un cours d'eau.

D'ailleurs, la FAPAQ tente de faire interdire la vente de la châtaigne d'eau pour des fins ornementales dans les jardins d'eau.

La FAPAQ conseille aussi aux propriétaires de bateaux ou d'embarcations de plaisance qui circulent sur la rivière du Sud, de s'assurer que des plants de châtaigne ne restent pas accrochés à leurs embarcations et soient dispersés ailleurs.

 


HYPERLIENS

La châtaigne d’eau: un premier plan d’action pour éradiquer cette plante envahissante - Flora Quebeca

Les espèces non indigènes dans le bassin Grands Lacs–Saint-Laurent




L'offensive...

Jusqu'à présent on a investi près d'un million de dollars pour éradiquer la châtaigne d'eau dans la rivière du Sud.

L'offensive contre la châtaigne d'eau dans la rivière du Sud est née des efforts du CIME (centre d'interprétation du milieu écologique du Haut-Richelieu) Canards illimités et la FAPAQ (Société de la faune et des parcs du Québec).

Une association qui permet une action rapide et concertée mais surtout de collecter plus de fonds.

Visionnez notre reportage.