La revue La terre de chez nous a 75 ans
Journaliste - réalisateur:
Aubert Tremblay (Québec)
18 avril 2004

À Longueuil, sur le boulevard Roland-Therrien, on retrouve la maison de l'Union des producteurs agricoles d'un côté, et la revue La terre de chez nous de l'autre. C'est le journal officiel de l'UPA, mais les gens qui y travaillent se considèrent tout de même comme des journalistes.

La terre de chez nous fête son 75e anniversaire cette année. Le premier numéro, celui du 6 mars 1929, parlait de broderie! Aujourd'hui, les sujets ont quelque peu changé, mais la quarantaine de personnes qui y travaillent continuent de se pencher sur des sujets qui touchent particulièrement les agriculteurs. Près de 43 000 exemplaires sortent chaque semaine de l'imprimerie.

Depuis 1929, La terre de chez nous a beaucoup changée. Elle est née lorsque l'UPA s'appelait encore UCC, l'Union catholique des cultivateurs. Elle a beaucoup contribué à former le syndicalisme agricole et a assisté à la naissance de presque tous les regroupements d'agriculteurs du Québec.

 

Rosaline Ledoux, alias Marie-Josée

Rosaline Ledoux a été témoin de ces changements. Elle a précédé Victor à la revue La terre de chez nous. Longtemps, elle a été journaliste comme lui, mais elle est surtout connue pour son courrier du cœur, qu'elle tient depuis 1965. C'est la fameuse Marie-Josée, que tous les agriculteurs et toutes les agricultrices, sans exception, connaissent. En quatre décennies, Rosaline Ledoux a eu le temps de voir évoluer les mentalités dans les campagnes.

«Il y avait des grands problèmes chez les femmes, dont la contraception. Dans les années 60, les femmes me demandaient les méthodes de températures et toutes ces choses-là. J'ai même eu l'honneur d'être dénoncée du haut de la chaire par un bon curé du bas de Québec parce que j'avais donné des conseils sur la contraception, ce qui était interdit.»

- Rosaline Ledoux.


Ce n'était pas l'époque des psychologues, et, dans les villages, on se confiait peu. Rosaline Ledoux a souvent joué le rôle de confidente. Pour le meilleur et pour le pire. Certains lecteurs profitaient de cette tribune anonyme pour demander des conseils sur les soins à apporter à certaines maladies lorsqu'ils étaient trop gênés pour se rendre chez le médecin.

 

Gérard Filion, premier rédacteur en chef

Aujourd'hui âgé de 95 ans, Gérard Filion a été le premier rédacteur en chef de la revue, jusqu'en 1947. C'est le même Gérard Filion qui a dirigé le journal Le Devoir dans les années 50.

«À l'époque, on ne parlait pas beaucoup de technique agricole. Il y avait très peu de questions économiques. Ce n'était pas un journal complet, c'était plutôt un organe de défense de la profession.»

- Gérard Filion.


Quand Gérard Filion a été embauché à la revue La terre de chez nous, en 1935, c'était encore la crise. Les producteurs vendaient leurs produits à la moitié du prix habituel. Ils devaient s'organiser pour survivre. La terre de chez nous était là pour les guider dans cette voie. «À l'époque, c'était l'organe officiel de l'UCC, un journal de combat. Aujourd'hui, le journal est beaucoup plus détaché, même s'il demeure la propriété de l'UPA.»

Dans les années 30, Gérard Filion était seul à écrire, et il écrivait surtout des textes d'opinion. Aujourd'hui, ils sont sept journalistes dans la salle de rédaction, plus des correspondants en région. Et l'éditorial est écrit directement par le président de l'UPA. C'est un des derniers relents de l'ancien journal de combat. Ce qui aide les journalistes à garder leur indépendance, c'est que La terre de chez nous n'est pas financée par l'UPA: elle vit de la publicité et des abonnements.

«On joue un peu le rôle de la protection de l'agriculteur. Un peu comme pour les consommateurs, il y a la revue Protégez-vous, de l'Office de protection des consommateurs. Nous sommes un peu le Protégez-vous des agriculteurs.»

- Victor Larivière, un des journalistes.


La longévité de La terre de chez nous n'est pas un hasard. Le journal est un peu à l'image de ses lecteurs: il évolue, comme les fermes, mais il est aussi transmis de génération en génération.


 



 

 

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