Lire la terre

Reporters :
Aubert Tremblay / Errol Duchaine
Réalisateurs:
Aubert Tremblay / Micheline Vien

22 juin 2003

«Avec ces cartes, on est en mesure de bien utiliser les sols. On peut décider de le garder pour l'agriculture, de le reboiser ou de l'urbaniser.» Michel Rompré, pédologue


Une science méconnue...

La pédologie, c'est la science qui étudie les sols pour savoir ce qu'ils renferment mais aussi pour découvrir leur distribution et leur répartition sur notre territoire.

La province de Québec ne compte pas beaucoup de pédologues. On peut dire qu'ils sont en voie d'extinction. Michel Rompré est un des derniers à exercer cette science.

«Quand je suis entré au ministère de l'Agriculture dans les années 1970, on était à peu près six pédologues sur le terrain. Maintenant, à ma connaissance, on est peut-être deux à être actifs sur le terrain.» Michel Rompré, pédologue

Michel Rompré a fait la carte des sols d'une grande partie du Québec. Maintenant, il s'attaque à la Gaspésie. Il va analyser tous les sols cultivés ou cultivables.

«En 2005, quand on aura terminé la Gaspésie, il restera seulement la vallée de la Matapédia à faire, ce qui représente une cinquantaine de milles d'hectares. Après ça, la province sera couverte au complet.» Michel Rompré

Michel Rompré va consacrer au moins quatre ans de sa vie pour faire la carte pédologique de la Gaspésie. Les coûts reliés à ce travail se chiffrent à 400 000$.

«Avec l'industrialisation et la spécialisation de l'agriculture, on va devoir choisir les meilleures terres. Et pour ça, ça prend une carte de sol.»
Michel Rompré


Un travail continue...

Une bonne carte pédologique a une durée de vie d'au moins 25-30 ans. Après, il faut recommencer. En agriculture, c'est un outil qui permet de faire le meilleur usage possible d'un sol.

Cette carte permettra de connaître la capacité des sols à haut potentiel agricole et orientera les types de productions à développer.

Sur le terrain, on procède à un classement par propriété du sol, tel sa couleur, sa texture et le type de dépôt qu'on retrouve en surface. Toutes ces propriétés déterminent l'identité du sol. «Les couleurs sont standardisées dans une charte.» Michel Rompré

Place à la relève...

Dans cinq ans, Michel Rompré aura pris sa retraite. Pour l'instant, la relève se fait rare. Mais dans un contexte où plus que jamais on veut des terres efficaces et performantes, il lui apparaît impossible que ce métier disparaisse.

«On va sûrement maintenir une équipe pédologique au Québec. Je pense que c'est indispensable. Un moment donné, à cause de l'industrialisation et la spécialisation de l'agriculture, on va avoir à opter pour les meilleures terres agricoles, à choisir les meilleures terres. Et pour ça, ça prend une carte de sol.» Michel Rompré

«On sera ainsi en mesure de mieux utiliser les sols qui nous reste, et décider ceux qu'on garde pour l'agriculture, versus ceux qu'on décide de reboiser ou d'urbaniser.» Michel Rompré




 

 




La pédologie, science du sol...

Si les hommes de la préhistoire s'attachèrent uniquement aux propriétés visibles ou palpables du sol, les paysans de l'Antiquité pressentirent déjà son rôle chimique.

Ces derniers ajoutaient certains produits (comme les déjections de pigeons) pour donner de la force au sol et améliorer la croissance des plantes.

À partir du XVIIe siècle, les chercheurs remarquèrent la présence constante de certains éléments minéraux qui ne peuvent provenir ni de l'eau ni de l'air.

Vers 1883, Dokoutchaïev, géographe et naturaliste, découvrit que les caractères des sols ne dépendent pas uniquement de ceux de la roche dont ils proviennent, et mit en évidence la disposition zonale des sols.

Dès lors, les chercheurs en agronomie et en géologie consacrèrent une importante part de leurs activités à l'étude des sols.

La prise en compte de la pédogenèse permit une classification et une cartographie des sols en tant que formations naturelles et non plus comme résidus de dégradation des roches.

 

Source:
Yahoo Encyclopédie

 

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