Le tabac : La fin d'une époque (2)
Journalistes : André Laprise et Errol Duchaine
Réalisateur : Maurice Roberge
30 mai 2004

« Si l'on se fie aux plus récentes découvertes de l'archéologie, l'usage du tabac remonte au moins au premier siècle avant Jésus-Christ, époque à laquelle les Mayas, dont la civilisation florissait en Amérique centrale, fumaient les feuilles de cette plante au cours de cérémonies rituelles et religieuses. » L'histoire du tabac.

 

Au Québec, la culture du tabac date de plusieurs siècles. Les Amérindiens cultivaient déjà la plante quand sont arrivés les premiers explorateurs.

C'est au 19e siècle qu'on a commencé à en commercialiser les feuilles. On cultivait d'abord du tabac brun, qu'on chiquait ou fumait à la pipe. Puis, au cours de la Première Guerre mondiale, la cigarette a gagné en popularité. On a alors mis au point le tabac jaune ainsi que des techniques de séchage qui ont révolutionné l'industrie.

Au milieu des années 30, la culture du tabac a connu un véritable boom, particulièrement dans la région de Joliette, puis ailleurs au Québec et en Ontario.

Elle était alors encouragée par le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec pour mettre en valeur les terres sablonneuses de cette région.

Mais, quelques décennies plus tard, la situation a changé du tout au tout.

La guerre au tabac

Lorsque les effets néfastes du tabagisme sont devenus une charge pour le système de santé, on a déclaré la guerre au tabac. Interdiction de fumer dans les lieux publics, taxes importantes sur les cigarettes, limites sévères à la promotion des produits du tabac : tous les moyens ont été pris pour en freiner la consommation.

Et ces campagnes antitabac donnent des fruits : entre 1997 et 2002, le nombre de fumeurs est passé de 34 % à 26 % de la population, et de 30 % à 23 % chez les jeunes. Les ventes de cigarettes ont chuté de 32 %.

Dans les champs, on subit de plein fouet la conséquence de cette désaffection.

L'automne dernier, La semaine verte avait rencontré des producteurs qui avaient du mal à se résigner.

« Ça s'annonce mal, mais je suis persévérant. Je reste confiant que quelque chose va arriver. Il va se passer quelque chose parce que, même si un gouvernement est insensible, il doit y avoir quelqu'un, à un moment donné, qui se réveille, j'espère. »

- Jean-Guy Asselin, producteur de tabac

 

Au début du mois de mai, le gouvernement québécois a proposé aux tabaculteurs de tout abandonner et de se diriger vers d'autres productions.

Le ministère de l'Agriculture consacrera plus de 10 millions de dollars au rachat d'équipement et au soutien technique pour développer de nouvelles productions et de nouveaux marchés.

Mais la reconversion n'est pas évidente. Le sol n'est pas propice à toutes les cultures.

« Le sol à tabac de la région de Joliette est très, très sableux. [...] Dans ces sols, on peut cultiver un grand nombre de choses : le tabac, les oignons, les cultures légumières… Mais ce qui ne se fait pas, c'est les grandes cultures. Ces sols demandent beaucoup d'irrigation. Préalablement, ils étaient pauvres; les producteurs les ont enrichis avec les années. »

- Jean-Guy Asselin, producteur de tabac

 

La culture du tabac couvrait environ 3000 hectares de terres. En les convertissant à la culture maraîchère, il faut choisir soigneusement les légumes qu'on fera pousser pour ne pas inonder le marché.

L'Ontario devra bientôt se soumettre au même exercice. La superficie consacrée à la culture du tabac y est sept fois plus importante qu'au Québec. Là aussi, il faudra faire une place aux anciens tabaculteurs sans nuire aux producteurs maraîchers déjà en place.




La cigarette

La cigarette a vu le jour en Turquie. C'est au cours de la guerre de Crimée, en 1855, que des officiers turcs l'ont fait découvrir à leurs alliés anglais et français qui, à leur tour, l'ont fait connaître à leurs compatriotes. La cigarette n'allait toutefois connaître le succès que 30 ans plus tard, quand des officiers anglais, revenant d'une longue campagne en Égypte, en rapportèrent de vastes provisions dans leur pays. Enfin, en 1865, un Américain inventait une machine spéciale pour fabriquer les cigarettes, et, à partir de ce moment, il devint possible de se la procurer à un prix raisonnable.

Source : L'histoire du tabac.

 

Hyperliens:

Le tabac : la fin d'une époque (1)
Reportage diffusé le 11 novembre 2003

Dix millions de dollars aux producteurs de tabac
Communiqué du gouvernement québécois