Bisbille dans les érablières
Journaliste : Ginette Marceau
Réalisateur : Maurice Roberge
7 mars 2004

 

Le contingentement dans l'érable...

La saison des sucres commence à peine et pourtant des montagnes de sirop dorment dans les entrepôts.

En tout, 44 millions de livres de sirop invendues. Ce surplus s'explique de deux façons : le nombre d'entailles qui a augmenté considérablement et deux années record de production: en 2000 et en 2003.

Pour éviter une chute des prix, la Fédération des producteurs acéricoles du Québec, un organisme qui relève de l'UPA, a décidé d'agir. Elle met en place un système de contingentement. Cette année, les acériculteurs doivent réduire leur production de 25%. Ce qui ne plaît pas à tout le monde.

Léo Doyon est producteur de sirop d'érable à Sainte-Clothilde en Beauce. Il entaille 12 000 érables. Pas question pour lui, qu'on limite sa production. Il vend son sirop directement aux consommateurs. Il est membre de l'Union paysanne.

De l'autre côté, Marcel Larochelle exploite non loin de là, une érablière de 6 600 entailles à Saint-Prosper. La fédération lui doit 4 000 dollars. Selon lui, les producteurs n'ont pas le choix. Ils doivent s'autodiscipliner et fermer le robinet pour éviter encore une fois de gonfler les surplus. Il est président du Syndicat des acériculteurs de la Beauce.

 

Les raisons du contingentement...

Dans les années 2000, il y a eu un surplus d'inventaire très important, les producteurs de sirop d'érable ont été obligé d'aller demander de l'aide au gouvernement pour supporter le 20 millions de livres excédent.

Les instances gouvernementales ont acheté le sirop des producteurs pour les aider et ils ont entreposé ce sirop le temps que l'agence de vente du sirop d'érable puisse le vendre. Ces surplus ne sont pas encore écoulés.

Le gouvernement a dit qu'il ne supporterait plus l'excédent de sirop d'érable. Les producteurs devraient sturcturer leur production et la mise en marché de celui-ci.

C'est ainsi que la solution du contingentement s'est imposée. Elle ne fait toutefois pas l'unanimité.

 

La résolution de 2004...

Cette année, les producteurs seront payés à 100% pour leur sirop s'il respecte leur quota. Au cours des deux dernières années, ils n'ont reçu que 85% du prix pour leur production. La fédération a non seulement imposé des quotas mais elle a mis en place une agence de vente unique et obligatoire. Ce qui veut dire que depuis 2002, l'acériculteur doit vendre son sirop soit à l'Agence soit directement aux consommateurs. Il lui est désormais interdit de vendre à des intermédiaires.

«Il faut racheter notre sirop pour aller le commercialiser et la fédération devient notre concurrent. Ils nous font payer des choses que je ne payais pas avant : le transport de barils eh le lavage des barils, le retour des barils, l'entreposage, le conditionnement de sirop. On en finit pu avec des frais eh… y'a quelque chose qui roule pas rond dans ça.» Léo Doyon

Il trouve que la création d'une telle agence lui coûte trop cher.

Selon l'UPA, le contrôle de la production et de la vente, c'est le prix à payer pour que cesse la mainmise des acheteurs.

«On a vécu ça pendant plusieurs années, des hauts et des bas très fluctuants. Moi j'aime ça connaître une mise en marché structurée, savoir où je m'en vais au début de la saison. J'sais que j'vais avoir un tel prix pour mon sirop alors j'aime mieux me couper. En faire dix barils de moins savoir que j'vais être payé pour dans l'année. Ça donne quoi d'en produire 40 barils pis être payé une piastre la livre tandis que j'peux en produire 30 pis être payé à deux piastres la livre.» Marcel Larochelle

 

L'érablière en ébullition...

Le Québec est le plus gros producteur de sirop d'érable. Au cours des dix dernières années, les exportations ont connu une croissance phénoménale. 80% de sa production annuelle va à l'étranger. Mais cela a été insuffisant pour écouler les surplus. L'avenir des érablières repose sur cette capacité de vendre les produits de l'érable. Mais certains doutent que l'Agence y parvienne.

L'UPA soutient que la résistance aux changements est l'œuvre d'une poignée de producteurs. Ce n'est pas d'aujourd'hui que le torchon brûle dans cette industrie. Mais cette année, ça chauffe plus que d'habitude dans les érablières. Cette ébullition ne devrait cependant pas trop affecter le plaisir des amateurs de sucre.


HYPERLIENS

L'industrie canadienne du sirop d'érable

Fédération des producteurs acéricoles du Québec

Centre de recherche, de développement et de transfert technologique acéricole (Centre ACER inc.)

La roue des flaveurs de l'érable



Le sirop d'érable

Le Canada produit plus de 85% du sirop d'érable de la planète.

Premier exportateur mondial, il a en vendu plus de 28 865 tonnes, dont la valeur a été évaluée à 144,9 millions de dollars, à plus de 30 pays en 2002.

Chez nous, seule la fabrication de frites congelées surpasse cette industrie en ce qui a trait aux exportations.

Source : Agriculture et agro-alimentaire Canada

 

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