La maladie de la vache folle
Journalistes : Ginette Marceau et
Errol Duchaine
Réalisateur : Michel du Montier
18 janvier 2004

 


L'encéphalopathie spongiforme bovine...

L'encéphalopathie spongiforme bovine, que l'on connaît mieux sous le nom de maladie de la vache folle, est une maladie mystérieuse. Ce qu'on sait c'est qu'elle tue les bêtes en s'attaquant à leur cerveau et à leur moelle épinière.


Un peu d'histoire...

Pour mieux comprendre, il faut remonter dans le temps, au début du siècle dernier.

À cette époque comme depuis toujours, on nourrit les animaux avec ce qu'il y a dans les champs et ce que cultive le fermier.

Puis, dans les années 20, on commence à modifier le régime alimentaire du bétail. Ce qu'on fait : on récupère les carcasses d'animaux morts, les os, la peau, les abats, ce qu'on ne mange pas, on le cuit à très haute température, on le transforme en farine et on le donne à manger aux animaux de la ferme. En clair, des ruminants mangent des ruminants. Il y a à cela deux avantages : cette nourriture est un excellent supplément, riche en protéines, et ça nous débarrasse de façon écologique de millions de tonnes de déchets. Tout le monde est content.

Pendant des décennies ça ne cause aucun problème et l'usage des farines animales, les farines carnées se répand dans la majorité des élevages pas uniquement pour les bovins.

 

La crise...

Puis en 1986, rien ne va plus, les vétérinaires signalent un premier cas d'encéphalopathie spongiforme bovine, au Royaume-Uni. Ce qu'on montre du doigt ce sont ces farines. On croit qu'elles contiennent et transmettent un agent infectieux qui provoque la maladie de la vache folle.

Entre 1986 et 1992, au pire de la crise, les cas se multiplient. Plus de 7 000 en 1989, 25 000 en 1991, 37 000 l'année suivante.

Pourquoi la crise est-elle aussi grave en Angleterre et dans le reste du Royaume-Uni. Une explication est avancée. Chez eux, on produit ces farines animales entre autres, à partir de carcasses de moutons morts d'une maladie aux symptômes semblables, connue depuis fort longtemps : la tremblante du mouton. On ne se méfiait pas de ces farines, parce qu'on croyait que cette maladie ne pouvait pas sauter d'une espèce à une autre.

On avait tort. Depuis, on croit que la protéine anormale qui provoque la tremblante du mouton, aurait été transmise aux bovins. Et à leur tour ils auraient développé une maladie apparentée, la maladie de la vache folle.

Si ce type de maladie peut se promener d'une espèce animale à une autre, via la consommation de viande ou de farine, peut-elle alors atteindre l'homme? Les années suivantes nous fourniront la réponse.

 

La maladie Creusfel Jacob...

En 1988, le Royaume-Uni réagit en interdisant de nourrir des ruminants avec des farines de ruminants. La France, également touchée par la crise, emboîte le pas. Finalement, en 1994, tous les pays de l'Union européenne adoptent cet interdit. En 1993, on découvre en Alberta un premier cas de vache folle en Amérique du nord. On s'en inquiète peu : la vache vient du Royaume-Uni. On continue d'utiliser les farines animales.

En 1996, ce qu'on craignait s'est produit en Europe. Un premier cas est confirmé chez l'homme. La maladie porte le nom de variante de Creusfel Jacob mais il s'agit bel et bien d'une forme d'encéphalopathie spongiforme. Jusque là, la crise concernait uniquement le monde agricole, dorénavant c'est une affaire de santé publique.

En quelques années, 140 cas sont recensés. Et comme la maladie prend 10 à 15 ans à se manifester chez l'homme, on craint que le nombre de victimes continue de s'accroître.

 

La réaction des Européens...

Confrontés, à une pareille crise, les Européens vont plus loin pour limiter les dégâts. Fini les farines animales pour tous les animaux de la ferme, pas juste pour les ruminants. En plus, certains pays comme la France vont obliger les abattoirs à tester toutes les bêtes de moins de 24 mois avant que la viande ne soit vendue.

Pourquoi à l'abattoir? Parce que la bête doit être morte pour qu'on puisse faire ce test.

L'exercice est simple, en une journée les résultats sont connus. Autant de tests ça permet d'avoir un portrait exact de la situation. En France, par exemple, en trois ans, on a découvert près de 700 cas. Mais ça ne provoque pas de panique. Simplement, parce que toutes bêtes mortes malades sont retirées du marché avant que leur viande ne soit vendue. Toutes, sans exception.

Ici, en Amérique du nord, on teste peu. Aux États-Unis, c'est insignifiant. Nos voisins testent trois à quatre bêtes sur 10 000. Même pas 1%.

 

Chez-nous...

Depuis la découverte en décembre dernier, d'un 2e cas originaire d'Alberta, le Canada a décidé de tester de plus en plus de bêtes. On devrait passer de 5500 tests à 30 000 d'ici 5 ans pour quelques millions de bêtes abattues à chaque année.

Depuis 1997, on a, par ailleurs, limité l'usage des farines animales, comme on l'a fait en Europe. Mais ce ne sont pas toutes les farines animales qui sont interdites, seulement celles de ruminants qu'on donnait aux ruminants.

Pour l'instant, on peut penser que l'Amérique du nord a été épargné par cette crise. Mais avons-nous un portrait exact de la réalité? N'oublions pas que nos troupeaux de bovins ont été nourris plus longtemps que les troupeaux européens de farines animales. Cela dit, nos troupeaux de moutons n'ont jamais été frappés de la tremblante de façon aussi répandue qu'au Royaume-Uni. Et malgré le peu de tests, peu de cas de vache folle rapportés.

Mais, rappelons-le, comme la période d'incubation de la maladie serait de 4 à 5 ans chez les animaux et de 10 à 15 ans, il faudra attendre encore quelques années avant de pousser un soupir de soulagement.

 

 

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