Ferme en ville
Journaliste : Rachel Brillant
Réalisateur : Maurice Roberge
7 décembre 2003

 


Dernier troupeau laitier à Laval...

 


Les frères Forget et leur père.

Il n'y a pas si longtemps, toute l'île Jésus, aujourd'hui ville de Laval, était couverte de campagnes et de petits villages. Puis l'envahisseur urbain est arrivé. Il a fait disparaître les étables et le bétail. Toutes les fermes ont disparu. Toutes sauf une.

À la pointe est de l'île, depuis six générations, on produit du lait dans la famille Forget. Alain, Benoît et Luc Forget ont chacun leur troupeau de vaches et leurs bâtiments sur le même boulevard.

 

Plaintes pour mauvaises odeurs...

Alain Forget a un troupeau de 90 têtes en zone entièrement agricole. Mais depuis deux ans, il ne pratique plus son métier en paix. Des voisins se plaignent des mauvaises odeurs.

Tout a commencé quand il a décidé de traiter le fumier de ses vaches pour faire du compost. Le procédé qu'il utilise est simple. C'est un système qui souffle de l'air sous le fumier. La chaleur et l'oxygène transforment la matière organique en compost. Le volume de fumier diminue de moitié et perd son odeur un mois plus tard. Alain Forget a voulu bien faire mais la situation s'est retournée contre lui.

 

«Cet été, à partir du 20 mai au 20 juillet, j'ai reçu 20 plaintes d'affilée. Là c'était une pratiquement tous les jours. Il ventait à droite, il ventait à gauche, il ventait pas, j'avais des plaintes à tous les jours.

Je m'endette 3 fois plus qu'un producteur moyen pour régler une problématique d'odeur parce que je suis bien conscient que je suis à côté d'un développement puis je veux pas faire perdre de la valeur aux maisons alentour. Ce n'était pas ça mon idée. Mon idée c'était du bon voisinage. J'ai investi 140 mille dollars de mes poches et je deviens le méchant.»

Alain Forget, producteur laitier.

 

 

Conforme aux règles de l'art...

Et pourtant, Alain Forget a toutes les autorisations du ministère de l'Environnement et de l'Agriculture.

Il a investi jusqu'à maintenant aux alentours de 200 000 dollars et il est conforme à l'ensemble des normes de distances séparatrices et l'ensemble des normes de conformité concernant les jus d'opération, la plate-forme de compostage, la plate-forme de maturation, tout est conforme aux règles de l'art.

Il n'en demeure pas moins que deux fois par moi il y a des odeurs d'étable. Lorsqu'il transfère la matière d'une cellule à l'autre.

«Je pense très sincèrement que ça ne présente pas de problème supplémentaire à n'importe quelle autre façon de manutentionner les fumiers. Je ne fais pas de retournement de mes andins la fin de semaine. Je ne les fais qu'en début de semaine pendant les heures ouvrables puis uniquement quand le vent est du bon côté. Ecoutez je ne peux pas faire plus que ça.»
Alain Forget, producteur laitier.

Pour ménager ses voisins, il s'est imposé des règles au-delà des obligations. La litière sous les vaches est de bran de scie et coupe les odeurs de lisier. L'étable est une serre très haute pour que l'azote évaporé sorte par la couverture. Les vents dominants vont dans le sens opposé du voisinage.

 

Le compostage de l'avenir...

Le procédé de compostage qu'Alain Forget utilise est nouveau et cher. Au Québec, cinq fermes seulement sont équipées du même système de traitement.

Les écoles d'agriculture viennent visiter son système de traitement, disant qu'il s'agit d'un système d'avenir. Au niveau technique c'est un système d'avenir mais au niveau pratique il y a un problème d'acceptation.

Composter est essentiel, c'est un moyen de régler le fameux problème de surplus de fumier.

 

 

 

Alain Forget : un agriculteur en ville...

«En 1980, quand Jean Garon a décrété le zonage agricole, on nous a dit messieurs, maintenant vous faites de l'agriculture, gagnez votre vie avec l'agriculture. Moi j'ai pris ce pari-là il y a 20 ans. Je le fais, mon fils j'espère le fera. Mon père l'avait fait avant moi. Qu'il y ait des gens, qu'il n'y ait pas de gens, écoutez-ben là. On va la faire l'agriculture. On est en zonage agricole. Et puis bon, arrivera ce qu'il arrivera. Mais demain matin, je vais être encore là puis après-demain je l'espère. Puis j'espère que la prochaine génération le sera et pourra faire toute sa carrière au niveau agricole.»
Alain Forget, producteur laitier.

 

 

HYPERLIENS




Principales technologies de traitement des lisiers en développement au Québec.

 

Compostage;

Séparation liquide-solide;

Traitement biologique aérobie;

Traitement biologique anaérobie;

Traitement thermique.

 

Source : Le lisier dans tous ses états.

 

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