Le soya jusqu'au bout
Journaliste : André Bernard
Réalisateur : Marie Eve Thibault
30 novembre 2003

«Au Canada, la transformation complète se fait principalement en Ontario et dans l'ouest du pays. Depuis quelques années à peine, on fait maintenant de la trituration du soya au Québec. »


Le soya au Québec..

Guy Halde est un pionnier du soya au Québec. Il en cultive depuis la fin des années 60.


Champ de soya en fleur.

Il n'y a pas si longtemps, le soya de Guy Halde, comme celui des autres producteurs québécois, partait à l'étranger. La problématique dans ce scénario est que les producteurs sont dépendants des marchés d'exportation.

Le plus curieux, c'est que le Québec exporte autant de soya qu'il en importe. D'un côté, les producteurs vendent leurs fèves de soya, de l'autre les éleveurs importent du tourteau, les résidus de pressage pour l'alimentation animale.

Une situation qui a donné le goût à des producteurs québécois de transformer une partie de leur récolte chez eux.

 

De la culture à la transformation...

Guy Halde a convaincu deux autres producteurs de bâtir une petite usine de trituration du soya à Beloeil.

Il y a cinq ans, il trouve enfin un équipement économiquement viable et un procédé qui lui permet de presser à froid, contrairement aux grandes usines de l'Ontario et de l'Ouest.

Un procédé qui permet de conserver toutes les qualités de l'huile. En 1999 donc, Guy Halde se lance dans la trituration du soya. Une première au Québec.

Même s'ils transforment aujourd'hui une infime partie du soya cultivé au Québec, Soya Excel triture en ce moment 24 000 tonnes de soya par année sur les 315 000 de soya produit en 2002-2003 au Québec.

 

Le procédé de transformation et la mise en marché...

Pendant l'extrusion, le soya est compressé dans un cylindre. La friction intense des fèves durant quelques secondes, va permettre de traiter le soya afin de le rendre plus digestible et mieux assimilable pour l'animal.


Huile de soya.

Ce procédé étant fait, le soya va dans un convoyeur, une autre machine qui sert à presser le soya. C'est à cette étape qu'on y extrait l'huile. On fait l'extraction de l'huile mécaniquement sans aucun solvant.

L'huile produite est brute. Elle n'est ni dégommée, ni désodorisée, ni blanchie, on ne se sert d'aucun produit chimique.

En temps normal, son huile brute et son tourteau devaient être vendus à des compagnies au sud de la frontière. Toutefois, les deux compagnies, celle qui devait acheter le tourteau et celle qui devait acheter l'huile, ont été respectivement vendues puis démolies. Résultat : plus de marché.

«On s'est retroussé les manches, on a pris le chemin, pis on est allé voir les producteurs, les meuniers, pis c'est comme ça qu'on a développé notre marché.» Guy Halde

Le plus gros du travail aura sûrement été de convaincre les nutritionnistes et les éleveurs d'utiliser cette huile brute dans la ration des animaux, aussi bien chez le porc, la volaille que la vache laitière.

 

Et l'avenir?


Guy Halde, transformateur de soya

«Présentement on est dans le mille, je pense, on est dans le plein temps. Quand on a commencé, c'était pas évident, c'était pas évident, on était peut-être en avant de notre temps.

Parce que de l'huile brute…Ça s'utilisait pas dans la nutrition animale avant ça, même ils nous regardaient d'un œil…ça peut y être nocif, ou quoi que ce soit. Mais à date, les résultats, c'est foudroyant les résultats qu'on a au point de vue de l'efficacité pis de la santé des animaux.

La bonne énergie de source végétale pure qu'on apporte, on apporte la santé des animaux et on veut éloigner davantage, diminuer les besoins de médicamentation dans la nourriture animale.»

Par ailleurs, l'huile brute de soya fait l'objet d'une recherche sur les vaches laitières. Ajoutée à la ration de l'animal, elle permettrait de produire un lait amélioré, plus riche en acides linoléiques conjugués (ALC), des acides réputés bénéfiques pour la santé.

 

Le lait ALC devrait être mis en marché en 2004.

 


HYPERLIENS

Information sur la production de soya au Québec

Développement d'un lait santé naturellement enrichi en acides linoléiques conjugués - Forum technologique Novalait 2003

Réseau Proteus portail santé - Les acides linoléiques conjugués



Les acides linoléiques conjugués...

L'image santé des produits laitiers pourrait être définitivement réhabilitée dans l'opinion publique grâce à des molécules possédant d'étonnantes et vertueuses propriétés: les acides linoléiques conjugués (ALC).

La liste des bienfaits attribuables à ces molécules produites par la vache et par les autres ruminants ne cesse de s'allonger; elles combattraient le cancer, l'artériosclérose, le diabète et même l'obésité, chose assez incongrue pour un acide gras!

Certains chercheurs prétendent même que ces molécules annoncent la plus grande révolution en nutrition depuis la découverte des vitamines.

Mais, ces molécules miracles sont peu abondantes dans le lait naturel; elles représentent à peine 0,5% des acides gras laitiers.

Certains nutritionnistes estiment que pour profiter pleinement des bienfaits des ALC, il faudrait que la consommation quotidienne de produits laitiers augmente par un facteur trois.

«Les gens ont des habitudes alimentaires qu'il est difficile de modifier», souligne Yvan Chouinard, professeur au Département des sciences animales. «Il semble plus simple d'augmenter la concentration des acides linoléiques conjugués dans les produits laitiers que de convaincre les gens de consommer davantage de lait.»

Source : Du lait vachement santé

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