Faire pleuvoir
Journaliste : André Bernard
Réalisatrice : Marie-Eve Thibault
16 novembre 2003

«L'objectif de l'irrigation est que la plante n'ait pas d'effort à aller chercher l'eau. C'est comme ça qu'elle va avoir la croissance la plus régulière, la plus uniforme. On doit toujours maintenir une humidité suffisante dans le sol pour que la plante puisse y prélever toute l'eau dont elle a besoin et tous les éléments minéraux qu'elle doit utiliser.» Luc Brodeur, agronome



L'irrigation en agriculture...

 

Au Canada, la plus grande partie de l'eau consommée en agriculture, en excluant les piscicultures, l'est pour l'irrigation.

Au Québec, l'irrigation se limite aux productions très lucratives comme les productions maraîchères.

Aujourd'hui, il y a deux fois plus de terres irriguées au Québec qu'il y a dix ans. Et plus on sème de grandes surfaces, moins on prend le risque de perdre une partie de sa récolte à cause des pénuries d'eau. Alors on s'équipe pour irriguer. Mais pourtant, il y a trente ans, la majorité des producteurs maraîchers n'avaient pas de système d'irrigation.

Si on irrigue plus systématiquement aujourd'hui, ce n'est pas qu'il pleut moins. Seulement, la pluie ne semble plus tomber au bon moment, quand la plante en a besoin. Plus les étés sont secs, plus les producteurs réalisent qu'irriguer coûte cher en temps et en main-d'œuvre. D'où l'intérêt d'irriguer plus efficacement.

De l'eau, il en faut environ 80 litres pour produire chaque kilo de laitues. Une partie de cette eau tombera du ciel; l'autre viendra du système d'irrigation…



 

Irriguer au goutte-à-goutte

Là où la culture le permet, bon nombre de producteurs, sont passés à des systèmes d'irrigation plus performants et surtout plus économees.

Au lieu d'irriguer par aspersion, ils utilisent un système de micro-irrigation. Un système installé en permanence dans le champ, à la base des plants. Un goutte-à-goutte, comme on l'appelle.


Irrigation au goutte-à-goutte.

Irriguer au goutte-à-goutte peut réduire de moitié la consommation d'eau. À condition bien sûr de bien l'utiliser.

Daniel Bergeron est un des rares agronomes au Ministère de l'agriculture à étudier l'efficacité des systèmes d'irrigation.

«En fait l'irrigation au goutte-à-goutte, on a commencé à travailler avec ça dans la région, ça fait un peu plus de dix ans. Et c'est toujours les mêmes questions qui revenaient. Combien de temps je dois irriguer et est-ce l'eau migre suffisamment à l'horizontal et à la vertical pour bien mouiller, humecter comme il faut la zone racinaire?» Daniel Bergeron, agronome

Après avoir étudié la chose l'agronome a eu réponses à ses questions. Des sondes installées sous les plants de poivrons lui ont permis de mesurer à quelle vitesse et à quelle profondeur l'eau s'infiltrait dans le sol. Les résultats l'ont beaucoup surpris.

 

Les résultats...

Paradoxalement, l'économie d'eau que les producteurs croyaient réaliser en irriguant moins n'a pas été aussi grande qu'ils anticipaient.

«Au départ, on s'était dit, bon on va peut-être économiser 50% de l'eau, ça va être fantastique mais ce qu'on avait peut-être pas pensé, c'est que…qui dit irrigation optimale, humidité constante du sol, fertilisation toujours au bon moment, dit aussi, augmentation de rendement et qui dit augmentation de rendement, dit augmentation de besoin en eau. Moi, je préfère parler d'une moins grande utilisation de l'eau par unité produite.» Daniel Bergeron

Autrement dit, on a peut-être consommé autant d'eau mais on a produit deux fois plus de poivrons avec les mêmes réserves. Au fond, mieux dépenser l'eau, c'est peut-être aussi, d'une certaine façon, l'économiser.

 

 

 


HYPERLIENS

Le pilotage de l'irrigation

Brace Centre for Water Resources Management.



Les tendances de l'irrigation...

En ce moment, l'irrigation est une tendance lourde dans le monde parce que les terres irriguées produisent de meilleures rendements.

Plus on réclame des légumes de grande qualité et de belle apparence sur le marché, plus on irrigue des cultures qui autrefois ne l'étaient pas.

Résultat; on irrigue en général, dans le monde, y compris au Québec, toujours de plus grandes surfaces.

C'est pourquoi on cherche par tous les moyens à rationaliser l'eau utilisée dans les champs en perfectionnant les techniques et les outils d'irrigation.

Car tout le monde le sait: l'eau est une ressource épuisable.

Visionnez notre reportage.