Dis-moi ce que tu manges...
Journaliste : André Bernard
Réalisatrice : Marie-Eve Thibault
9 novembre 2003

 


Les protéines animales dans l'alimentation animale ou nourrir des animaux avec des restes d'animaux...

 

Comme nous, les animaux ont besoin de protéines pour vivre. La ration d'un animal d'élevage en est pleine. Principalement des protéines végétales qu'on retrouve dans le soya, le maïs et les fourrages mais sa ration peut aussi contenir des protéines animales.

En fait, l'animal végétarien dans la nature n'a pas besoin de protéines animales. C'est l'homme qui a introduit les protéines animales dans l'alimentation de ces animaux-là.


Et cela ne date pas d'hier. Par exemple, les farines animales sont entrées dans la ration de la volaille dans les années 50, quand on a réalisé qu'elles étaient très riches en protéines et qu'avec elles, on pouvait faire d'une pierre, deux coups : recycler des produits et aller chercher une source de protéines pour les animaux pour en améliorer la productivité.

 

Les farines animales...

Des farines animales on en produit à la tonne.

À chaque fois qu'on abat une bête, on en mange environ la moitié : la viande. L'autre moitié s'en va au recyclage.


Équarissage.

Tous les résidus des boucheries, comme ceux des abattoirs sont récupérés.

Chaque jour, des camions collectent la viande non comestible et font la navette jusqu'aux usines d'équarrissage. On y récupère presque tous les animaux, et tous leurs restes : le sang, les plumes, les os, les carcasses, le gras…. Tout est recyclé.

«La matière première qui rentre dans nos usines a en moyenne 60% d'eau qui est évaporé, les protéines et les graisses sont séparée, la protéine est mise en poudre et stérilisée et le gras est filtré pour être vendu principalement à l'exportation.» André Couture, Sanimal

Les farines animales sont si riches en protéines qu'une petite quantité suffit pour augmenter la productivité d'un animal. C'est d'ailleurs ce qui les a rendu populaire, jusqu'à la fin des années 80.

 

On interdit les farines animales en tout ou en partie...

Quand éclate la crise de la vache folle au Royaume-Uni, on remet l'usage des farines animales en question. On découvre que ces farines animales contiendraient l'agent infectieux. Une protéine prion anormale. Celle qui affecte le cerveau des bovins.

En raison de cette découverte, plusieurs pays vont interdire par la suite, en tout ou en partie, l'usage de ces farines animales.

En 1997, le Canada interdit, les farines de viande et d'os de ruminants dans l'alimentation des ruminants. Par contre, ces farines de ruminants continuent de servir à l'alimentation du porc et du poulet, des espèces qui ne développent pas la maladie de la vache folle.

À l'inverse, les farines de porc, de volailles, peuvent finir dans la ration alimentaire de tous. En théorie du moins.

En pratique, ça dépend de chaque meunerie. Les farines animales n'entrent pas systématiquement dans toutes les moulées. Les moulées sont composées en fonction d'une palette d'ingrédients. Chacun des ingrédients est choisi selon sa disponibilité, ses qualités nutritives et son prix.

 

Farines animales : les jours sont comptés...

Depuis la découverte, l'été dernier, d'un cas de vache folle en Alberta, il y a un de ces ingrédients que le Canada n'arrive plus à exporter : la farine animale issue de ruminants. Surtout, si elle contient des résidus à haut risque, comme la cervelle ou la moëlle épinière, où se concentre la maladie.

Même sur le marché domestique, des producteurs commencent à bouder les farines animales. Cet été, les producteurs de porc de l'Ontario ont tranché. Fini les farines de porc et de ruminants dans la nourriture de leurs bêtes. Question de protéger leur marché japonais. Il n'y a pas si longtemps, ce sont des chaînes de restauration qui ont exigé un poulet «tout végétal» de leurs fournisseurs. C'est autant de signes qui indiquent que le temps des farines animales est compté.

 

Les laboratoires d'Agriculture Canada à Lennoxville...

Si le remplacement des farines animales est simple dans certains cas, il ne l'est pas dans tous les élevages. C'est justement pour ces productions que les chercheurs travaillent à des solutions de rechange.

Dans les laboratoires d'Agriculture Canada à Lennoxville, on étudie la digestion animale.

Si on souhaite améliorer les protéines végétales c'est qu'elles ne remplacent pas parfaitement les protéines animales. Une farine de sang, par exemple, n'est pas interchangeable avec un tourteau de soya.

Et pourtant, convertir des élevages de dimension industrielle à un régime tout végétal n'est pas une chose impossible. C'est ce qu'ils ont fait en Europe.

Pour l'instant, le remplacement de toutes les farines animales par des acides aminés de synthèse serait un procédé complexe et coûteux. De plus il provoquerait une baisse de productivité de l'animal.

 

La solution?

Une chose est certaine, ne plus recycler les restes des animaux ne règlerait pas tous les problèmes. Il y aura toujours des déchets d'abattage.

Qu'est-ce qu'on en fera si on ne les transforme pas en farines animales?

Les incinérer?

Les enfouir?

Et de quelle façon?

À quel endroit?

Le danger, comme en Europe, c'est de régler un problème de santé publique pour en créer un autre, un problème d'environnement cette fois.

 

 

 

La principale cause connue de contamination des bovins est l’ingestion de farines animales provenant de carcasses d’animaux contaminés. Cependant, compte tenu qu’il est interdit d’utiliser les farines animales produites à partir de carcasses de ruminants pour nourrir d’autres ruminants au Canada depuis 1997, la probabilité que d’autres animaux soient infectés est très faible. Par conséquent, en ce moment le risque pour la santé humaine demeure faible.

Source : Ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentaiton du Québec

 


 

HYPERLIENS

Vache folle en ligne, l'actualité de la vache folle


L'enquête sur la vache folle au Royaume-Uni


Agence canadienne d'inspection des aliments




Rappelons les faits reliés à l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) ou encore la maladie de la vache folle.

Le premier cas d'ESB apparaît en Angleterre en 1985.

En 1995, trois Britanniques meurent d'une forme jusqu'alors inconnue de la maladie de Creutzfeldt-Jacob.

En mars 1996, le gouvernement britannique émet la possibilité que cette maladie, désormais appelée nouvelle variante de la maladie de Creutzfeldt-Jacob (vMCJ) puisse être contractée en consommant de la viande de boeuf atteint d'ESB.

À ce jour, 135 cas suspectés ou confirmés de vMCJ ont été enregistrés en Angleterre, dont 104 ont entraîné la mort.

Quant à l'origine de l'ESB, l'ingestion par les bovins de farines animales issues d'autres ruminants (bovins ou ovins) infectés reste la voie la plus suspectée.

Source : Le devoir

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