Porc ou contre
Journaliste : Aubert Tremblay
Réalisateur : Michel Sylvestre
26 octobre 2003

 


L'eau de Lacolle...

C'est la fin septembre dans le secteur de Lacolle. Tout est calme autour de la petite municipalité, le blé est déjà dans les silos et le maïs attend la récolte.

Ce décor champêtre et calme est pourtant le théâtre de grands débats. Beaucoup de gens de Lacolle sont préoccupés par la qualité de l'eau qui traverse leurs terres.

Le conseil municipal a convoqué les citoyens pour leur proposer des règlements visant à protéger l'eau.

La municipalité a demandé à un expert conseil, l'agronome Florian Bernard, d'évaluer la qualité des cours d'eau de Lacolle. Pour protéger l'eau, il suggère d'imposer aux agriculteurs des bandes riveraines plus larges que les normes actuelles et d'interdire l'épandage du fumier.

Ces réglementations, plus sévères que ce qu'impose le ministère de l'environnement, ne font pas l'unanimité auprès des agriculteurs de Lacolle.

 

La peur des mégaporcheries...

Ces réglementations visent en fait à empêcher l'installation de porcheries dans la municipalité.

«Ça fait un an et demi qu'on se chicane, qu'on se tiraille pour faire des règlements. Le but de ça c'est de contrer l'arrivée d'industriels porcins sur notre territoire. C'est pas de défaire l'agriculture c'est de protéger l'eau. De protéger l'eau.»
Robert Patenaude, environnementaliste et producteur agricole

Il n'y a pas encore de porcheries de grande taille à Lacolle et beaucoup de citoyens, dont des agriculteurs, n'en veulent pas. Mais à cause de la loi qu'on a appelé le «droit de produire», la municipalité ne peut pas les interdire.

Alors, plusieurs voient dans ce règlement sur les bandes riveraines un moyen détourné pour empêcher leur arrivée. Sauf qu'on propose des bandes riveraines de 20, 60 et même 120 mètres. Ça paraît nettement excessif aux agriculteurs déjà en place qui, eux, n'ont rien à voir avec les mégaporcheries!

 

Le projet de porcherie...

À Saint-Bernard-de-Lacolle, village voisin de Lacolle, un projet de porcherie se travaille. Dennis Wallace et Catherine Brownridge cultivent 850 acres de terre et veulent être autosuffisants en engrais. Ils veulent installer une porcherie à peu près à 1.4 kilomètres des chemins publics. La porcherie serait entourée complètement par le bois et par des champs de maïs.

«Le plus gros avantage c'est d'avoir notre ferme plus autosuffisante en engrais. Puis pour améliorer la qualité de nos sols avec les minéraux mineurs. C'est juste pour garder nos terres plus en forme qu'avec les produits chimiques.»
Dennis Wallace

Pour son projet de porcherie, Dennis Wallace est associé à une grosse entreprise, l'intégrateur F. Ménard, qui produit 10 % de tous les porcs du Québec. F. Ménard n'a pas réussi à obtenir son permis de construction avant l'imposition du moratoire, en 2002. Le projet est donc pour l'instant bloqué.

 

Contre les porcheries... Pourquoi?

Dennis Wallace voit plusieurs avantages à sa porcherie. Avec le projet, son fumier serait gratuit et il n'y aurait pas de coût d'épandage. Son engrais remplacerait les produits chimiques.

Ce qui inquiète surtout les opposants c'est qu'une partie des terres des Wallace est régulièrement inondée au printemps. Le lisier risque donc d'être emporté dans la rivière.

«Ça arrive une fois dans cinq ans peut-être qu'on a vraiment beaucoup d'eau, il y a peut-être six pouces dans trois ou quatre jours et j'ai déjà vu 5% de nos terres avec l'eau dessus. 5% ça veut dire que c'est pas gros, une fois dans cinq ans.»
Dennis Wallace

«Le lisier de porc a quelque chose de particulier qui est plus nocif pour l'environnement, plus nocif pour les humains peut-être. Alors c'est pour ça. C'est le problème actuel, ça.»
Carmen Labelle, environnementaliste

« Il y a d'autres facteurs aussi. Le porc s'est développé de façon beaucoup plus rapide, beaucoup plus grande que les autres productions. C'est une production pour l'exportation. »
Robert Patenaude

 


HYPERLIENS

 




 


Exportation du porc

Le cheptel porcin québécois bénéficie d’une qualité sanitaire élevée lui assurant un accès aux pays importateurs les plus exigeants. Aussi, le Québec exporte la moitié de sa production porcine, soit près de 40% des exportations canadiennes de viande de porc. En 2002, la valeur des exportations s'est élevée à 835 millions $.

Les produits porcins québécois sont exportés dans plus de 75 pays, dont les États-Unis et le Japon.

 

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