La plaie des champs
Reporter - réalisateur : Charles Marcoux (Régina) 12 octobre 2003

«Elles rempliront tes maisons, les maisons de tous tes serviteurs et les maisons de tous les Egyptiens . Bientôt, il ne restera aucune verdure aux arbres, ni à l'herbe des champs, dans tout le pays d'Egypte.»
(Exode, 10:6,15)


Les sauterelles dans l'ouest du pays...

Les agriculteurs des prairies sont aux prises avec un insecte envahisseur, les sauterelles.

Cet insecte, que l'on appelle communément sauterelle est en fait un cricket birayé. Il peut détruire jusqu'à six fois son poids en plante et cela en moins d'une journée.

Les agriculteurs regardent leurs récoltes se faire manger par ces insectes voraces.

 


Un écosystème simplifié...

''Les espèces nuisibles d'aujourd'hui n'étaient pas un problème il y a cent ans. Elles se sont adaptées à un écosystème simplifié.''
Owen Olfert, entomologiste pour Agriculture Canada à Saskatoon

Un écosystème simplifié, c'est ceci : une seule plante sur des centaines de kilomètres carrés.

Cette façon de cultiver a aussi simplifié le monde des insectes.

Sans le vouloir, l'agriculture a ouvert la porte aux grandes invasions.


Owen Olfert

 

 

Printemps 2002

Mai 2002, le nombre de sauterelles est en progression rapide dans l'Ouest depuis un an. Dans toutes les régions, des dizaines de chercheurs sont sur le pied d'alerte.

Ils étudient et surveillent la situation attentivement. Ils mettent les agriculteurs en garde contre les fortes possibilités d'invasions de sauterelles.

Au labo...

Au laboratoire, les échantillons sont examinés au microscope. On divise les oeufs et on les compte un à un pour vérifier leur état. On constate alors que plusieurs de ces oeufs sont fragiles.

Les parasites pourraient les détruirent. Tout ce qu'il manque, c'est une bonne pluie pour activer les microbes.

 

 

Été 2002

Le pire arrive : L'été 2002 est marqué par l'une des plus graves sécheresses de l'histoire.

Ce qui reste des récoltes est abandonné aux sauterelles.

Laissés à eux-mêmes avec nourriture et chaleur, les insectes pondent leurs œufs et préparent la prochaine invasion, celle de l'été 2003.

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Printemps 2003

La contre-attaque des agriculteurs...

 

Mai 2003, les gouvernements mettent sur pied des programmes d'aide pour l'achat de pesticides.

À elle seule, l'Alberta met de côté plus de 10 millions de dollars pour aider les fermiers aux prises avec les sauterelles.

Quand les sauterelles attaquent, les agriculteurs contre-attaquent avec certains des produits les plus toxiques de l'arsenal agricole.

Autrefois on utilisait de l'arsenic, aujourd'hui le produit est différent mais toujours extrêmement toxique. La grande différence, c'est qu'ils se décomposent rapidement et deviennent relativement inoffensifs quelques heures après l'arrosage.

Une demi-cuillère à thé de «Decis», un des produits utilisé contre les sauterelles, suffirait pour tuer un être humain. Les sauterelles touchées meurent en moins de 5 minutes.

Ces contre-attaques, très localisées, ne suffisent pas à contrer l'invasion.

 

 

Été 2003

La pire infestation de sauterelles en 15 ans...

Juillet, les sauterelles atteignent l'âge adulte et mangent avec plus de voracité.

En trois ans, la population de sauterelles n'a pas cessé de grandir dans les trois provinces des Prairies. À la fin d'un autre été chaud et sec, la zone rouge est plus grande que la Nouvelle-Écosse.

C'est l'une des pires infestations en 15 ans.

 

 

 

L'autre solution...

«Beaucoup de gens disent que si l'on n'utilisait pas de produits chimiques, la nature nous débarrasserait des sauterelles encore plus vite. Il faut quand même défendre nos récoltes un peu.»
Larry Toner, agriculteur touché par l'invasion de sauterelles.

Owen Olfert reconnaît l'utilité des pesticides, mais il croit qu'il est temps de trouver de nouvelles solutions.

«On essaie de développer une approche holistique de contrôle des insectes, avec les rotations, les méthodes biologiques et les ennemis naturels.»
Owen Olfert

L'entomologiste d'Agriculture Canada, Owen Olfert, étudie des méthodes de culture différentes pour contrôler les sauterelles. Il tente de déterminer si certaines rotations de plantes, des céréales ou des oléagineux, aidées par des arrosages modérés de pesticides, peuvent réduire le nombre d'insectes nuisibles.

Il cherche à savoir si certaines plantes attirent les bons insectes, c'est-à-dire ces parasites qui, par exemple, se nourrissent des œufs de sauterelles.

Il faudra des années avant que ses recherches donnent des résultats. Mais peu importe les conclusions, l'entomologiste croit que la solution doit passer par une réforme de l'agriculture.

«La température est un facteur déterminant pour les sauterelles, mais nous devons assumer une bonne part de la responsabilité. L'agriculture moderne a créé un environnement idéal pour ces parasites. On a un peu aggravé le problème… maintenant il faut trouver des façons d'adapter l'agriculture pour contrôler les invasions d'insectes.»
Owen Olfert

 

 

Automne 2003

Que nous réserve l'été prochain...

Le dernier décompte des œufs de sauterelles de l'année est en cours.

Les résultats seront connus d'ici quelques semaines, mais déjà tout indique que la quantité d'œufs dans le sol pourrait atteindre un niveau record dans les régions infestées.

C'est un bien mauvais signe, car si l'été prochain est aussi chaud et sec que l'été dernier, l'infestation sera encore plus sévère en 2004.

 

Les différentes sauterelles de l'Ouest...

Parmi la centaine d'espèces de sauterelles présentent dans les Prairies, 5 dominent maintenant le paysage:


Le Cricket birayé.


Le Packard, un cricket peu répandu il y a un siècle qui est aujourd'hui l'espèce dominante.


Le Cricket voyageur, il raffole des céréales et des légumineuses.


Le Differentialis, il peut détruire un champ de maïs en trois jours.


Le Cricket tellucide, lui est la terreur des pâturages.


HYPERLIENS

 




Les sauterelles.

«Une seule sauterelle est un insecte inoffensif et sans défense; elle peut être écrasée dans la paume de la main.

Mais qu'elles envahissent massivement un pays, par millions et par milliards, et cela devient un fléau contre lequel les humains ne peuvent rien.»

Source : Les merveilles de la nature.

 

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