Mon lait s'il vous plaît
Reporter : Chantale Desbiens
Réalisateur : Jean-Pierre Dussault
12 octobre 2003

 


L'usine de Chambord : le conflit...

L'usine de Chambord a été agrandie et modernisée en 1998. Groupe Lactel, qui en était le propriétaire, a investi 38 millions de dollars pour y concentrer ses activités de transformation laitière.

Les producteurs de lait du Saguenay-Lac-Saint-Jean étaient partie prenante du Groupe Lactel.

En décembre 2000, des déboires financiers entraînent la vente du Groupe Lactel à Agropur.

À peine 2 mois après avoir acheté l'usine, Agropur cesse de produire du fromage à Chambord. L'usine qui fabriquait du fromage râpé et du mozarella se concentrera, pendant un certain temps sur la transformation du lait en beurre et en poudre.


Agropur met la clé dans la porte.

En septembre 2002, la coopérative Agropur, met définitivement la clé dans la porte et fait savoir qu'elle compte démanteler les installations.

Le 28 octobre, producteurs de lait, transformateurs, représentants de l'UPA, ex-travailleurs de l'usine, maires de plusieurs municipalités et leaders des différents syndicats du Saguenay-Lac-Saint-Jean entreprennent de bloquer l'entrée de l'usine d'Agropur à Chambord. Ils vont y rester pendant 7 semaines pour empêcher Agropur de partir avec les équipements qui se trouvent à l'intérieur de l'usine.

 

Les transformateurs de lait veulent acheter l'usine...

Pendant que les producteurs de lait font le guet devant l'usine de Chambord, un groupe formé du Syndicat des producteurs laitiers, de la Fédération régionale de l'UPA et des transformateurs de lait entreprend des négociations avec Agropur pour acheter les installations.

Ces transformateurs, ce sont: Nutrinor et Laiterie de La Baie dans le lait de consommation, les fromageries Boivin, St-Laurent et Perron, toutes spécialisées dans le cheddar frais et vieilli. Cette fois, ils ont mis de côté leur rivalité commerciale pour sauver l'usine de Chambord.

 

La fin d'un rêve...

Au début de mars 2003, le groupe réussit à arracher d'Agropur une promesse de vente. Pour 5 millions de dollars, la coopérative lui cédait les bâtiments, les équipements et le terrain.


Transformateur de lait.

Agropur demandait en contrepartie aux acheteurs de régler avec Cégerco, une firme d'ingénierie du Saguenay-Lac-St-Jean, une poursuite intentée à la suite des travaux de modernisation et d'agrandissement de l'usine de Chambord.

C'est là que l'entente achoppe. Le 11 juin, les promoteurs baissent les bras, les conditions imposées par Agropur leur sont impossibles à remplir.

 

 

 

Le lait se promène...

Au Saguenay-Lac-St-Jean, la production de lait atteint 160 millions de litres par année.

Là-dessus, entre 60 et 70 millions de litres sont transformés en région.

Depuis que l'usine de Chambord est fermée, les 100 millions de litres restants doivent être transformés de l'autre côté du Parc des Laurentides.

 

La crainte de la centralisation...

Au Québec, c'est la Fédération des producteurs de lait qui gère tout le transport du lait, de la ferme aux usines.

Que l'usine de transformation soit à Montréal ou qu'elle soit en Gaspésie ça ne change rien pour les producteurs de lait.

À l'heure actuelle, ils reçoivent le même prix pour leur lait, ils paient le même coût de transport. Donc, au niveau du producteur ça n'affecte en rien sa condition économique.

Ce que craignent les producteurs en région, c'est que, devant l'énormité des coûts de transport, des géants comme Agropur réussissent à faire changer les règles du jeu à leur dépens.

En voulant acheter l'usine de Chambord, les producteurs et transformateurs de lait du Saguenay-Lac-St-Jean se sont battus aussi contre la centralisation.

 

Tout n'est pas perdu...

La mobilisation menée autour de l'achat de l'usine de Chambord n'aura tout de même pas été vaine.

Après un recul, les gens de la place se disent que le combat n'est pas perdu. Ils ont gagné une prise de conscience générale de la population pour la prise en charge de la transformation laitière dans la région du Saguenay-Lac-St-Jean. Il semblerait aussi que d'autres projets de transformation sont présentement sur la table.

Mais pour réaliser ces autres projets de transformation, les promoteurs auront besoin de lait.

C'est la convention de mise en marché du lait qui établit les règles pour le partage des droits de transformation entre les usines.

Il leur faudra donc négocier à l'intérieur de cette convention pour obtenir les quantités de lait qui leur seront nécessaires

 


HYPERLIENS

 




Boycottage des produits d'Agropur

Le 23 octobre 2002, réunis à Alma à l'occasion du 72e congrès de la Fédération régionale de l'UPA, les producteurs agricoles du Saguenay-Lac-Saint-Jean font part de leur mécontentement à la coopérative Agropur et ils amorcent un mouvement de boycottage de ses produits et de ceux de sa filiale Natrel.

Cette dernière s'étant vu octroyer depuis peu le contrat de fournir en produits laitiers tous les établissements de santé de la région au cours des trois années suivantes.

Source : Agro Clic

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