Tout ça pour une vache !
Reporter : André Bernard
Réalisatrice : Marie-Eve Thibault
14 septembre 2003

Après trois mois d'embargo et plus d'un milliard de dollars de pertes au pays, la frontière américaine est seulement entrouverte.


Les répercussions

En mai 2003, une seule vache fait du Canada une bête noire aux yeux des acheteurs étrangers. Instantanément, une trentaine de pays ferment leurs frontières au boeuf canadien, dont les États-Unis, qui achètent 70% de la production canadienne.

D'ouest en est, tous les bovins destinés à l'exportation sont parqués aux champs. Les producteurs de l'ouest sont aux prises avec des inventaires immenses: 600 000 têtes en trop.

L'été terminé, le pâturage dans les champs achevé, les producteurs ont un sérieux dilemme: garder les bêtes et les nourrir à grand frais ou liquider?

À l'Est du pays, où se concentre la production laitière, la situation est légèrement différente : ce sont surtout les producteurs de veaux de lait et de grain qui écopent. Les produits laitiers continuent de traverser la frontière, mais pas les vaches destinées à l'exportation.

Plusieurs victimes

Il n'y a pas que les producteurs. Parmi les victimes directes de la crise : les encans. «Le trafic aujourd'hui est extrêmement ralenti, le volume n'est pas fort.»

Les encans électroniques de bouvillons au Québec sont suspendus. Le marché vacille. Les prix s'effondrent. Des bêtes sont vendues au tiers de ce qu'elles valaient.

Même si la demande de viande se maintient sur le marché local, les surplus de viande qui d'ordinaire partaient vers les États-Unis, doivent être congelés.

«Cette histoire a permis de réaliser que la dépndance par rapport à un seul marché en terme de commerce était un risque élevé s'il arrivait un accident de parcours.»
Michel Dessureault, président Fédération des producteurs de bovins du Québec


L'équarrissage

Dans les boucheries comme à l'abattoir, les déchets de viande bovine vont à leur tour paralyser une autre industrie : l'équarrissage.

Tous les restes d'animaux sont transformés: soit en farine pour l'alimentation animale ou en gras. Cependant, les carcasses et les résidus de viande n'étaient habituellement pas triés. Les résidus de poulets et de porcs se retrouvaient avec les résidus de boeuf.

La crise de la vache folle a donc forcé plusieurs équarisseurs à traiter les résidus dans des usines distinctes.


Pour les fournisseurs de veaux de boucherie

L'automne pourrait toucher un autre groupe de producteurs : ceux qui fournissent les veaux de boucherie. La plus grande partie des ventes se fait en septembre, octobre et novembre.

«Ce sont trois mois critiques pour la commercialisation des veaux d'embouche. S'il n'y a pas intégration des marchés, on peut s'attendre à ce qu'il y ait perte de confiance du marché et à ce que les prix ne soient pas au niveau où ils devraient être.» Michel Dessureault, président Fédération des producteurs de bovins du Québec

Chez les Américains...

Dans une industrie aussi intégrée que le boeuf, les producteurs canadiens savent bien que leurs voisins du sud sont dans le même bateau.

«Je pense que les Américains sont très sensibles à la situation. Leur cheptel est vingt fois plus grand que le cheptel canadien. Sur une base statistique, le risque de trouver un cas isolé au États-Unis est peut-être plus grand que de le trouver au Canada.» Michel Dessureault

Après trois mois d'embargo et plus d'un milliard de dollars de pertes au pays, la frontière américaine est seulement entrouverte. Personne ne peut prédire encore quand viendra la levée complète de l'embargo américain qui permettra aussi aux animaux vivants de traverser la frontière...




HYPERLIENS

L'équarrissage et ses problèmes

Vache folle.com

Maladie de la vache folle
Santé Canada




 

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