Vache à lait (thématique sur l'industrie laitière)
Reporter : Ginette Marceau
Réalisatrice : Micheline Vien
13 juillet 2003

Dans les années 60, les agriculteurs n'ont aucun quota à respecter. Ils produisent autant qu'ils le veulent…mais les temps sont durs. Beaucoup de producteurs ne parviennent pas à joindre les deux bouts.

 

L'industrie laitière occupe une place prépondérante au Québec. Mais ça n'a pas toujours été le cas. En fait, ce n'est que vers la fin du 19e siècle que les fermiers canadiens français s'intéressent à la production laitière.

 

À la seconde guerre mondiale, Ottawa régionalise les productions agricoles au Canada. On donne alors au Québec et à l'Ontario le mandat de produire le lait et le porc.

Dans les années 60, les événements se bousculent. Les agriculteurs n'ont aucun quota à respecter. Ils produisent autant qu'ils le veulent…mais les temps sont durs. Beaucoup de producteurs ne parviennent pas à joindre les deux bouts. En 1966, le tiers des producteurs de lait du Québec et de l'Ontario vivent sous le seuil de pauvreté.

Cette même année, on crée la Commission canadienne du lait. Des quotas établis en fonction de la production historique de chacune des provinces sont imposés. Mais ces nouvelles mesures ne règlent en rien les problèmes de revenus des producteurs.

Un autre fait marque les années 1960 : le regroupement des nombreuses coopératives de lait. Le gouvernement met sur pied des mesures et des incitatifs à la consolidation des usines laitières coopératives. On va donc créer les six grandes coopératives régionales qui vont elles-mêmes fusionner pour créer Lactel et Natrel dans le lait de consommation au début des années 90.» Michel Morisset, directeur du programme de gestion et d'agronomie alimentaire, Université Laval

Les producteurs mettent aussi en place un système de vente provincial, appelé plans conjoints. «Ces plans conjoints vont fusionner en 1972 pour créer un seul plan conjoint des producteurs de lait de consommation. Il y aura donc un seul lieu unique où tout le lait de consommation sera vendu à toutes les laiteries. » Michel Morisset

En 1975, neuf ans après la création de la Commission canadienne du lait, Ottawa accorde des hausses de quotas aux producteurs.

«En réalité, c'est une augmentation qui est insensée par rapport aux marchés. On va se ramasser immédiatement avec un surplus immense parce que à la fois on augmente les quotas et on augmente le prix donc il y a un incitatif très important pour les producteurs de réagir et le gouvernement va être obligé de couper les quotas en 1976.» Michel Morisset

Ce fut la dernière intervention gouvernementale dans la fixation des quotas. Après, c'est la Commission canadienne du lait qui a géré cette émission de quotas.

En trente ans, la production de fromage a quadruplé, passant de 43 000 tonnes par année à 172 000 tonnes.

Les Québécois s'intéressent non seulement aux fromages, mais aussi au yogourt, un produit longtemps boudé.

 

Les produits de transformation


À cette époque au Québec, la production de fromage passe d'abord et avant tout par la production de cheddar. Sa réputation traverse même les frontières.

Les exportations de cheddar tombent à zéro en 1973 avec l'entrée de l'Angleterre dans le Marché Commun devenu plus tard, l'Union Européenne. La belle époque est terminée. Ce n'est qu'après d'intenses négociations, que les producteurs de cheddar peuvent de nouveau exporter en Angleterre. Mais l'accès est limité.

Fort heureusement, le goût des Québécois se développe et se raffine. La population s'intéresse à la gastronomie internationale, ce qui l'amène à développer de nouveaux produits.

En trente ans, la production de fromage a quadruplé, passant de 43 000 tonnes par année à 172 000 tonnes. Les Québécois s'intéressent non seulement aux fromages, mais aussi au yogourt, un produit longtemps boudé.

«En 1977, nous avons produit plus de quatre millions de livres de yogourt au Québec, soit près de 50% de la production canadienne . Nous en exportons des quantités appréciables et les yogourts québécois sont très en demande en Ontario. On les retrouve même dans l'Ouest, jusqu'à Vancouver.»

En 30 ans, la production de yogourt est multipliée par huit pour atteindre plus de 84 000 tonnes en 2001. Mais les règles du jeu sont en train de changer. Le secteur agricole fait dorénavant parti des pourparlers de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Les producteurs sont inquiets.

 

 


HYPERLIENS

Commission canadienne du lait

Fédération des producteurs de lait du Québec

 




 

Les problèmes de l'industrie...


L'industrie laitière doit non seulement faire face à un éclatement des marchés, mais aussi à une dénatalité. Alors que traditionnellement, c'était les enfants qui consommaient du lait, l'industrie doit maintenant courtiser les baby-boomers et les convaincre que de boire du lait c'est rester en santé. En misant sur cette clientèle, les agriculteurs espèrent maintenir leur niveau de production actuelle.


Autre phénomène à surveiller : le déclin des fermes laitières. Un phénomène qui semble bien loin de s'essouffler...

«C'est clair qu'on va continuer à voir une diminution du nombre de producteurs. En 1966, on avait environ 65 000 producteurs de lait. En 1971, il en restait 38 000. Cette année, au moment où on se parle, il en reste 8 000.» Michel Morisset, Université Laval

«On voit qu'il y a un phénomène continu de l'augmentation de la taille des exploitations. Certaines régions se vident de leurs producteurs de lait parce que les producteurs de lait vont rester dans les régions qui sont les plus propices à la production laitière.» Michel Morisset

 

Visionnez notre reportage sur l'histoire de l'industrie laitière :

 

Partie I

 

Partie II