On se paye la traite
Journaliste : Eddy Verbeeck
Réalisateur : Marc Fafard
29 juin 2003

« Depuis ces changements à l'étable, on vit plus proche des animaux. On se promène à travers eux et ils sont plus calmes...» Yves Roux, propriétaire de la ferme roulante.


Bien gérer son temps...

Alors que très tôt le matin la plupart des agriculteurs sont au travail, Yves Roux peut prendre le temps de bien déjeuner. C'est qu'à son étable, à quelques centaines de mètres de là, ça travaille ferme! Le producteur laitier de Tingwick, près de Victoriaville, a misé sur le nec plus ultra de la robotisation.

Quatre trayeuses au laser, une cantine roulante informatisée, des racleuses mécaniques, des brosses à dorloter.

Bref, pourquoi vivre dans le stress quand la technologie prend en charge la besogne traditionnelle? Au lieu d'adapter son horaire à celui des animaux, il l'adapte désormais à ses besoins.

«Mon travail est rendu plus flexible qu'il était. Maintenant, c'est moi qui décide. Ce n'est pas que nous travaillons moins. Par contre, au lieu d'être là le matin ou le soir, je peux maintenant venir à 22 heures, après une réunion.» Yves Roux.

Les débuts d'une innovation

Tout a commencé lors d'un voyage d'étude en Europe au printemps 2000. Les Roux ont découvert en Suède et en Hollande des modèles de fermes ultra-modernes. La technologie les a certes intrigués, mais ce qui les a étonné, c'est la fluidité du mouvement dans l'étable.

«On voyait une circulation constante. Il y avait de la place pour manger et pour coucher. De plus, aucune vache n'attendait pour se faire traire. Ça voyageait tout le temps.» Yves Roux.

De retour au Québec, Yves et Yolande Roux ont adapté le concept aux réalités du climat et selon une vision de l'espace plus généreuse et plus avancée.

Dans ce système où l'émancipation de la vache et de l'agriculteur vont de pair, les occupations de ce dernier changent. Il y a davantage de travail de bureau, moins de charges liées directement aux soins des animaux. Le contact avec les bêtes est tout de même entretenu. Yves Roux trouve même qu'il est meilleur.

La ferme compte 275 vaches laitières et 300 taures, dont 90 gestantes. Le quota est de 300 kg / jour.


Plusieurs changements...

Là où ils le croiront approprié, les propriétaires y mettront du nouveau. À deux, ils explorent des sentiers inconnus, sachant que cela comporte des risques. C'est toujours leur esprit d'entreprise qui s'exprime.

Des journées portes ouvertes avec 4 500 visiteurs en un seul week-end ont prouvé l'intérêt et l'actualité de cette approche.

L'automatisation touche aux aspects fondamentaux du travail d'éleveur. Les gains en productivité et en qualité de vie, tant pour l'homme que pour l'animal, sont des attraits indéniables pour ce nouveau mode d'exploitation.

La transformation de la ferme a coûté un peu plus de deux millions à ses propriétaires. C'est une somme importante. Ils en sont conscients, mais les résultats ne se sont pas fait attendre, la production laitière de lait ayant augmenté de 20%. Pour les Roux, il est clair que la qualité de traite est pour beaucoup dans cette croissance.

 

 



 

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