Sirop à vendre
Reporter : André Laprise
Réalisateur : Jean-François Michaud
27 avril 2003

«Le sirop d'érable, c'est un produit unique. C'est peut-être ce qui donne l'impression que c'est facile à vendre. Pourtant, ça porte aussi son lot de difficulté...» Luc Lussier, D.G. Citadelle


Tiraillements dans le sirop...

Pendant très longtemps, tous les producteurs de sirop d'érable pouvaient vendre leur production à l'acheteur transformateur de leur choix. Mais en 2001, la Fédération des producteurs acéricoles du Québec s'est dotée d'une agence de vente.

Aujourd'hui, l'Agence est obligatoire et regroupe les 6 800 producteurs qui vendent du sirop en contenants de plus de cinq litres (en vrac). Elle prélève huits cents du litre pour les frais de mise en marché, gère les surplus et a le pouvoir de négocier les prix avec les acheteurs transformateurs.

La production de sirop d'érable augmente beaucoup plus vite que la consommation et le développement des marchés d'exportation.


Quel sera le rôle de la Coopérative ?

Avant 2001, c'était Citadelle, la Coopérative des producteurs de sirop d'érable, qui écoulait le sirop d'érable qui ne se vendait pas à la ferme. Citadelle existe depuis 78 ans et représente environ un tiers des producteurs.

Ses dirigeants pensent que l'Agence de vente veut prendre la place de la Coopérative. «Une coopérative est par définition une agence de vente pour ses propres producteurs. Quand on a une agence provinciale qui existe depuis 78 ans, ça pose un problème de mission. Quelle sera la mission de la Coopérative maintenant?» Luc Lussier, D.G. Citadelle

Les dirigeants de Citadelle estiment que l'Agence de vente ne tient pas compte du lien entre le coopérateur et sa coopérative. «Concrètement, le lien n'existe plus avec le sociétaire. Actuellement, la Coopérative s'approvisionne auprès de l'agence de vente comme n'importe quelle autre entreprise dans le domaine.» Luc Lussier

Pour les responsables de la Fédération, le lien entre la coopérative et ses sociétaires existe toujours. «Le lien n'est pas brisé. Citadelle peut recevoir tout le sirop de ses producteurs. Nous, on s'occupe juste des surplus. Si Citadelle ne veut pas ou ne peut pas tout commercialiser durant l'année, les surplus vont vers l'Agence de vente.» Pierre Lemieux, président de la Fédération des producteurs acéricoles du Québec

Annuellement, on produit près de 65 000 000 livres de sirop d'érable, soit deux fois plus qu'il y a dix ans.


L'arrivée des quotas...

Annuellement, on produit près de 65 000 000 livres de sirop d'érable, soit deux fois plus qu'il y a dix ans. Il faut donc essayer de contrôler la production.

La Fédération a donc accepté de contingenter la production. Les quotas seront en vigueur dès l'an prochain. La production augmente beaucoup plus vite que la consommation et le développement des marchés d'exportation.

Pas facile de limiter la production de sirop d'érable. Une fois les quotas atteints, il va falloir beaucoup de conviction à un producteur pour fermer la machine si la coulée de la sève est encore abondante et de belle qualité.

«Je pense que ça va initier un marché parralèle, un marché noir. Il y a toujours quelqu'un d'intéressé à se départir ou à acheter à moindre valeur.» Luc Lussier




HYPERLIENS

Fédération des producteurs acéricoles du Québec

Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec

Union acéricole paysanne

Citadelle

Mise en marché du sirop d’érable en grands contenants

 





Contre l'agence de vente...

Russel O'Farrel est un des porte-parole du comité acéricole de l'union paysanne. Il dit représenter environ 750 producteurs.

Ce groupe ne veut pas d'une agence de vente obligatoire et réclame un référendum sur l'agence déjà en place.

Ce qui semble d'abord les intéresser, c'est la liberté de choix et même un deuxième plan conjoint.

«Ce qu'on voudrait c'est le droit de s'associer au premier plan conjoint, à la Fédération ou à l'union acéricole paysanne, ce qui donnerait un choix aux producteurs.» Russel O'Farrel

«On ne veut pas foutre le bordel dans tout. Je suis un producteur et c'est tout de même le revenu de mon entreprise qui prime dans cela. On veut juste avoir le choix.» Russel O'Farrel

 

Visionnez notre reportage «Sirop à vendre».