La loi du bio
Reporter réalisatrice:
Thérèse Champagne (Vancouver)
16 février 2003

«La manutention des produits biologiques est différente des produits conventionnels. On ne cherche pas à produire en vitesse mais en douceur...» Billy Potash, co-propriétaire Cawston Cold Storage


La croissance du bio...

La Colombie-Britannique est depuis toujours la province où le bio est le plus en demande.

«Je pense qu'environ 35 à 40% de tous les produits bio au Canada sont consommés en Colombie-Britannique.» Gunta Vitins, chef de marketing chez Pro OrganicsL

La vallée de la Similkameen est l'endroit où pousse le plus grand nombre de pommiers biologiques au Canada.

Le bio s'est rapidement répandu à près de la moitié de la vallée, ce qui représente une progression supérieure au 20% de croissance annuelle du bio en Amérique du Nord.

Pour maintenir ce rythme, la communauté bio a dû se donner les moyens de prospérer. «Il est important d'avoir une infrastructure pour promouvoir, traiter et vendre notre produit au consommateur.» Linda Edwards, présidente de l'Association des producteurs biologiques de la Colombie-Britannique

Un des premiers besoins de l'industrie est une usine d'empaquetage bio, un besoin comblé par la famille de Billy Potash, qui fait du bio depuis 25 ans.

Les fruits tendres sont empaquetés à la main. C'est une des précautions qu'on doit prendre pour livrer des fruits de haute qualité. C'est que la croissance du marché bio est due en grande partie à l'amélioration de la qualité des aliments.

La Colombie-Britannique, précurseur du bio canadien

La moitié de la production fruitière de la vallée est destinée au marché étranger. Mais pour vendre, la bonne qualité ne suffit pas. Il faut aussi que les produits soient certifiés selon les normes crédibles à l'étranger.

À ce chapitre, la communauté bio de la Colombie-Britannique a été la première au pays à se doter d'un système de certification appuyé d'une réglementation provinciale.

Elle est aussi la première à avoir obtenu une équivalence avec le marché britannique et ses normes sont en voie d'être reconnues conformes aux nouvelles exigences américaines.

Après l'empaquetage chez Billy Potash, la plupart des fruits sont expédiés chez Pro Organics, le plus important distributeur d'aliments frais bio au Canada.

«La croissance la plus importante du bio ne se voit pas dans les supermarchés mais plutôt dans des livraisons à domicile et les marchés de fermiers.»
Linda Edwards


La vente au consommateur...

L'industrie du bio adopte une variété de méthodes de vente. Les marchés de fermiers connaissent un grand succès. On en compte une cinquantaine à travers la province. C'est l'endroit où le consommateur rencontre le producteur, goûte aux aliments et développe une relation personnelle avec l'agriculteur.

Les épiceries spécialisées, dont plusieurs sont maintenant des chaînes, servent une clientèle fidèle. Depuis quelques années, plusieurs supermarchés possèdent aussi leurs comptoirs bio.

Il y a également les compagnies qui livrent des boîtes d'aliments à domicile: 15 à 20% du bio de la province est vendu de cette façon.

Un avenir prometteur...

Le secteur biologique en Colombie-Britannique continue de croître. Le nombre de producteurs bio augmente alors que le nombre de fermes conventionnelles diminue.

Le secteur des aliments frais est le plus important: près de 9% des cultures maraîchères sont bio, ce qui est cinq fois plus que la moyenne nationale.

Bref, le bio n'est plus marginal. À preuve, l'association provinciale vient de recevoir un million de dollars du fédéral pour appuyer ses différents projets. L'avenir est donc prometteur...


 


HYPERLIENS

L'association des producteurs biologiques de la Colombie-Britannique

L'association nationale des producteurs biologiques

Le centre d'agriculture biologique du Québec

Pro Organics





L'envers de la médaille...

 

La ferme de Fred Reid a grandi selon les demandes du marché. Aujourd'hui, on y produit 5 000 oeufs par jour.

Il fait également le calibrage des oeufs de six autres petits producteurs, si bien qu'il peut garantir la livraison de 10 000 oeufs bio par jour à ses acheteurs.

«J'ai commencé à faire le calibrage pour accéder à un plus grand marché. En ayant une plus grande quantité d'oeufs, je peux approvisionner le marché à longueur d'année.» Fred Reid

Les oeufs bio occupent entre un et deux pour cent du marché. C'est assez pour que l'office provincial de mise en marché des oeufs tente d'obliger les producteurs à joindre les rangs.

«L'office de mise en marché des oeufs me demande de payer une redevance qui va encourager l'exploitation des poules en cages. Je ne veux pas...» Fred Reid

À cause de ce refus, Fred Reid est amené devant les tribunaux.

Il n'est pas le seul à vivre un conflit semblable.

Un autre problème s'impose. Les producteurs voudraient que les normes provinciales de certification auxquelles ils sont assujettis soient aussi imposées aux produits provenant de l'extérieur de la province, ce qui n'est pas le cas présentement.

 

Visionnez notre reportage «La loi du bio».