Le déclin des fermes laitières
Journaliste : Gilbert Bégin
Réalisateur : Maurice Roberge
24 novembre 2002

Dans le Bas-Saint-Laurent, une ferme laitière disparaît chaque semaine...


Le lait à l'abanbon!


Normand Caouette, ancien producteur laitier

La vallée de la Matapédia en Gaspésie a longtemps été une bonne région laitière. Mais la réalité est tout autre aujourd'hui : De plus en plus de producteurs délaissent le lait.

Chez Normand Caouette, le lait est une tradition familiale vieille de 80 ans. M. Caouette avait un bon troupeau d'une quarantaine de vaches. Pourtant, en 1999, il a tout abandonné.

«On a pris cette décision en famille. On a compté, et après quelques jours, on s'est rendu compte qu'il valait mieux tout arrêter. C'est une décision qui n'était pas facile à prendre, mais il le fallait.» Normand Caouette

Le problème?...

Ceux qui arrêtent leur production ne sont pas nécessairement mal administrés. Ils ne sont ni plus endettés, ni plus petits qu'ailleurs. Alors, où est le problème?

«Les investissement sont de plus en plus importants. On ne peut plus se contenter d'être de bons producteurs, il faut être des bons gestionnaires. Il faut être au courant de tout et brasser beaucoup de papier.» Markita Roy, agronome.

Puis, il y a la relève. Mais pas nécessairement le manque de relève...Les deux fils de M. Caouette ont étudié en agriculture et voulaient reprendre la ferme familiale. Mais trop de main d'oeuvre, c'est comme pas assez...

«Si nous sommes trois, il faut dégager trois salaires. Avec tout l'investissement qu'il aurait fallu apporter (achat de vaches, structuration d'une fosse à fumier, achat de quota), j'aurais eu mon premier chèque vers 35-40 ans. Il aurait fallu aller travailler à l'extérieur en plus de s'occuper de la ferme familiale.» Francis Caouette, fils.

Au cours des 15 dernières années, le territoire de Rivière-du-Loup a perdu 41% de ses producteurs. Le témiscouata en a perdu 48%, comparativement à 55% autour de Trois-Pistoles.


Pour ceux qui restent...

«Un moment donné, c'est un espèce d'épurement qui se fait. Il y a des entreprises qui grossissent, d'autres qui disparaissent et d'autres qui s'implantent.»Markita Roy.

Mais toutes ces fermetures affectent ceux qui demeurent en production. Isolés, les producteurs perdent le goût d'investir. Pire encore, certains n'ont plus foi en l'avenir.

Le déclin des fermes laitières au Québec est une tendance lourde. Et aucune région n'y échappe...

Outre la vallée de la Matapédia, qui a vu plus de la moitié de ses fermes laitières disparaître en 15 ans, l'Abitibi, l'Estrie, le Saguenay / Lac Saint-Jean et le Centre du Québec ont perdu le tiers de leurs producteurs au cours des dix dernières années.

Et pourtant, on produit toujours la même quantité de lait...

 


HYPERLIENS

Fermes laitières au Nouveau-Brunswick

Commission canadienne du lait

L'élevage laitier au Canada
Agriculture et agroalimentaire Canada





 

Quelques chiffres...

Le Canada compte parmi les 20 principaux pays laitiers au monde.

L'industrie a subi une baisse de 41% du nombre de fermes laitières au cours des dix dernières années, partant de 32 678 en 1990-1991, jusqu'à 19 363 en 1999-2000.

En 1979-1980, on en comptait environ 56 370.

Bien que le nombre de fermes laitières soit en baisse constante depuis 20 ans, les quantités de lait produites sont demeurées assez constantes.

Les fermes se sont agrandies tout en devenant plus efficaces et efficientes. La production laitière par ferme a augmenté de 69%.

Même si le nombre de vaches laitières a diminué au cours des dix dernières années, la production par vache a augmenté de 23%.

En 1990, le Canada comptait 1,43 millions de vaches laitières produisant une moyenne de 7412 kg de lait chacune.

En 2000, il y avait environ 1,16 millions de vaches laitières au pays, produisant une moyenne de 9152kg de lait chacune.

 

Source: Commission canadienne du lait

 

Visionnez notre reportage «Le déclin des fermes laitières».