Coupable : Boeuf ou cervidés?
Journaliste - réalisateur :
Roger Léveillé (Winnipeg)
17 novembre 2002

Quand la tuberculose bovine fait son apparition chez un éleveur, elle peut facilement décimer le troupeau entier.


Une quarantaine... qui fait mal !

En 1997, la tuberculose bovine a frappé la ferme Armbruster, près du Mont Riding, au Manitoba. Tout le cheptel a dû être abattu. «Nous avons perdu tout notre bétail, tous nos bovins. Nous allons perdre une année de production et de revenu.» Ray Armbruster, éleveur de bovins

Malheureusement, ce n'était ni le premier, ni le dernier cas...

Restrictions américaines...

Lorsqu'un bovin du Manitoba, atteint de tuberculose, s'est retrouvé cette année dans un encan du Minnesota, les États-Unis en ont eu assez. Désormais, tous les bovins en provenance du Manitoba devront être testés avant d'être exportés.

La décision américaine ne porte que sur les bovins et le bison de reproduction. Elle n'affectent en rien le bétail destiné à la boucherie puisque la maladie peut être dépistée à l'abattage.

Jusqu'à ce que des mesures soient prises pour contrôler la circulation des animaux en provenance du Mont Riding, cette décision s'étend à toute la province et pourrait toucher le bétail canadien qui transite par le Manitoba.

«Il y a longtemps que le Canada est conscient de la situation. Il y a de la tuberculose dans la région du Mont Riding depuis dix ans et il aurait fallu prendre cela au sérieux et agir.» Betty Green, présidente de l'association des producteurs de bovins du Manitoba


Les cervidés mis en cause ?

La région du Mont Riding borde un parc national. Ainsi, chaque fois que la maladie a frappé un troupeau, on a aussi découvert des cervidés, principalement des wapitis, atteint de tuberculose. Dès le début des années 90, les éleveurs y ont vu la source de leur problème.

«Quand on a trouvé la tuberculose dans un wapiti en 1992, j'étais passablement convaincu que c'était là la source de l'épidémie dans le bétail de 1991.» Ray Armbruster

Les spécialistes, quant à eux, croyaient que la maladie ne se propageait pas dans la nature, puisqu'elle se transmet généralement dans les mangeoires ou par voie aérienne. Cette croyance, les agences gouvernementales l'ont eu jusqu'à la fin des années 90.

Si les biologistes soutenaient que la maladie était extrêmement rare chez la faune, ils doivent maintenant réviser leur hypothèse : Au cours des deux dernières saisons de chasse, on a trouvé un chevreuil et cinq wapitis atteints de tuberculose.

Les éleveurs avaient peut-être raison : Les animaux sauvages pourraient être la source de la maladie.

Pour les producteurs de bovins, une solution s'impose : Tester tous les cervidés du parc et éliminer les tuberculeux. Mais l'éradication d'animaux dans les parcs nationaux est controversée et peu réaliste. «C'est quasiment impossible. Les wapitis font partie de la nature.» Pat Rousseau, Garde de parc

La solution ? Doubler le nombre des permis de chasse cette année. De plus, les chasseurs devront, comme il le font pour le wapiti, remettre la tête ou les organes internes de tout chevreuil abattu afin de les tester pour la maladie. On pourra jauger l'étendue réelle du problème et, en diminuant la densité des populations, réduire le risque de contamination.

 

Pour Parc Canada, l'essentiel est désormais de réduire le contact entre la vie sauvage et les animaux domestiques.

 


HYPERLIENS

La tuberculose bovine

L'homme, vecteur de tuberculose bovine

Qu'est-ce que la tuberculose bovine?
Agence canadienne d'inspection des aliments

Tuberculose bovine chez les animaux sauvages
Agence canadienne d'inspection des aliments




Qu'est-ce que la tuberculose bovine?...

La tuberculose bovine est une maladie contagieuse.

Les ganglions lymphatiques sont le siège primaire de l'infection, mais d'autres organes comme les poumons sont également atteints lorsque la maladie est à un stade avancé.

Les signes cliniques de la maladie sont la faiblesse, la perte d'appétit, l'amaigrissement et la fièvre.

La tuberculose bovine est une maladie chronique et il peut se passer plusieurs années avant que l'animal infecté en manifeste les signes cliniques. Il peut ne présenter aucun signe d'infection jusqu'à son départ pour l'abattoir.

La tuberculose bovine a pour hôtes habituels les bovins, mais elle peut se transmettre à l'homme de même qu'à d'autres animaux comme les porcins, les bisons et les cervidés (cerfs et wapitis).

Le moyen le plus commun de contracter la maladie est l'inhalation d'aérosols rejetés dans la respiration et les produits de la toux d'un animal malade.

Le risque de contamination est particulièrement élevé dans les lieux clos, notamment les bâtiments d'élevage.

D'autres modes de contamination sont l'ingestion de lait non pasteurisé d'une vache infectée et le partage des mêmes sources d'eau ou d'aliments.

Au Canada, la tuberculose bovine est une maladie à déclaration obligatoire en vertu de la Loi sur la santé des animaux.

Quand un vétérinaire signale un cas suspect, l'Agence canadienne d'inspection des aliments déclenche l'application d'un programme de dépistage et d'éradication rigoureux.

 

Source : Ministère de l'agriculture et de l'alimentation de l'Ontario

 

Visionnez notre reportage «Coupble : boeuf ou cervidés?».