Sécheresse dans l'Ouest
Journaliste réalisateur :
Charles Marcoux (Regina)
6 octobre 2002

«Quand la nature dit que tu n'auras pas d'eau, tu ne peux pas l'acheter...» Edith Fontaine, éleveure (Alberta)
«On ne travaille pas dur pour voir tous ses efforts périr dans un champ...» Martin Prince, cultivateur (Saskatchewan)


Sécheresse... et inondation!

L'été 2002 a été catastrophique pour les fermiers des Prairies. En fait, ce n'est pas la sécheresse pour tout le monde...

À Gravelbourg, dans le sud-ouest de la Saskatchewan, plusieurs champs d'orge sont en grande partie inondés par les rivières avoisinantes. Certaines terres du sud des Prairies ont reçu jusqu'à 60 centimètres de pluie pendant l'été, ce qui représente deux pieds d'eau.

Bref, 2002 aura été une année extrême dans l'Ouest canadien : pluies diluviennes dans le sud, temps très sec dans le centre et climat désertique au nord.

La détresse des agriculteurs est encore plus grande en Alberta. St-Paul est dans la zone rouge : une région qui n'a reçu presque aucune pluie pendant l'été.

En juin et juillet, les éleveurs de la zone de grande sécheresse ont vendu plus de 20% de leur bétail en catastrophe. Ces milliers de bêtes sont aujourd'hui éparpillées au quatre coins du pays.


Pas facile pour l'Alberta...


Edith Fontaine, éleveure

Édith Fontaine partage un élevage d'environ 400 têtes avec deux de ses frères. Comme l'herbe des pâturages ne fait que commencer à pousser, ce sont les réserves de fourrage d'hiver qu'ils épuisent depuis la mi-juin.

Comme des dizaines d'autres éleveurs de l'Alberta, les Fontaine ont dû se défaire d'une partie de leur troupeau au début de l'été.

«On a vendu une quarantaine de vaches, puis on a gardé les veaux. Moi, si je vends mes vaches, je vends ma job.» Édith Fontaine

 

Encouragement de l'est du pays...

Le seul encouragement, en cet été de misère, n'est pas venu du ciel, mais des provinces de l'Est.

Alertés par la détresse des éleveurs de l'Ouest, plus d'un millier d'agriculteurs du Québec, de l'Ontario et des Maritimes ont offert leur fourrage gratuitement. Plus de 600 wagons de nourriture pour le bétail ont été expédiés vers l'Ouest.

Une grande loterie a été organisée. Plus de 35 meules de foin par agriculteurs gagnants (environ 300) ont été distribuées.Ces cadeaux ont eu un effet tonique sur le moral de tous les fermiers.

Pourtant, les éleveurs de l'Alberta savent bien qu'il faudra beaucoup plus qu'une loterie pour sauver leurs fermes.

En fait, le fourrage venu de l'Est n'a suffi qu'à nourrir quelques milliers de têtes de bétail pendant quelques jours ou quelques semaines...

À l'Université de Regina, des rainures observées dans les bûches des arbres témoignent d'une effroyable sécheresse d'une durée de 14 ans survenue à la fin du 18e siècle.

Comparé à cette époque, le 20e siècle a été très humide et la sécheresse de 2002 a l'air d'un épisode insignifiant.


HYPERLIENS

Cahiers Sécheresse

Catastrophes liées aux conditions climatiques 2001-2002




 

Pendant la sécheresse des années 1930, techniquement moins grave que celle de l'été 2002, les fermiers n'avaient récolté que de la poussière et du vent.

Cette épreuve a amené l'abandon des labours et l'invention du semis direct. Ces machines sèment sans remuer la terre et permettent ainsi de conserver l'humidité du sol.

La sécheresse des années 1980 a aussi stimulé l'innovation. L'une de ces inventions vient d'être mise au point à Saskatoon, l'un des plus importants centres de recherches agricoles des Prairies.

Une nouvelle variété de canola a donc été créée. Ce canola peut survivre à des températures de plus de 35 degrés, contrairement à 30 degrés pour les canolas conventionnels.

Par contre, cette super plante n'est pas invincible. Comme les autres canolas, elle ne germe pas sans eau. L'innovation a des risques... et le risque ne sera pas populaire en 2003

 

Visionnez notre reportage «Sécheresse dans l'Ouest».