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La forêt du Bas St-Laurent... L'industrie forestière est en crise : consternations et craintes de surexploitation. Les bouleversements qui secouent le monde forestier changent la face de cette industrie...
La Semaine Verte a rencontré Jeannot Beaulieu, contremaître forestier qui a passé sa vie dans les forêts du Bas St-Laurent. Depuis quelques années, monsieur Beaulieu s'inquiète pour l'avenir de cette forêt. « Y a toujours eu une course à produire du bois au meilleur coût possible, pis, c'est encore la forêt qui a écopé.» Effectivement, depuis août 2000, le ministère des Forêts impose, pour la première fois, une réduction des coupes de 20%. Suite à cette décision on met sur pied l'Observatoire de la foresterie, un organisme indépendant chargé de faire la lumière sur l'état des forêts.
Qu'en est-il ailleurs? Le verdict rendu par l'Observatoire sur la forêt du Bas St-Laurent suscite de nombreux questionnements. Une pénurie de bois ne veut pas dire que la forêt du Bas St-Laurent ne repousse pas. Toutefois, si rien n'est fait, des usines entières pourraient fermer leurs portes, le temps que les jeunes forêts redeviennent matures. Cela pourrait prendre une trentaine d'années. La grande question : la situation est-elle la même partout ailleurs au Québec? «La forêt est gérée de la même façon
d'un bout à l'autre de la province. C'est le même régime
forestier appliqué à peu près de la même façon.
Donc, c'est possible que la région du Bas St-Laurent soit un avant-poste
de ce qui va se produire dans d'autres régions. C'est possible!» «Moi, j'ai toujours dit qu'on pouvait prévoir ce qui
se passait ailleurs au Québec dans 15 - 20 ans en regardant ce
qui se passait aujourd'hui au Bas St-Laurent.»
On récolte aujourd'hui le produit de demain... S'il y a un risque que l'on surexploite la forêt publique, c'est que plusieurs estiment qu'on est trop optimiste dans le calcul des niveaux de coupes. Au Québec, la coupe n'est pas basée sur ce que donne la forêt, mais plutôt sur ce qu'elle peut produire si on l'aménage. On parle ici du fameux calcul de la possibilité forestière. Grâce à ce calcul, on récolte aujourd'hui ce que produira la forêt de demain.
Les éclaircies précommerciales de la fin des années 80... Fin des années 80 : le ministre des Forêts fait le pari que les éclaircies augmenteront de façon significative le rendement de la forêt résineuse. Après 15 ans, on réalise qu'on a fait fausse route. L'automne dernier, la conclusion d'un comité d'experts formé par le ministère des Forêts est sans équivoque : Les travaux d'éclaircies ne permettront pas d'accroître le rendement futur de la forêt résineuse. Confirmation qu'on surexploite la forêt résineuse depuis plusieurs années.
Un virage s'impose... En Abitibi, 50e parrallèle, on coupe encore 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.
Depuis son film choc, «l'Erreur boréale», Richard Desjardins constate que l'on coupe toujours autant de bois et surtout, de la même façon. Il faut prendre le virage de la foresterie durable, couper différemment, trouver des variantes aux coupes totales. Tembec, un géant canadien de la foresterie, travaille maintenant avec une écologiste forestière pour trouver des alternatives aux coupes totales. En Abitibi on expérimente la coupe partielle, une coupe qui permet de laisser plus de bois en place. Cette coupe favorise le maintien d'une plus grande biodiversité.
Les coupes de 2005... En 2005, le ministère des Forêts fixera de nouveaux volumes de coupes. Le constat est maintenant clair : le nouveau contexte forestier ne permettra pas de maintenir les volumes de coupes actuels. «On s'attend à des baisses d'environ peut-être
de 10 à 15% pour l'ensemble du Québec si on parle de l'industrie
résineuse.»
HYPERLIENS Ministère des ressources naturelles du Québec - Gros plan sur les forêts Société de la faune et des parcs du Québec Québec science - 30 ans de prise de conscience - de 1970 à 2000 Profil environnemental du Québec - La forêt |
Des chiffres et des faits... Tiré de: Québec Science La forêt du Québec s'étend au nord jusqu'au 52e parallèle. Elle couvre près de la moitié de la province. On parle ici de forêt commerciale. Cette forêt se partage du sud vers le nord en forêt feuillue (110 200 kilomètres carrés), mixte (98 600 kilomètres carrés) et boréale (de loin la plus importante avec un couvert de 541 500 kilomètres carrés). C'est la plus grande superficie forestière exploitable au Canada. La part mondiale des pâtes et papiers produite par le Québec : 3%.
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