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La guerre du bois... Le bois d'oeuvre est une pièce maîtresse de l'échafaudage
économique du Québec: des exportations de deux milliards
de dollars, principalement vers les États-Unis. En temps normal,
cette industrie représente plus de Il y a près d'un an, le Département américain du commerce imposait une surtaxe de 27% sur le bois d'uvre canadien traversant la frontière. Selon nos voisins du sud, le fait que notre forêt soit à 80% propriété publique fausserait le jeu de la concurrence. (voir capsule info) «Comme notre forêt est essentiellement publique, l'état
décide qui a accès à quoi, quand et comment on y
a accès. On a une situation inverse d'une forêt où
l'accès est fixé par des contraintes de marché.»
Luc Bouthillier, professeur en politique forestière,
Université Laval Depuis, des négociations ont eu lieu entre la Coalition américaine
des producteurs de bois d'uvre et des représentants du gouvernement
canadien. Mais pendant qu'on cherche à s'entendre, la surtaxe s'applique.
Et cette mesure fait très mal à notre industrie.
Lot de dommage pour le Québec... Les mesures compensatoires imposées par Washington ont eu deux effets négatifs majeurs: fragiliser la situation financière des entreprises et diminuer les parts de marché du bois canadien aux États-Unis. Si cette surtaxe a épargné peu de provinces, c'est au Québec qu'elle a fait le plus de ravages. «Nos exportations aux États-Unis ont diminué d'environ 20%. Ça nous touche directement et très durement.» Jacques Gauvin, D.G. Conseil de l'industrie forestière du Québec Depuis les douze derniers mois, Pour les autres provinces... Contrairement au Québec, la Colombie-Britannique a connu une légère hausse de ses exportations. C'est le plus gros joueur canadien: la moitié des exportations de bois d'oeuvre vers les États-Unis provient de la Colombie-Britannique. Malgré cette apparente performance, 28 usines de sciage ont déclaré faillite depuis un an. Mais d'autres ont produit plus, ce qui a aidé l'ouest à se tenir la tête hors de l'eau. Le Nouveau-Brunswick est une exception. Cette province n'est pas soumise
aux droits compensateurs : la moitié des forêts de la province
est du domaine privé. Pour les Américains, ça en
fait un marché de libre concurrence.
Un marché ouvert aux compétiteurs... En plus d'avoir à faire face à des difficultés financières, l'industrie du sciage a été confronté à une nouvelle réalité. L'arrivé du bois européen sur le marché américain. «Certaines parts de marché vont être très difficile à récupérer. On a des pays compétiteurs en Europe qui sont maintenant sur nos marchés traditionnels.» Luc Palmer, PDG Crête et fils Les pays tiers occupaient moins de 1% des importations américaines
de bois d'oeuvre en 1995. Aujourd'hui, ils y occupent 4%. Des américains déçus ? Pourtant, l'objectif américain de faire monter les prix n'a pas fonctionné. En rendant le prix du bois canadien moins compétitif par une taxe, la rareté du bois sur le marché aurait dû faire monter les prix. Mais ça n'a pas été le cas. Le marché américain a été inondé par le bois européen, d'une part, et par l'augmentation de la production intérieure, d'autre part. Résultat : les prix ont chuté à leur plus bas niveau depuis dix ans. En attente d'une décision Depuis mai 2002, tout l'argent perçu de cette surtaxe de 27% est
versée dans un compte en fiducie jusqu'à ce que les négociateurs
s'entendent. À ce jour, on y a déposé plus d'un milliard
de dollars. Rappelons qu'un recours a été déposé par
le Canada à l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Évidemment,
on souhaite qu'on renonce à ce recours. Pour l'instan,t tout le
monde reste sur ses positions.
HYPERLIENS Organisation Mondiale du Commerce (OMC) Droits
américains sur le bois d'oeuvre canadien Forêts publiques et vices privés |
Au coeur du litige... Les États-Unis accusent le Canada de concurrence déloyale. Notre forêt est à 80% propriété publique, ce qui fausserait le libre marché de l'offre et de la demande pour notre bois. «En 1987,dans un but d'équité, le Québec a mis en place une loi qui avait pour objectif d'établir la redevance à partir d'un marché privé du Québec.» Del Degan En somme, le Québec affirme fixer les redevances qu'il demande aux industriels du bois d'oeuvre en se basant sur les prix en vigueur dans le secteur privé. Le problème, c'est que presque la totalité des forêts privés de la province sont situées dans le sud alors que nos forêts publiques sont surtout dans la partie nord du Québec. Entre le prix du bois sur le marché privé et la redevance imposée aux entreprises forestières, il faut tenir compte des coûts d'exploitation. Plus on va chercher la ressource loin au nord, plus ça coûte cher, et moins le montant à verser au gouvernement sera important. Il s'agit de laisser une marge de manoeuvre aux entreprises qui doivent construire des routes pour accéder à la ressource. Résultat: la redevance versée par l'industriel québécois à l'état est beaucoup moins élevée que le prix payé par un industriel américain pour un arbre. Les Américains disent que c'est une subvention déguisée, ce qui est illégal dans les règles du commerce international.
Visionnez notre reportage «Discorde de bois».
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