Voler du bois
Reporter réalisateur :
Jacques Giguère (Moncton)
12 janvier 2003

«Tu arrives sur ta terre, une terre pour laquelle tu avais des projets et des rêves, et tout est perdu. Tout est coupé à blanc. Il ne reste rien...» Jeanette Després, propriétaire d'un lot boisé


Infraction de territoire...

En ville, les clôtures et les bornes permettent facilement d'identifier les limites d'un terrain par rapport à un autre. Mais en pleine forêt, repérer les limites d'un terrain est plus difficile. Certaines personnes en profitent donc pour voler du bois.

C'est ce qui est arrivé à une dame de Cocagne au Nouveau-Brunswick il y a quelques années.

Un vrai cauchemar...

«Jeanette, ils sont en train de couper ta terre à blanc!» Pour Jeanette Després, son cauchemar a débuté par cette alerte.

La dame ne perd pas une seconde: malgré plusieurs mises en garde, elle monte à la rencontre du voleur et lui dit qu'il est en train de couper du bois sur sa terre.

L'homme lui répond: «Je ne coupe pas sur la terre des autres. On m'a mis sur cette machine et on m'a demandé de couper jusqu'à l'autre chemin.»

Mme Després réussit à faire arrêter la coupe pour la nuit. Au lever du soleil, le ravage est saisissant. En quelques heures, 15 arpents de forêts matures ont disparu.

Le désespoir fera place à la frustration. Comme presque toutes les victimes de vol de bois, Jeanette Després ne poursuivra pas devant les tribunaux.

En 1994, 150 infractions de vol de bois sont signalées au Nouveau-Brunswick.

En 1999, le phénomène s'accentue dramatiquement. Le nombre d'infraction atteint 630, une augmentation de 300%.


Pétition et changement

En mai 2000, Jeanette Després présente une pétition au ministre responsable des forêts, demandant ainsi des changements à la loi. Elle aura gain de cause.

Depuis le 1er avril 2002, tout chargement de bois qui circule sur les routes du Nouveau-Brunswick doit être accompagné d'un certificat de transport. Ce dernier indique la provenance du bois et sa destination.

Sans ce certificat de transport, le chargement est immédiatement saisi. Sous peine de perdre leur permis d'exploitation, les propriétaires de moulins n'acceptent désormais que les chargements de bois autorisés par un certificat.

Mais pour dissuader les voleurs, il en faut plus. L'amende minimum passe de 250$ à 5 000 $.

Aujourd'hui, les changements à la loi et les nouveaux règlements protègent davantage les propriétaires de lots boisés. Mais Mme Després croit que les propriétaires doivent demeurer vigilants.

«Si tu as une terre à bois, protège-la. Va sur ta terre et surveille pour t'assurer qu'il n'y a personne...» Jeanette Després

 



HYPERLIENS

Vol de bois
Acadie.Net

Ressources naturelles et Énergie
Nouveau-Brunswick

Loi sur les terres et forêts de la Couronne

Conseil canadien des ministres des forêts






Les tribunaux...

Devant la justice, la victime du vol doit amener en preuve l'intention de la personne de voler.

Elle doit également prouver que l'individu savait qu'il n'était pas sur ses terres.

Ces preuves sont difficiles à faire, ce qui explique qu'en cent ans au Nouveau-Brunswick, seulement 22 cas de vol de bois se sont rendus devant les tribunaux.

«Sur les 22 cas, il y en a peut-être deux ou trois qui ont gagné leur cause.» Jeanette Després

 

Visionnez notre reportage «Voler du bois».