Journaliste - réalisateur :
Roger Léveillé
21 juillet 2002
Un trésor
recherché...
Le hareng joue un rôle important dans
l'industrie de la pêche en Colombie-Britannique. Pour
Robert Dennis, chef de la bande Huu-Ay-Aht, c'est plus qu'une
question d'économie : le hareng fait partie de leur
héritage traditionnel. Mais chaque année, il
devient de plus en plus difficile de trouver ce poisson.
«Il y a quelques
années, on n'avait pas besoin d'aller les chercher.
On regardait au loin et on voyait les oiseaux et les autres
mammifères sur l'océan. Là où
était la vie sauvage se trouvait le hareng. Maintenant,
ça nous prend des sondeuses et il faut chercher fort.
Tout cela a des répercussions. Ça veut dire
qu'il n'y a plus assez de harengs pour qu'on récolte
les oeufs.»
Robert Dennis, chef, Huu-Ay-Aht.
La pêche
traditionnelle...
La pêche traditionnelle du hareng est
assez unique : des branches de cèdres sont placées
dans les zones de frai où le hareng dépose ses
oeufs. Les oeufs seront recueillis mais le poisson vivra pour
frayer un autre jour. C'est ce qui ressemble le plus à
une pêche durable.
Pêche traditionnelle.
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Ces oeufs sont une source de nourriture pour Robert Dennis
et son peuple depuis des siècles. Depuis quelques années,
il n'y a eu à peu près pas de pêche pour
les aborigènes dans le détroit de Barkley. La
pêcherie était ouverte mais il n'y avait rien
à prendre : le hareng ne s'est pas montré. Robert
Dennis se demande si ce n'est pas irréversible.
La pêche commerciale...
Les pêcheurs commerciaux attendent aussi l'arrivée
du hareng. Ils sont autorisés à prendre des
milliers de tonnes, ce qui représente la vaste majorité
des quotas. Le trésor : les oeufs. Mais dans cette
forme de pêche, le hareng meurt. Ils prennent le poisson
en haute mer, bien avant qu'ils viennent frayer. Les oeufs
sont destinés au marché japonais. Le poisson,
lui, sera moulu en pâtée.
Pêche commerciale.
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Entente recherchée...
Pour Bill de Greif, le hareng est un produit qui lui permet
de boucler son budget. Il reconnaît qu'il n'est pas
facile de concilier la pêche commerciale avec la pêche
traditionnelle. Quand chacun veut sa part, quelqu'un doit
céder. Mais il demeure optimiste.
Robert Dennis cherche aussi 'entente. Il sait qu'un quart
des permis de pêche commerciale appartiennent à
des Amérindiens et que plusieurs autres travaillent
pour des particuliers. C'est pourquoi il croit que cette pêche
doit être gérée.
Pour cette raison, les Huu-Ay-Aht se sont présentés
devant les tribunaux. Ils maintiennent qu'ils ont droit à
une pêche traditionnelle qui doit leur être garantie.
La cause des Huu-Ay-Aht traîne en cour fédérale
mais cela n'a pas empêché Robert Dennis de faire
son lobbying. Il veut que le gouvernement améliore
la conservation de la pêcherie et il veut que toute
pêche commerciale cesse dans le détroit de Barkley
pour un minimum de 3 à 5 ans afin de permettre aux
stocks de se refaire.
Interdiction de pêcher
le hareng...
Si la cause des Huu-Ay-Aht est toujours devant les tribunaux,
cela n'a pas empêché Robert Dennis de connaître
un certain gain de cause dans les faits. Les stocks sont à
tel point épuisés que le ministère des
Pêches et Océans s'est rendu à l'évidence
et a interdit la pêche commerciale du hareng sur toute
la côte ouest de l'île de Vancouver. Ce sera donc
fermé jusqu'à nouvel ordre.
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