Réalisatrice : Lise Bonenfant
Journaliste : Caroline Fortin
23 décembre 2001
«C'est pas par nostalgie
que je fais ça, c'est par fierté de traces exceptionnelles
qui témoignent qu'on a forgé ce pays où
il a fallu qu'on s'invente une agriculture.»
Michel Lessard, historien,
Michel Lessard, historien
et passionné du patimoine québécois
nous parle des granges, de leur utilité et de
leur importance au sein de l'histoire même du
Québec.
|
Entrevue avec Michel Lessard
La grange étable : un univers culturel, ethnologique
extrêmement important...
La grange étable, c'est le bâtiment
important sur une ferme. C'est là où on va loger
et nourrir sa richesse.
C'est un lieu de grande activité que
l'habitant est amené à fréquenter matin
et soir à tous les jours.
C'est aussi un lieu de fête. Au moment
de la moisson ou de la fenaison, il y a beaucoup de choses
qui vont se dérouler dans la grange étable.
C'est même dans ces moments que la grange a sûrement
servi de lieu de rencontre aux amoureux.
Il ne faut pas oublier que c'est l'édifice
qui loge tout sous un même toit dans l'univers agricole.
Finalement c'est un univers extrêmement
important pour les habitants qui vont rencontrer là
ce qu'ils ont de plus précieux : leurs animaux.
Les trois grandes tendances culturelles qui ont modelé
les granges du Québec...
Tendance
de la France...
LInfluence
de la France, particulièrement dans les vieux
villages. Il reste très peu de choses des bâtiments
français sinon quelques belles granges en pierre
qui datent du XVIIIe siècle.
|
Influences
britanniques...
Bâtiments souvent à quatre versants.
Toit à pente douce, avec un deuxième
étage pour le fenil et le premier étage
pour la grange étable.
|
Influences
des États-Unis (à partir de 1860-1870).
LAvec cette influence arrive une grande variété
de bâtiments, des granges rondes, carrées,
à toits mansards etc...
C'est la période où la longue grange
étable va se développer.
|
Il ne faut pas oublier que les conditions climatiques du
Québec vont toujours imposer un réajustement
à ces constructions.
Chaque région du Québec adoptera son propre
type de grange.
Les granges et l'art populaire...
Il y a tout un art populaire lié aux bâtiments
de ferme. Jadis, il était commun dans la campagne d'avoir
sur les lanternons une girouette en tôle qui était
soit un castor, soit un coq.
Les portes de granges ou de fenil étaient très
richement ornementées.
Les habitants manifestaient également leur imagination
sur les portes d'écuries avec différentes couleurs
et motifs.
Michel Lessard.... «Ma grande
tristesse»...
Ma grande tristesse est
de voir que les bâtiments de ferme sont très
peu protégés.
Partout à travers
le Québec les granges sont en train de s'écraser.
On dirait que les granges meurent comme des orignaux; elles
écrasent un moment donné pour une partie et
puis finalement, un hiver de neige lourde, elles s'écrasent
complètement et disparaissent.
Je pense qu'un peuple
sans passé est un peuple sans futur.
Alors donc c'est une grande
perte au niveau de l'ethno-histoire du patrimoine québécois.
|