Radio-Canada.ca/Nouvelles
Reportage au Point
Le lundi 16 juin
Décès de Pierre Bourgault
.
 

 

Le Centre hospitalier de l'Université de Montréal a annoncé le décès, lundi après-midi, de Pierre Bourgault, homme bien connu des milieux politique, journalistique et des communications. M. Bourgault avait été admis à l'Hôtel-Dieu du CHUM le 8 juin 2003, en état de détresse respiratoire résultant d'une maladie pulmonaire chronique obstructive.

Écoute du reportage
Format WindowsMedia

Dans les années 1960, Pierre Bourgault a incarné le rêve et le projet de l'indépendance. Il dénonçait les injustices, défendait la langue et plaidait pour l'abolition de la peine de mort. Dernier président du Rassemblement pour l'indépendance nationale, Pierre Bourgault avait été candidat pour le RIN dans le comté de Duplessis, en 1966, et avait remporté 39 % des voix. En 1968, pour servir la cause de l'indépendance, Pierre Bourgault avait proposé aux militants, profondément attachés comme lui au RIN, de saborder le parti pour se joindre au Parti québécois. Il dira plus tard que ce sabordage avait été la plus grave erreur politique de sa vie. Écrivain, polémiste et même comédien, Pierre Bourgault savait soulever les foules. Ses différends avec René Lévesque seront légendaires. Déçu par l'étatisme prôné par Lévesque, il quittera le PQ avec fracas en 1981. Il reprendra du service pour le référendum de 1995, avec Jacques Parizeau.

Pierre Bourgault est né à East Angus en 1934. Il disait avoir fait de la politique par hasard et qu'il n'était pas un indépendantiste de carrière. Il disait aussi avoir eu 20 ans de vie politique et 20 ans de réflexion. Au cours de sa carrière politique, il s'est exprimé dans toutes les tribunes. Il a prononcé des centaines de discours, des textes parfois improvisés, mais toujours enflammés, qui captivaient son auditoire.

Il a aussi été chroniqueur-journaliste à la presse écrite, à la radio et à la télévision. Pierre Bourgault a également été professeur en communication à l'Université du Québec à Montréal. Il a été récompensé par le gouvernement du Québec, qui lui a décerné, en 1997, le prix Georges-Émile Lapalme pour saluer sa contribution à la défense du français et à son rayonnement.

 

 

La dernière entrevue de Pierre Bourgault

Souverainiste de la première heure, tribun convaincant, homme d'esprit et de lettres, les hommages n'ont pas cessé aujourd'hui. On a beaucoup parlé de lui, mais ce soir, Le Point le laisse parler de lui-même. Voici quelques extraits d'une entrevue que Pierre Bourgault accordait à Denise Bombardier en 1993, à l'émission Raison Passion.

Écoute de l'extrait de l'émission Raison Passion
Format WindowsMedia

Reconnu comme un homme qui ne retenait pas sa colère, il a avoué n'avoir jamais essayé de s'assagir, croyant que l'âge le rendrait plus calme. Par contre, dans les dernières années de sa vie, ses colères n'étaient plus ce qu'elles avaient déjà été. Il jugeait quelles étaient devenues plus saines, plus rationnelles et plus utiles. « Ma colère est nourrie par un désir de justice et de liberté », a-t-il commenté. L'écriture lui permettait, par ailleurs, de réfléchir davantage, tout en dénonçant ouvertement toutes formes « d'esclavage ».

Du temps de sa carrière politique, il monopolisait des foules entières. En faisant le saut dans le monde médiatique, il n'a pas cessé de manifester son indignation, mais les résultats ne sont plus les mêmes. Est-ce que la société québécoise a changé? Selon lui, les foules continuent à s'accorder à ses propos, mais ne le manifestent plus de la même façon. Il n'y a tout simplement plus « de débats publics ». Pourquoi? Pour lui, les Québécois francophones ont « une drôle de nature ». Ils conçoivent difficilement qu'une discussion puisse être farouchement argumentative, sans être le fruit d'une colère personnelle. Il est pourtant nécessaire, parfois, de se battre avec des mots pour faire avancer de nouvelles idées. « On me dit : "Tu veux toujours gagner". Évidemment! J'apporte mes arguments et on verra bien qui a raison! », lance-t-il.

Pendant cette entrevue qu'il a accordée à Denise Bombardier, il a exprimé ce qu'il aimerait qu'on garde de lui, ce qu'il aimerait laisser derrière lui. « Ce que je pense avoir apporté, c'est la volonté absolue et inébranlable d'arriver à plus de justice et plus de liberté. L'indépendance du Québec, pour moi, ça n'est rien en soi. Je ne suis même pas nationaliste. Moi, ce qui m'affecte, c'est le sentiment d'injustice dans lequel vivent les Québécois à l'intérieur de la Fédération canadienne. » Ardent défenseur de la langue, il est fier de la place qu'a pris le français dans toutes les sphères de la société québécoise. Il ne reste plus qu'à en améliorer la qualité!

 

Commentaires de Bernard Landry

 

On dit que Pierre Bourgault aurait prononcé 3500 discours pendant sa vie. Que voudrait-il que l'histoire retienne de lui? Stéphan Bureau a posé cette question au chef du Parti québécois, Bernard Landry.

Écoute de l'entrevue
Format WindowsMedia

Pour Bernard Landry, visiblement attristé de la nouvelle, cette journée en est une de « deuil profond ». Pierre Bourgault était pour lui un ami, un camarade de lutte, mais aussi un conseiller très précieux. Alors que plusieurs disent de Bourgault qu'il était difficile, Bernard Landry préfère dire qu'il était un homme rigoureux, sans complaisance.

Pour Bernard Landry, ce qu'on retiendra de Bourgault, « c'est ce que sa vie a donné. Son courage, sa persévérance, sa fidélité venaient consolider ses discours et les rendre crédibles ». Le chef du PQ rappelle que, pour Bourgault, sa cause passait bien avant lui.

L'ancien premier ministre a aussi loué l'intérêt que portait Pierre Bourgault à la condition québécoise. « Il a été le précurseur de René Lévesque! » Sans Bourgault, le modéré René Lévesque n'aurait pas eu de tribune.

« Les souverainistes d'aujourd'hui doivent se souvenir avec émotions de ce qu'ils doivent à Pierre Bourgault, à son courage et à ses sacrifices », conclut Bernard Landry.

 


HYPERLIENS

 

 

 

 

 

 

 

 

 



.
 
Équipe         Envoyez-nous vos commentaires         Recevez Le Point par courriel
.