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Jeune
et belle. Deux mots puissants. Deux mots qui évoquent tout
le pouvoir de séduction de la femme. Deux mots qui provoquent
le désir chez l'homme. Pourtant, la femme jeune et belle,
trop souvent, n'est pas encore une femme. C'est une mineure. L'éphébophilie
est l'attirance sexuelle envers les jeunes qui ne sont plus des
enfants mais qui ne sont pas encore des adultes. Les éphébophiles
ne brisent pas tous l'interdit de la même façon:
séducteurs de jeunes filles, clients de prostituées
mineures, abuseurs sexuels, ou encore violeurs. Différents
visages, même fantasme.
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du reportage
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Le
cinéma a fréquemment illustré ce fantasme:
un homme dans la force de l'âge séduit par une mineure,
comme dans Lolita ou American Beauty. De plus en
plus, les vidéoclips, la mode et la publicité érotisent
le corps des adolescentes. Cette image imprègne notre regard.
Dès l'âge de 14 ans, une adolescente peut décider
si elle consent ou pas à avoir une relation sexuelle, peu
importe si son partenaire est mineur ou majeur. Là où
la loi met des limites claires, c'est lorsque l'adulte a un lien
d'autorité sur elle, un enseignant avec son étudiante,
par exemple, ou si l'adolescente est forcée d'avoir cette
relation sexuelle. Ceux qui transgressent la loi risquent une
peine de cinq ans d'emprisonnement. Pour certains éphébophiles,
la notion même d'interdit est excitante.
Internet
aussi est montré du doigt, le royaume par excellence du
voyeur. Jamais la pornographie n'a été aussi accessible,
à si grande échelle. Sur Internet, il n'y a pas
de limites ni dans l'âge ni dans le sexe ni dans le degré
de perversion. Tout peut être vu. L'âge et les capacités
sexuelles de l'homme seraient aussi en cause dans l'émergence
du désir éphébophile.
Transgression de l'interdit, banalisation, même l'hypothèse
biologique est avancée. Les hormones auraient une part
de responsabilité. Les racines de l'éphébophilie
sont beaucoup plus complexes et diverses que le simple rapport
au corps. En chaque éphébophile, il y a une souffrance,
un mal-être, une carence.
«L'acte sexuel déviant ce n'est pas un acte sexuel
souvent, c'est un acte de pouvoir. C'est prendre possession de
l'autre contre son gré. Plus on a besoin de pouvoir, moins
on en a à l'extérieur, ou dans sa vie, plus on va
chercher dans son délit à acquérir un pouvoir.
Plus on dégrade, plus on méprise, plus on abaisse
l'autre, plus on aura l'illusion d'avoir eu un pouvoir, d'avoir
été meilleur que l'autre», affirme le
psychiatre Sylvain Faucher.
Obtenir
des services sexuels d'un mineur contre de l'argent est un acte
criminel passible de cinq ans d'emprisonnement. Aux yeux de la
loi, la notion de consentement des mineurs disparaît, est
inexistante, dans le cadre de la prostitution juvénile.
Ce pouvoir s'exerce clairement par le client de prostituées
mineures. Il paye. Il achète un service sexuel. C'est l'éphébophilie
dans un rapport de consommation. «Moi je pense que ça
parle beaucoup de la sexualité de certains gars qui veulent
pas négocier avec les femmes, qui veulent pas négocier
leur sexualité, qui veulent pas dire «je prends et
je donne», qui disent «je donne de l'argent et je
prends ce que je veux, et tu te tais». Et ça c'est
tragique, socialement, c'est tragique pour les femmes qui sont
victimes de ça, c'est tragique aussi pour ces hommes-là»,
constate le sociologue Michel Dorais.
Rares sont les clients qui sont arrêtés et amenés
devant les tribunaux, comme c'est le cas à Québec,
dans le dossier du réseau de prostitution juvénile.
Généralement, les policiers se limitent à
la protection des mineurs. Et les filles, elles, refusent habituellement
de témoigner contre leurs clients. Les prostituées
quittent la rue, mais le client, lui, peut y retourner en toute
liberté. Les cliniques spécialisées en traitement
de déviances sexuelles ont très peu de patients
éphébophiles. Ceux qui s'y retrouvent y sont contraints
par les cours de justice. Aucune étude ne traite directement
des éphébophiles et personne n'est en mesure d'estimer
leur nombre avec exactitude.
C'était
samedi soir dernier, Natasha St-Pier a été
consacrée révélation de l'année
en France. Un prix Victoire populaire, puisque c'est la
seule catégorie où le public avait le droit
de voter. Avec 600 000 exemplaires de son dernier disque
vendu en France, Natasha St-Pier ne pourra plus chanter
qu'elle en fait toujours trop.
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de l'entrevue
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