Des sondages
ont avancé que Don Cherry, le commentateur de l'émission
Hockey night in Canada, était l'homme le
plus connu au pays. Chose certaine, au Canada-anglais,
les amateurs de hockey l'adorent. Son commentaire lors
de l'émission permet à la CBC, le réseau
anglais de Radio-Canada, d'obtenir ses meilleures cotes
d'écoute.
Au
Québec, on le connaît surtout pour son extravagance,
ses frasques et ses commentaires que certains qualifient
d'anti-francophones. Définitivement, Don Cherry
aime la controverse. La dernière remonte au 24
janvier dernier, alors même qu'une équipe
d'Enjeux l'accompagnait pour réaliser un
reportage sur lui. Il a déclaré lors de
son commentaire à Hockey night in Canada
que les joueurs de hockey francophones et européens
de la Ligue nationale de hockey (LNH) étaient des
«mauviettes», car, selon lui, ce sont principalement
eux qui portent la visière. Des propos qui ont
soulevé l'émoi dans tout le pays et dont
on a parlé jusque sur la Colline parlementaire,
à Ottawa.
Ce commentaire controversé n'était pas
le premier du genre de Don Cherry. Lors des Jeux olympiques
de Nagano, en 1998, il avait traité les Québécois
de pleurnichards après que le skieur Jean-Luc Brassard
se fut plaint du grand nombre d'unifoliés que l'on
avait accrochés dans les quartiers canadiens du
village olympique.
L'an
dernier, il s'était excusé au peuple américain
pour les huées entendues au Centre Bell lors de
la présentation de leur hymne national. Par la
suite, il a critiqué le gouvernement canadien pour
ne pas avoir appuyé les États-Unis dans
leur guerre contre l'Irak, ce qui lui a valu une réprimande
de la CBC.
Malgré tout, Don Cherry compte de nombreux fans
même à Montréal, comme on peut le
constater lorsqu'il est au Centre Bell pour Hockey
night in Canada. Et certains hockeyeurs francophones
qui ont joué sous ses ordres alors qu'il était
entraîneur, comme par exemple René Robert
et Lucien Deblois, pensent qu'il n'a rien contre les francophones.
Qui est Don Cherry?
Don
Cherry est né à Kingston, en Ontario, en
1934. Le hockey semble avoir toujours occupé une
place importante dans sa vie. D'abord en tant que joueur,
mais en raison d'un talent limité, il ne connaîtra
pas une grande carrière de hockeyeur. Il passera
16 ans dans les ligues mineures au cours desquels il déménagera
20 fois, passant d'une équipe à l'autre.
Il ne disputera qu'un seul match dans la LNH, en 1955,
contre les Canadiens de Montréal.
Il connaîtra davantage de succès comme entraîneur.
En 1972, il est nommé entraîneur de l'année
dans la ligue américaine. En 1974, les Bruins de
Boston lui proposent de devenir leur entraîneur-chef.
Il demeurera à la barre de l'équipe pendant
cinq ans, et à ce titre, aura beaucoup de succès.
Ses
Big Bad Bruins remporteront avec lui le championnat
de division à quatre reprises. Néanmoins,
il ne réussira jamais à conduire son équipe
jusqu'aux grands honneurs. En 1979, les Bruins de Boston
affrontent les Canadiens de Montréal en demi-finale.
La série est égale. Nous sommes en fin de
troisième période et les Bruins mènent
par un but. Ils écopent alors d'une pénalité
de banc pour avoir eu trop de joueurs sur la patinoire.
Guy Lafleur crée l'égalité en supériorité
numérique, et les Canadiens gagnent le match et
éliminent les Bruins en prolongation. Don Cherry
est congédié et termine sa carrière
au Colorado, avec une équipe médiocre.
Des commentaires
controversés
Hockey
night in Canada accueille Don Cherry en 1980. En tant
que commentateur, il émettra plusieurs propos controversés,
et pas seulement envers les Québécois francophones.
Les joueurs de hockey européens font également
les frais de ses déclarations à l'emporte-pièce.
Cherry se défend d'être raciste ou xénophobe.
Il se considère avant tout comme un patriote canadien.
Lorsqu'il critique les joueurs européens dans sa
chronique, qu'il anime depuis 23 ans, c'est parce que,
dit-il, ils enlèvent du travail aux joueurs canadiens.
Cherry se fait également le défenseur du
jeu robuste dans la LNH. Pour lui, le combat est un noble
geste. Une prise de position que plusieurs jugent inacceptables
alors que la violence au hockey mineur devient de plus
en plus problématique.
Malgré
sa belle assurance, la dernière controverse soulevée
par ses commentaires sur le port de la visière
semble l'avoir ébranlé. Mais il n'a pas
l'intention de capituler. Même dans la tempête,
Don Cherry aime être le centre d'attraction. Qu'on
parle de lui en bien ou en mal, pourvu qu'on en parle!