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REPORTAGE
— 2003-12-02

VIEILLIR AVANT SON TEMPS

* Un reportage en rediffusion, suivi de l'affaire Saint-Charles- Borromée

 

 

 


 

 

 

* Non disponible

L'hôpital Saint-Charles-Borromée, à Montréal, un centre de soins de longue durée, est reconnu pour la qualité et la diversité de ses services. Or depuis une semaine, l'établissement est au centre de la tourmente, après la diffusion d'un enregistrement où l'on entend des employés manquer de respect à une résidente. Les événements se sont ensuite précipités avec le suicide du directeur général du centre, Léon Lafleur. L'équipe d'Enjeux, qui a déjà réalisé un reportage sur cet établissement, y est retournée pour rencontrer certains résidents.


Vingt-quatre heures venaient de s'écouler depuis l'annonce du suicide de Léon Lafleur.

Les couloirs de la résidence étaient vides. L'atmosphère était lourde. Dans le hall d'entrée, les gens étaient invités à signer le livre de condoléances.

Dans les chambres, des résidents étaient rivés aux bulletins de nouvelles.

 

« Il y a 200 résidents et 200 employés ici, et parfois, il peut se développer des dynamiques qui échappent à tout contrôle. [...] C'est probablement ce qui s'est passé, et ça a dérapé complètement. De là à dire que c'est généralisé, que l'ensemble des soins à Saint-Charles-Borromée se rapprochent de cette image présentée dans les 90 heures de cassette, c'est absolument impossible. » — Un résident



« [M. Lafleur était] un homme droit, très à l'écoute des résidents. Je trouve dommage qu'il n'ait pas eu de soutien quand c'est arrivé. Dans un gouvernement, quand un ministre fait une bévue, est-ce que le premier ministre doit démissionner automatiquement? C'est ce qu'on a fait ici, on a voulu la tête de M. Lafleur, pour une erreur de préposé. »
— Une résidente



« C'est sûr que parfois, il y a des malentendus, mais on arrive toujours à s'arranger. Il ne faut pas mettre dans le même bain tous les préposés quand il est question de un, deux ou trois. Il faut mettre ceux qui ont fait la "gaffe" dehors. »
— Une autre résidente

 




Des cas isolés?

Denis Desjardins est un résident de Saint-Charles-Borromée. Il n'est pas prêt à dire qu'on parle ici de cas isolés : « Ça peut être des cas isolés, mais il y a des gens qui ont peut-être aussi peur de dire ce qu'ils ont à dire. Alors il y en a qui se taisent. » Celui-ci se dit d'ailleurs en faveur d'une enquête publique.

« Il ne faut pas dire que ce sont tous les préposés, parce qu'ils sont sympathiques avec nous autres, et il se crée des liens. Et ça, les liens, c'est très important pour les résidents et le personnel », ajoute une résidente.

Tout n'est donc pas si noir, mais tout n'est pas blanc non plus. M. Desjardins, qui dit lui-même avoir vécu une histoire similaire il y a un an et demi, prétend avoir réglé son cas « à l'interne ». Après de nombreuses plaintes formulées par celui-ci, la direction lui a écrit en lui disant qu'une mesure disciplinaire allait être prise contre les employés en question, mais sans préciser laquelle.

Plusieurs s'expliquent encore mal aujourd'hui les propos de M. Lafleur, banalisant les mauvais traitements dont aurait été victime une résidente, et aussi la faiblesse de la sanction donnée aux employés.

« Il reconnaissait que, peut-être, la sanction n'avait pas été assez forte. Mais, indépendamment de ça, une décision d'équipe a été prise, et il s'est senti obligé de défendre son équipe. Je crois que c'est ça qui l'a entraîné dans une situation où, devant les caméras de télévision, il a été obligé de minimiser les événements, ce qui, d'un point de vue "médias", est mal ressorti. » - Un résident



« Je lui ai dit que je n'étais pas d'accord avec les sanctions données parce que moi, j'aurais donné, au nom des résidents, un congédiement complet. Or, il a reçu (accepté) ma critique comme quoi il avait fait un faux pas. Il avait manqué de jugement dans ses [sanctions]. »
- Une résidente

En attendant qu'on fasse la lumière sur cette histoire, les résidents de Saint-Charles-Borromée s'inquiètent de l'avenir. Ils savent que diriger un centre comme le leur est une lourde tâche.

« M. Lafleur en avait trop sur les épaules. Et comme plusieurs d'entre nous l'avons dit, il n'était probablement plus capable, il en avait trop. Il était un très, très bon directeur. » -Une résidente







L'affaire Saint-Charles-Borromée


Les proches d'une patiente, âgée de 51 ans et souffrant de traumatisme crânien, soupçonnent le personnel hospitalier de lui faire subir des mauvais traitements. Ils décident donc de cacher un magnétophone dans la chambre de celle-ci.

Les enregistrements révèlent qu'elle subissait des agressions verbales, des moqueries et des menaces de la part de certains employés. Les proches soutiennent que ces préposés ont traité la patiente d'une façon irrespectueuse et qu'ils ont tenu à son égard des propos méprisants et moqueurs.

À la suite de la plainte de la famille, deux employés, qui l'avaient terrorisée, ont été suspendus pendant trois jours. Quant à la patiente, elle a été transférée dans un autre centre.

En conférence de presse, le directeur du centre, Léon Lafleur, soutient que les employés voulaient simplement s'amuser.

À la suite de cette déclaration, le ministre de la Santé, Philippe Couillard, dit s'interroger sur les sanctions imposées aux employés fautifs. Voulant savoir s'il s'agit d'un cas isolé ou d'un problème plus répandu au sein de l'établissement, l
e ministre décide d'ouvrir une enquête sur le comportement du personnel du centre hospitalier.

En point de presse, l'avocat de la famille, Me Jean-Pierre Ménard, affirme que l'enquête commandée par le ministre de la Santé est nettement insuffisante.

Le 27 novembre, le corps du directeur de l'hôpital, Léon Lafleur, est retrouvé dans une chambre d'hôtel de Saint-Hyacinthe. Il est transporté à l'hôpital, où son décès est constaté. Une autopsie sera pratiquée.



Journaliste : Alain Gravel
Réalisateur : Léon Laflamme


Hyperliens

:: Hôpital Saint-Charles-Borromée : du scandale au drame
Article, Zone Nouvelles, 27 novembre 2003

:: Saint-Charles-Borromée : la famille parle
Reportage, Aujourd'hui, 27 novembre 2003

:: Jour de deuil à Saint-Charles-Borromée
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:: Saint-Charles-Borromée : un cas unique?
Reportage, Le Point, 26 novembre 2003

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