•Partie
3
- 4
(Les
parties 1 et 2 ne sont pas disponibles en raison de droits)
On
vient de fêter le 150e anniversaire de la création
du jean, le vêtement-culte de nombreuses générations
partout dans le monde. Le Québec, et surtout la Beauce,
est devenu au fil des ans un des plus grands producteurs
de jeans du monde. Dans la Beauce, décrite comme
le Hong-Kong du Québec, on fabrique les légendaires
Levi's, les Gap, les Lois et les Parasuco. Mais tout ça
risque de s'effondrer, mondialisation oblige...
Qui aurait dit que ce vieux pantalon, créé
il y a 150 ans pour les mineurs américains, deviendrait
un jour un vêtement-culte?
Adopté
par les hippies à l'époque du Peace
and Love, le jean est aujourd'hui un vêtement
très recherché chez les gens les plus branchés.
« Les Versace et D-Squared se vendent autour
de 400 ou 700 $. » -
Peter Simons, président, Maison Simons
Le
jean est en fait au centre de la partie d'échec qui
se joue entre pays riches et pauvres autour de la mondialisation.
Un enjeu qui représente des milliards de dollars.
À
sa façon, le Montréalais Bill Nagy
participe à la partie qui se joue. Celui-ci
a fait fortune dans le délavage
des jeans. Aujourd'hui, il voyage dans les grandes capitales
du monde, caméra à la main, pour visiter des
centaines de magasins à la recherche de nouveaux
modèles de jeans. De retour à Montréal,
ses photos se retrouvent dans les mains de ses employés,
qui doivent « créer » un produit
similaire, une réplique.
La production
«artisanale» de Bill Nagy est en fait
un pénible travail effectué en usine
à Montréal.
Et les artisans sont plutôt des
travailleurs immigrés, peu rémunérés,
qui travaillent à la chaîne et qui
n'ont rien à voir avec les Picasso des grandes
marques.
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Jamais
on aurait pu pensé qu'un simple jean pouvait être
livré à autant de manipulations : il
est traité aux jets de sable, puis vaporisé
de peinture. Il est par la suite savamment déchiré
et soigneusement sablé à la main, pour être
finalement lavé avec de la pierre ponce et envoyé
à la sécheuse.
Fabriquer
un jean de cette façon au Canada coûte
de plus en plus cher. Prenons par exemple un modèle
similaire à un Parasuco :
Le faire fabriquer ici coûte
à Bill Nagy 21 $. Il le revend aux
magasins 29,50 $, qui eux les revendent aux
consommateurs 69,99 $.
Or, lorsque Bill Nagy le fait fabriquer
en Chine, le même jean lui coûte 12,50 $.
Il le vend aux chaînes 16 $, qui elles
le revendent aux consommateurs 39,99 $.
Lorsque
les quotas disparaîtront, Bill Nagy paiera
ce jeans 7 $ au lieu de 12,50 $.
Ce n'est donc pas pour rien que celui-ci
a commencé à transférer sa
production du Canada vers la Chine, où
les salaires sont beaucoup moins élevés
qu'ici!
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Le Hong-Kong québécois du jean
C'est dans la Beauce que Bill Nagy faisait autrefois fabriquer
la totalité de ses jeans. Une région bondée
d'usines de jeans jusque dans les plus petits villages.
Même
si Andrée Busque possède son usine,
elle est l'esclave de ceux qui contrôlent le marché,
qui n'ont d'ailleurs qu'une seule loi : réduire
leur coût de production peu importe l'endroit.
Plusieurs usines de jeans de la Beauce ont cessé
leurs opérations au cours des derniers
mois. Pourtant, il n'y a pas si longtemps, les
Beaucerons s'enorgueillaient de réussir
à concurrencer l'Asie grâce aux nouvelles
technologies.
Or
avec la disparition des quotas, ce n'est plus
possible. Et ce malgré le fait que les
couturières gagnent un peu plus que le
salaire minimum.
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Dans
ce domaine, ce sont donc les détaillants qui décident
des règles du jeu. Les gros, comme Gap ou Wall Mart,
mais aussi de plus petits, comme Simons. Pour eux, c'est
l'intérêt du consommateur qui prime plutôt
que celui des travailleuses. Ce qui signifie plus de ventes,
certes, mais
de moins en moins d'emplois ici. Bref, ce
sont souvent les ouvriers et les ouvrières qui disparaissent
les premiers sur l'échiquier de la mondialisation.
Aussi
à Enjeux : (deuxième partie)
À
Montréal, lindustrie du vêtement,
plus particulièrement le secteur du t-shirt,
est aussi secouée par les effets de la mondialisation.
Le déferlement de
t-shirts
fabriqués à bon marché dans
les pays en voie de développement fait très
mal aux petits manufacturiers québécois :
les fermetures et les pertes d'emplois se multiplient.
Par contre, en Californie,
un jeune Montréalais,
Dov
Charney, est
en train de se tailler une place en contrant ce
mouvement. Celui-ci parle de néocapitalisme.
Il fabrique des t-shirts équitables.
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(Première partie)
Recherchiste : Marie-Claude Pednault
Journaliste : Alain Gravel
Réalisateur : Peter Greenwood
(Deuxième partie)
Journaliste : Esther Normand
Réalisateur : Léon Laflamme
Hyperliens
:: La
mondialisation des marchés
Dossier, Zone Nouvelles
:: Made
in Canada
Émission Zone
libre du 7 novembre 2003
:: La
filière industrielle de l'habillement au Québec :
Enjeux, tendances et perspectives de développement
Ministère du
développement économique et régional
du Québec. Document PDF.
:: Informations
sur l'industrie canadienne du vêtement
Industrie Canada
:: Vêtement
Québec
Site de l'Institut
des manufacturiers du vêtement du Québec
:: Association
des entrepreneurs en couture du Québec
:: Fédération
canadienne du vêtement
:: Les
textiles
Organisation mondiale
du commerce (OMC)
:: American
Apparel
Site de l'entreprise
de Dov Charney