Enfant, Olivier avait
tout pour être heureux. Il mordait dans la vie. Il était
curieux et voulait tout connaître. Il était en
fait un enfant surdoué.
Mais graduellement, celui qu'on surnommait « le
bolé » a été isolé
par ses compagnons de classe. En 3e secondaire,
il décide d'en finir et se tire une balle dans la tête.
Aujourd'hui
dans la vingtaine, Olivier est aveugle et vit de l'aide sociale.
« Ce
n'était jamais assez vite pour lui, il avait toujours
fini avant les autres. Pour le désennuyer, les professeurs
lui donnaient les corrections des autres à faire. »
- Lucie Molleur, mère d'Olivier.
Olivier, le mal-aimé, accumule les récompenses
et les méritas à l'école. Mais il suscite
aussi la jalousie autour de lui.
« Il
avait des sujets de discussion qui étaient trop élevés
pour des jeunes adolescents de 12-13 ans, qui n'avaient pas
nécessairement envie d'entendre parler de notions de
physique ou de chimie. »
- la mère d'Olivier.
Véronique
est l'amie d'enfance d'Olivier. Elle se souvient des insultes
qui pleuvaient sur lui en classe :
« On lui disait carrément de se fermer la
gueule quand il levait sa main pour donner des réponses. »
Pour Olivier, tout a basculé à partir de la
4e année du primaire : « Le monde
m'écurait parce que j'étais bolé,
"téteux". Quand tu te fais envoyer [chier]
ou traiter de n'importe quel nom 40 ou 50 fois par jour, mettons
qu'à la longue, c'est un peu plate! »
L'histoire
d'Olivier se répète tous les jours dans
de nombreuses écoles. Qui n'a pas un jour détesté
le premier de sa classe, chouchouté par ses
professeurs parce qu'il avait réponse à
tout?
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« Le téteux, c'est celui qui
pose des questions à l'enseignant, ou qui le rencontre
au début ou à la fin du cours. Ce qui devient
vraiment stressant pour un élève qui est curieux. »
— Ronald Tougas,
ancien professeur d'Olivier au secondaire.
Olivier encaisse secrètement et douloureusement ses
souffrances. À l'âge de 14 ans, il n'en peut
plus. Soudain, tout chavire. On ne le reconnaît plus.
Pour sa mère, il était clair que quelque chose
n'allait pas :
« Je pensais avoir le temps de faire quelque chose,
même sans savoir ce que j'aurais pu faire. Mais je n'ai
pas eu le temps. »
- Lucie Molleur, mère d'Olivier.
Puis, la cassure survient en octobre 1994. C'est un miracle
si Olivier est encore en vie aujourd'hui. Après être
sorti d'un profond coma, il a passé plusieurs mois
à l'hôpital. Il est devenu aveugle, mais ses
facultés mentales n'ont pas été touchées.
Une sorte de vengeance? « Sans doute, admet-il.
En même temps qu'une absence de moyens pour faire autrement. »
Olivier
veut sortir de son isolement, lui qui n'a qu'un 5e secondaire
et qui vit de l'aide sociale dans un petit logement de Longueuil.
Il s'accroche aujourd'hui à tout ce qui lui reste :
la musique. Il écrit et compose ses chansons.
L'histoire d'Olivier nous fait tous réfléchir
comme parents. Que doit-on dire à un enfant victime
quotidiennement d'intimidation ou de harcèlement? De
laisser faire ou de réagir? Tous s'entendent pour dire
qu'il faut au moins en parler. La question est de savoir si,
comme adultes, nous tendons assez l'oreille pour les écouter.
Journaliste :
Alain Gravel
Réalisatrice : Anne Sérode
C
I T A T I O N
« La
solitude a deux facettes. Volontaire, elle élève
et purifie. Obligatoire, elle étouffe et détruit. »
- Francine Ouellette,
romancière québécoise
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