Novembre
1992. Enjeux diffusait un reportage sur le
scandale du sang contaminé. Dix ans plus tard,
sommes-nous à labri?
Guy-Henri Godin avait préféré
à l'époque témoigner dans l'ombre.
Aujourd'hui, il est devenu LE visage canadien des hémophiles
qui ont contracté le virus du sida et l'hépatite
C en recevant du sang contaminé. Lui a survécu.
Il n'a pas développé le sida. Mais il a
vu presque tous ses amis mourir au combat.
« Parfois, je pense à eux [ses amis
hémophiles décédés].
Quand ça va mal, je leur demande de m'aider.
J'imagine qu'ils le font,
parce que je réussis à m'en sortir! »
- Guy-Henri Godin
Depuis
son premier témoignage, les rebondissements dans
le scandale du sang contaminé ne se comptent plus.
Guy-Henri Godin sait que son combat n'est
toujours pas terminé. Il n'est cependant plus habité
par la rage : ce qui compte pour lui aujourd'hui,
ce sont les années à venir. Le futur, devenu
enfin possible.
Aujourd'hui, en 2003, sommes-nous vraiment
en sécurité?
Depuis
la Commission Kraver, on a créé plusieurs
organismes, dont le Comité d'hémovigilance,
qui fait figure de chien de garde en ce qui concerne les
transfusions sanguines au Québec. « Le
grand résultat de la Commission, c'est que depuis
ce moment-là, c'est la sécurité qui
prime. Les normes, tant au niveau canadien qu'au niveau
mondial, ont été haussées par ce
qui est arrivé. » -
David Page, président
En 2003, le risque d'être
contaminé par le virus du sida par une
transfusion sanguine est à peu près
inexistant : il est de 1 sur 4 millions.
Autrement dit, il s'agit de un Québécois
contaminé tous les 10 ans.
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Hyperliens
:: Le
scandale du sang contaminé
Dossier, zone Nouvelles,
novembre 2002
:: Le
Comité d'hémovigilance
Site du ministère
de la Santé et des Services sociaux du Québec
Septembre
1998, Enjeux rencontrait
Josée Bolduc, une femme atteinte du
locked-in syndrome. Un véritable
choc. Emmurée dans son corps, Josée demeure
toujours la même dans sa tête.
Le locked-in
syndrome
* Ni maladie évolutive
ni état végétatif, le locked-in
syndrome (LIS) est un état neurologique rare.
* Le LIS est consécutif, la plupart du temps,
à un accident vasculaire ou à un traumatisme
détruisant le tronc cérébral,
véritable noeud de communication entre le
cerveau et la motricité.
* Après une phase de coma plus ou moins longue,
le LIS se traduit par :
- une paralysie complète.
Tout mouvement est impossible, excepté le
clignement des paupières;
- une incapacité de parler. D'où la
nécessité, pour communiquer, d'un
code fondé sur le regard;
- un état de conscience et des facultés
intellectuelles parfaitement intactes.
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Un accident d'automobile est à l'origine de sa
maladie. Au moment de préparer le reportage, elle
vivait un autre drame, tout aussi éprouvant :
son conjoint Michel avait décidé de la quitter.
Josée
a dû réapprendre à vivre seule, même
avec son handicap. Son état ne s'est que très
légèrement amélioré depuis
son accident. Son cas nécessite toujours une dizaine
de personnes, qui se relaient auprès d'elle 24 heures
sur 24, 7 jours par semaine. « C'est
ce qu'il y a de plus difficile : de m'adapter tout
le temps à du nouveau monde! »
- Josée
Le
moral de Josée tient bon; là-dessus, elle
n'a pas vraiment changé. Elle compte son avenir
en minutes et en secondes, en remerciant le ciel d'être
toujours en vie, malgré son handicap.
« Pour
moi, je ne me bats pas :
je survis et je n'ai pas le choix. »
- Josée
Hyperlien
:: Association
du locked-in syndrome
Novembre
2001, des enfants qui ont vécu la guerre
nous racontaient leur histoire. Seana, Bosniaque,
était l'une d'entre eux. Avec le réalisateur
Peter Ingles, nous l'avions suivie à Sarajevo,
où elle tentait de se réconcilier avec son
passé et de répondre à cette question :
pourquoi la guerre? Récemment, nous l'avons rencontrée
à nouveau.
Seana
a entamé des études en sciences politiques
et en histoire à l'Université McGill de
Montréal, à l'automne 2003. « Je
pense que ça a beaucoup à voir avec mon
expérience de la guerre : je continue à
chercher ces réponses : pourquoi la guerre
a eu lieu? C'est quelque chose qui demeure inexplicable
pour moi. »
Seana n'a pas encore fait la paix avec son
passé. La douleur est toujours là, bien
présente. « C'est une blessure qui
nous marque pour la vie. Souvent, je me sens très
déçue, trahie par le monde entier. »
La
récente guerre en Irak a beaucoup troublé
Seana. Elle a beaucoup de difficulté de se faire
à l'idée que d'autres enfants vivent ce
qu'elle a vécu. « Je me souviens
des images d'un enfant à l'hôpital, en Irak.
J'ai dit "merde", j'ai fermé la télévision
et je me suis dit : Vous m'avez encore trahie.
C'est inacceptable pour moi que les enfants soient victimes,
peu importe la raison. »
Dautres sujets abordés
lors de cette émission spéciale :
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« Les transsexuels de lîle
Yale », ou lhistoire de Sylvia
et de son amie Cynthia, qui avaient fait le choix
de devenir des femmes envers et contre tous. Leur
chirurgie a-t-elle été le remède
à tous leurs problèmes?
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« Les bébés miracles devenus
grands ». La suite de l'histoire de
Tommy, né après seulement 24 semaines
de gestation, et qui ne pesait que 845 g à
sa naissance. Comme plusieurs très grands prématurés,
Tommy est atteint de paralysie cérébrale.
Qu'est devenu le petit Tommy, aujourdhui âgé
de huit ans?
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« La porphyrie ou le mal du vampire ».
Enjeux avait rencontré à
ce sujet M. François Michaud, atteint de
la porphyrie, une maladie très rare qui entraîne
une hypersensibilité à différentes
choses, comme les rayons ultraviolets du soleil
ou certains produits chimiques. Dans ce reportage,
on apprenait que cette maladie est incurable et
très difficile à diagnostiquer.
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Et bien plus!
Journalistes :
Alain Gravel, Sylvie Fournier, Marie-Claude Pednault
Réalisateur : Benoît Roy